
En investissant 597 millions de dollars (M$) dans l’acquisition de RF Capital Group, qui détient la bannière pancanadienne Patrimoine Richardson (PR), iA Société financière (iA) se propulse au premier rang des gestionnaires de patrimoine qui opèrent hors du réseau des grandes banques.
« Au Canada, 90 % de la gestion de patrimoine se retrouve dans les banques, constate Stéphan Bourbonnais, vice-président exécutif, gestion de patrimoine, chez iA. Passer à 175 milliards de dollars (G$) en actifs sous gestion va faire d’iA le principal joueur dans le secteur non bancaire au Canada. C’est la plus grosse transaction qu’iA ait faite en gestion de patrimoine. Je prends une certaine satisfaction personnelle d’avoir aidé à constituer un tel fleuron québécois. »
Peu de conseillers, beaucoup d’actifs acquis
Avant cette acquisition, avec un actif sous gestion (ASG) de 135 G$, iA occupait déjà le deuxième rang au pays des gestionnaires de patrimoine derrière Aviso Wealth (ASG de 146 G$). Grâce aux 40 G$ d’ASG de PR, elle prend désormais la tête du secteur.
Par ailleurs, l’intégration de 189 conseillers spécialisés dans la gestion des avoirs de clients fortunés, répartis sur 143 équipes et 23 bureaux, porte à 2 750 le nombre total de conseillers d’iA à travers le Canada. (Tous les chiffres sont tirés d’un document interne d’iA.)
Au Québec, PR dispose de deux bureaux, à Montréal et à Pointe-Claire. L’ajout de ses 28 conseillers porte à 900 le nombre de professionnels d’iA dans la province, tout en contribuant à hauteur de 4,0 G$ en ASG.
Comme on peut s’y attendre, c’est en Ontario que l’apport est le plus significatif, avec l’ajout de
71 conseillers. Cette expansion fait grimper le nombre total de professionnels à 1 000 et permet de gonfler l’ASG de 16 G$ pour le faire passer à 71 G$. L’ASG moyen par équipe s’élève à 270 M$.
Indépendance et distinction
Autant iA que RF Capital Group soulignent que PR conservera son indépendance. « Nous prévoyons que la transaction permette aux conseillers de maintenir la culture et l’indépendance propres à Patrimoine Richardson, tout en bénéficiant d’une plateforme améliorée et de nouvelles opportunités de croissance », précise Dave Kelly, président et chef de la direction de RF Capital Group, via un échange de courriels avec Finance et Investissement.
Cette indépendance prend la forme d’une architecture de produits ouverte, permettant aux conseillers d’accéder à une gamme complète de solutions pour répondre aux besoins de leurs clients. Elle se traduit aussi par une totale liberté dans les choix de planification stratégique et le développement des pratiques des conseillers. Le seul changement, insiste Dave Kelly, « est une affaire d’échelle : meilleurs prix, distribution accrue, infrastructure technologique plus robuste pour appuyer un conseil indépendant ».
Un troisième modèle d’affaires pour iA
En réalité, PR « nous apporte un modèle d’affaires qui nous manquait », affirme Stéphan Bourbonnais. Jusqu’ici, iA faisait affaires sous deux modèles distincts :
- d’un côté, iA Investia, une plateforme dédiée aux fonds communs de placement et aux fonds négociés en Bourse ;
- de l’autre, iA Gestion privée de patrimoine, une plateforme de courtage de plein exercice.
Avec Richardson, iA intègre une image de marque forte, spécialisée dans la gestion de fortune, et une gamme de services allant de la planification financière à la planification successorale.
iA juge que ces trois modèles d’affaires complémentaires renforceront son attrait auprès de recrues potentielles et accélérera la croissance de son réseau de conseillers. Elle compte aussi sur des gains de synergie « entre trois plateformes à architecture ouverte, tant en gestion de patrimoine qu’en marchés des capitaux, assurance et services conseil », souligne Stéphan Bourbonnais.
Un nom préservé pour 30 mois
Un détail intrigue : iA pourra conserver le nom de Patrimoine Richardson pour une période de 30 mois seulement, alors qu’iA aurait voulu le conserver « pour sa valeur et sa reconnaissance », confie Stéphan Bourbonnais. Faut-il anticiper que Patrimoine Richardson est appelé à être éventuellement absorbé, par exemple, dans iA Gestion privée de patrimoine. Stéphan Bourbonnais s’en défend bien : « On veut garder la distinction [de ce réseau]. Donc, un nouveau nom est appelé à émerger. » Ce nom sera déterminé avec l’aide des employés même de Richardson.
Outre l’avantage opérationnel que la taille d’iA offre à PR, l’acquisition s’accompagne d’une foule d’apports, notamment en expertise économique, en conformité, et surtout en technologie. « La technologie est un défi pour tout le monde dans l’industrie, reconnaît Stéphan Bourbonnais. Il y a des systèmes qu’on a développés pour une de nos lignes d’affaires et dont Richardson voulait disposer. Nous leur offrons ainsi la possibilité d’accélérer leur développement. » Ainsi, pour trois projets que PR envisage, il pourrait utiliser des environnements de travail déjà développés par iA. « Et la beauté de l’affaire, c’est qu’aucune conversion de données n’est nécessaire, lance Stéphan Bourbonnais. On garde les informations telles quelles avec les systèmes actuels. »
Selon Dave Kelly, la réaction de la part de tous les joueurs du côté de RF Capital Group et de PR est « démesurément positive ». On peut croire que cette perception se poursuivra si on en juge par la feuille de route d’iA dans son acquisition de Valeur mobilières Banque Laurentienne en août 2024. « Un franc succès ! » lance Stéphan Bourbonnais, avec une rétention de 100 % des conseillers, répartis dans une vingtaine d’équipes, qui ont été absorbés dans le modèle d’iA Gestion privée de patrimoine. Ils sont excessivement satisfaits du support et des technologies. »
À présent, l’achat de PR ne constitue pas une « acquisition », soutient Stéphane Bourbonnais, mais une « élévation ».