Travaillant au bureau de BlackRock à San Francisco, madame Oster a la responsabilité de l’élaboration de modèles tactiques nationaux, sectoriels et d’affectation d’actifs pour les appliquer aux FNB iShares. Au titre de cette approche macroéconomique mondiale, Nelli Oster collabore avec les quelque 170 spécialistes du placement de BlackRock dans le monde. Elle travaille au sein d’une équipe de 15 analystes quantitatifs, dont neuf ont des doctorats.
Née à Helsinki, Nelli Oster a obtenu un baccalauréat en gestion de la London School of Economics. Également à Londres, elle a travaillé dans les fusions et acquisitions à Salomon Smith Barney, et dans la recherche sur les actions à Goldman Sachs.
Cette expérience de l’industrie du placement marquait un désir de comprendre la prise de décisions. Auparavant, dans son premier cycle d’études, Nelli Oster avait suivi un cours d’analyse des décisions. Cette fois-ci, ses intérêts l’ont poussée sur la voie des études de doctorat à Stanford, à San Francisco.
« Lorsque j’ai vu comment les marchés se comportaient, je suis devenue très intéressée par la manière dont on pouvait en fait combiner deux facteurs : comment les gens se comportent dans la vie réelle, et certaines théories sur la tarification des actifs et certains aspects plus rationnels du travail, dit Nelli Oster. Retourner aux études universitaires m’a permis de m’investir plus profondément dans ces thèmes. » En plus de ses études à Stanford, elle a passé du temps à étudier auprès des spécialistes universitaires de finance comportementale à l’Université Yale.
Après avoir obtenu son doctorat en 2008, madame Oster est entrée à Barclays Global Investors, où elle s’est occupée de recherches et de gestion de portefeuilles pour l’entreprise de sélection quantitative d’actions de la firme. (BGI a fusionné avec BlackRock en 2009.)
Dépassant le cadre universitaire, Nelli Oster voit des leçons tangibles pour les investisseurs dans les principes essentiels de la finance comportementale. Par exemple, malgré la conviction courante que les investisseurs sont capables de traiter l’information de façon efficiente et impartiale, en réalité, même les experts les mieux formés sont enclins à s’éloigner du rationnel quand ils prennent des décisions. Les conclusions qui se fondent sur des principes de tous les jours, dits « heuristiques » dans la théorie universitaire, peuvent en fait conduire à de mauvaises décisions, explique-t-elle.
Utilisant des informations fournies par la psychologie comportementale, madame Oster a identifié quelques faux pas très communs chez les investisseurs, qui sapent souvent leur succès. Le bulletin de perspectives boursières publié récemment par iShares, Breaking Bad Behaviors — Understanding Investing Biases and How to Overcome Them, écrit par Nelli Oster et son collègue Russ Koesterich, stratège principal des placements de BlackRock et stratège principal des placements mondiaux pour iShares, a examiné ces questions.
Les comportements potentiellement néfastes au succès des placements à long terme sont notamment le sous-investissement dans certains types d’actifs. Nelli Oster énumère plusieurs raisons qui poussent les investisseurs à reculer devant des catégories d’actifs plus risquées comme les actions et les titres étrangers.
« C’est sans doute parce que les gens connaissent mal les bienfaits de la diversification, ou parce qu’ils ont tendance à s’en tenir à des actifs qu’ils connaissent bien, dit-elle. On choisit des sociétés ou des actifs de son propre pays dont on reconnaît le nom. »
Une prédisposition qui y est liée est d’acheter des participations aux sociétés qui ont récemment fait les manchettes ou d’acheter des actions qui se sont bien comportées. Les gens ont tendance à investir dans ces noms bien connus, « même s’il y a en fait peu de preuves que cela puisse prédire les rendements futurs », dit Mme Oster.
De plus, une peur extrême des pertes boursières peut dissuader un investisseur d’investir dans des actifs plus risqués et peut en inciter plusieurs à se tenir à l’écart trop longtemps, selon elle. « Les pertes sont plus douloureuses : certaines études estiment que la souffrance causée par une perte est environ deux fois plus intense que le bonheur que procure un gain. »
Cette aversion se manifeste aussi dans une autre habitude potentiellement dommageable. « Les gens tendent à vendre des actifs qui se sont bien comportés plutôt que ceux qui ont perdu de la valeur et pourraient en fait procurer un avantage fiscal par des pertes en capital », dit Nelli Oster.
Enfin, dit Nelli Oster, effectuer des transactions excessives est un comportement commun chez les investisseurs qui s’est avéré éroder les rendements de leurs placements. « Souvent, les gens démontrent un excès de confiance à un degré ou à un autre », dit-elle, ajoutant que, de façon intéressante, les hommes y sont plus enclins que les femmes.
Bien que madame Oster apporte au processus de placement une perspective alimentée par des théories universitaires, la méthodologie qu’elle supervise se fonde carrément sur les données fondamentales. « Nous exécutons un modèle systématique tous les soirs, ce qui fait que nous voyons tous les jours les prévisions de rendements de type alpha. »
Dans l’analyse des actions mondiales, par exemple, les opinions nationales et sectorielles se fondent sur une analyse des évaluations, des perspectives de croissance, de la rentabilité du secteur des sociétés et du risque par rapport au sentiment. « Lorsque nous nous prononçons sur les pondérations de ces différents facteurs, nous examinons comment le marché les a tarifés dans le temps sur différents segments comme les pays, et décidons donc quelle pondération ils devraient avoir aujourd’hui, dit Nelli Oster. Le coeur de notre technologie est en réalité d’examiner ce que le marché a incorporé et où nous voyons d’autres occasions de placement. Nous essayons de réagir au marché quand nous pensons qu’il est trop optimiste ou qu’il ne tient pas pleinement compte de certains facteurs. »
En même temps, comprendre ce qui suscite les faux pas possibles d’un investisseur n’est pas une formule permettant de savoir comment les marchés vont se comporter. « Il y a une différence entre dire que nous, en tant qu’individus, pouvons montrer certains de ces penchants, et qu’il y aura une réaction boursière, bonne ou mauvaise, totalement prévisible. Ça, c’est beaucoup plus difficile », dit Nelli Oster.