Un regroupement d’associations américaines fait pression sur les régulateurs bancaires pour qu’ils assouplissent davantage les exigences réglementaires en matière de capital ; une tendance déjà en cours et qui devrait influencer le secteur bancaire américain au cours de la prochaine année.
Dans une déclaration commune, des lobbyistes issus d’un large éventail de secteurs, notamment la finance, l’immobilier et l’agriculture, ont soutenu que les autorités prudentielles devraient revoir les exigences de capital imposées aux grandes banques. Parmi les groupes signataires figurent la U.S. Securities Industry and Financial Markets Association (SIFMA), la Futures Industry Association, l’International Swaps and Derivatives Association, ainsi que la U.S. Chamber of Commerce.
Ils affirment que les exigences renforcées adoptées après la crise financière mondiale, les règles dites de Bâle III, freinent la croissance économique, et que les assouplir stimulerait l’activité.
« En particulier, des ajustements de bon sens au Basel III endgame, à la surtaxe [pour les banques d’importance systémique mondiale], aux tests de résistance et aux exigences de levier amélioreront l’accès au crédit et réduiront les coûts des biens et services pour les entreprises et les consommateurs américains, permettant ainsi à l’économie américaine de continuer à prospérer », ont-ils déclaré.
Cet appel récent à un affaiblissement de la réglementation bancaire survient alors qu’un virage est déjà en cours.
Dans un rapport récent, Fitch Ratings a révisé ses perspectives pour la réglementation bancaire mondiale, les faisant passer de « neutres » à « plus souples », évoquant un changement de cap des décideurs, qui privilégieraient désormais la croissance plutôt que la sécurité.
L’agence de notation souligne que cette révision « repose principalement sur notre point de vue selon lequel la réglementation revient d’une priorité absolue à la prudence vers un agenda de déréglementation axé sur la croissance, particulièrement aux États-Unis, mais aussi dans d’autres pays développés… »
L’agence indique d’ailleurs qu’elle s’attend à ce que 2026 soit une année décisive pour la mise en œuvre de Bâle III aux États-Unis.
« Nous nous attendons à une accélération de la déréglementation, à l’élimination du gold-plating sur les règles de fin de partie de Bâle III, ainsi qu’à l’introduction de réformes favorables à l’industrie concernant les coussins de capital et les exigences de levier », indique-t-elle, en plus des efforts récents visant à assouplir les tests de résistance et les normes de levier.
De plus, Fitch Ratings estime que des exigences de capital plus souples aux États-Unis devraient permettre aux banques d’être plus compétitives face aux fournisseurs de crédit privés.
« Même si cela peut contribuer à ralentir le transfert du risque de crédit vers le secteur privé, le niveau de capital disponible à l’échelle du système pour absorber les pertes de crédit diminuera », note l’agence.