Attention aux dividendes défensifs, selon Daniel Bubis

Dans cette catégorie à dividendes défensive, il inclut les sociétés d’oléoducs, de services publics, de télécommunications et de consommation de base. Les investisseurs sont à la recherche de ces actions en raison de leur rendement en dividendes et pour la valeur-refuge qu’elles représentent, dit M. Bubis, gestionnaire axé sur la valeur.

La hausse des taux d’intérêt représente un obstacle pour ces « substituts d’obligations ». Ces sociétés ont une « faible sensibilité économique ou exposition à l’extérieur du Canada ».

Pour ce qui est de la conjoncture des taux d’intérêt, M. Bubis dit que la baisse des taux d’intérêt, qui a duré 31 ans, a pris fin en 2012. « Je ne pense pas que les taux d’intérêts monteront en flèche, mais la tendance est à la hausse. »

Contrairement à ces titres à dividendes défensifs, les banques et les assureurs canadiens ne se sont pas vu attribuer le statut de « substitut d’obligations par les investisseurs, et ce à juste titre », dit M. Bubis.

Ces sociétés financières comportent plusieurs secteurs d’activités, y compris leur division de gestion du patrimoine en expansion. « Ils profitent de la hausse des taux d’intérêt, de la reprise des marchés boursiers et, dans le cas de celles qui ont une grande présence internationale, de la faiblesse du dollar canadien. »

M. Bubis dit qu’il a augmenté de manière « sélective et opportuniste » sa participation aux principaux avoirs bancaires et à un assureur au Canada.

À plus court terme, les assureurs devraient profiter davantage de la reprise des marchés boursiers et de la hausse des taux d’intérêt que les banques, dit-il. Par ailleurs, la croissance des prêts à la consommation et des prêts hypothécaires octroyés par les banques canadiennes a été entravée par le ralentissement du marché de l’habitation canadien et par l’endettement croissant du consommateur canadien. « Mais les banques continuent de produire des dividendes stables et de représenter un avoir de base au sein d’un portefeuille d’actions canadiennes. »

À la fin du mois de janvier, Tetrem gérait un actif de 5,4 G$, Placements CI étant l’un de ses principaux clients. Au sommet de sa liste de mandats se trouve le Fonds de placements canadiens CI et la Catégorie de société de placements canadiens CI . Ces fonds comptaient un actif géré de 2,3 G$ et de 994 M$, respectivement.

Les deux fonds investissent à l’étranger. À la fin du mois de janvier, ils investissaient 65 % au Canada, 21,9 % aux États-Unis, et les 13,1 % restants en Europe, au Japon et ailleurs.

 

« Nous avions rehaussé le contenu étranger de nos portefeuilles canadiens avant 2013 », dit M. Bubis. Cette pondération a augmenté à 38 % en 2013, et les titres étrangers ont largement surclassé les avoirs canadiens. M. Bubis souligne que « toutes les pondérations régionales se sont bien comportées, les avoirs canadiens surclassant largement l’Indice composé S&P/TSX. »

À la fin du mois de septembre, l’équipe de Tetrem a commencé à déplacer de l’argent du portefeuille international en direction des titres canadiens en général. « Ce fut une décision de répartition du portefeuille, et elle a fait baisser le contenu étranger à 35 %.

« Cette stratégie se poursuivra sans doute, dit-il, « de manière à ramener le contenu étranger à notre plafond historique maximum de 30 %. » L’équipe a également introduit des remaniements stratégiques à sa stratégie de couverture du contenu américain du fonds afin de profiter de la vigueur du dollar américain.

M. Bubis et son équipe ciblent les titres qui se négocient au-dessous de l’estimation de Tetrem de leur juste valeur. « Nous sommes parfois anticonformistes et sans aucun doute opportunistes. »

Les avoirs financiers constituaient 28,4 % du portefeuille à la fin de janvier, et ses avoirs principaux étaient la Banque Toronto-Dominion, la plus forte pondération sur l’ensemble du portefeuille, la Banque Royale du Canada et la Banque Canadienne Impériale de Commerce, qui font partie des 10 titres principaux. Un autre grand avoir financier en portefeuille est la Financière Manuvie.

M. Bubis dit que l’action de TD « se négocie à prime et l’équipe n’y a pas étoffé sa participation, mais elle a profité d’une occasion en 2013 pour augmenter sa participation à la Banque Royale du Canada ».

L’équipe de Tetrem a également tiré parti de la faiblesse de l’action de CIBC pour y augmenter sa pondération. L’action de CIBC se négocie à un rabais par rapport à ses homologues, pourtant la banque affiche un rendement sur capitaux propres supérieur à la moyenne, dit M. Bubis.

Plus tôt l’année dernière, l’action a subi des pressions en raison des incertitudes entourant l’avenir du programme de cartes de crédit Aéroplan après l’entrée de TD dans la même arène. « Plus tard en 2013, un compromis a été atteint à ce sujet, CIBC et TD émettant toutes deux ces cartes de crédit de fidélisation. »

La récente réapparition des inquiétudes portant sur la santé des marchés émergents a exercé des pressions sur les actions de la Banque Scotia, dit M. Bubis. La banque a multiplié ses activités en Amérique du Sud, et c’est la plus exposée à ces marchés parmi ses homologues. « En bons anticonformistes, nous avons profité de cette faiblesse pour augmenter notre pondération à la Banque Scotia, l’action ayant été mal cotée. »

En moyenne, M. Bubis dit que les grandes banques canadiennes se négocient à un ratio de 10 à 12 fois les estimations de leur bénéfice par action pour les 12 prochains mois, et versent un dividende de 3,5 à 4,5 %.

Pour ce qui est de la Manuvie, M. Bubis dit que le pire des déboires rencontrés pendant la crise financière mondiale est passé et que la conjoncture est favorable aux assureurs. « Nous avons rehaussé notre participation à cet avoir. »

À la fin du mois de janvier, les titres énergétiques constituaient 17,8 % du portefeuille et représentaient la deuxième plus forte pondération sectorielle. Les deux plus importants avoirs énergétiques sont Suncor Énergie et Canadian Natural Resources.

Cette dernière société, dit M. Bubis, achète les actifs canadiens conventionnels de la société américaine Devon Energy Corp. « Ces actifs majoritairement gaziers sont à proximité des terrains et des installations existantes de CNQ. »

La direction de CNQ « gère extrêmement bien ses capitaux ». Au cours des quelques dernières années, la compagnie a été pessimiste sur le gaz naturel, dit-il. « Cette acquisition est bon signe pour les perspectives du gaz naturel, qui a vu son prix grimper suite à un hiver rude et à des inventaires faibles. »

Dans ce secteur, le portefeuille investit aussi dans plusieurs chefs de file de l’industrie des services énergétiques, « qui devraient profiter de la reprise des activités de forage au Canada, aux États-Unis et à l’échelle internationale ».

Cela inclut Precision Drilling Corp. et Trican Well Service Ltd. Precision est en train d’accroître sa part de marché, dit M. Bubis, et profite de pouvoir d’établissement des prix. « Trican USA a eu des difficultés, mais est en train de se reprendre, et la compagnie a nommé un nouveau président, un expert chevronné en la matière, pour prendre les rênes de cette division. »

Le portefeuille investit dans l’une des plus grandes compagnies mondiales de services énergétiques, Schlumberger Ltd. « Cette société de qualité supérieure possède un énorme budget de recherche et de développement qui dépasse largement celui d’autres sociétés de services pétroliers, dit M. Bubis. Schlumberger a de l’avance dans les nouvelles technologies. »

Fidèle à son point de vue selon lequel « les substituts d’obligations sont onéreux », M. Bubis a vendu le restant de sa participation à la société d’oléoducs canadienne Enbridge Inc., qui fait aussi partie du secteur énergétique.

Dans le secteur de la consommation de base, l’équipe a vendu une « petite participation » à Maple Leaf Foods Inc. Maple Leaf a récemment annoncé une entente visant à vendre sa participation de 90 % à Canada Bread Co. Ltd. à la compagnie mexicaine Grupo Bimbo. « C’était l’élément déclencheur que nous attendions avec Maple Leaf Foods, dit M. Bubis. Tout se déroule à merveille. »

Photo Bloomberg