Une voyante, on voit juste les mains et la boule de crystal.
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Les investisseurs devraient garder le marché obligataire mondial à l’œil, selon le Financial Post. Celui-ci serait ainsi de plus en plus perturbé et pourrait même être le vecteur de la prochaine phase d’instabilité financière, avance le quotidien. En effet, les marchés de la dette souveraine laissent entrevoir des signes de faiblesse.

Le Japon prit dans la tempête

Le rendement des obligations d’État japonaises à 30 ans et celui des obligations à 40 ans ont atteint des niveaux record de 3,14 % et 3,6 % respectivement il y a peu, révélant ainsi les inquiétudes des investisseurs quant à la stabilité budgétaire du pays. Les investisseurs semblent ainsi incertains quant à la capacité du Japon à maîtriser sa dette sans perturber les marchés.

La Banque du Japon doit maintenant trancher entre relever ses taux pour soutenir le yen ou contenir l’inflation et ainsi faire grimper le coût du service de la dette, qui pourrait dépasser les 30 000 milliards de yens (environ 289 milliards de dollars canadiens) dès l’exercice 2025. Toutefois maintenir les taux bas pourrait encore entamer la confiance des investisseurs, déjà en repli sur les obligations d’État japonaises à long terme.

Bien que le Japon semble bien loin, ce contexte pourrait déclencher un raz-de-marée mondial, car le Japon est le premier créancier étranger des États-Unis. Il possède ainsi près de 1 130 milliards de dollars en bons du Trésor américain. À noter que les institutions japonaises ont déjà vendu pour 119,3 milliards de dollars de ces titres en un seul trimestre — la plus forte baisse depuis 2012.

Et un désengagement soutenu pourrait entraîner des conséquences internationales.

Les États-Unis déjà impactés

Cette situation n’est déjà pas sans effet du côté américain. Les adjudications d’obligations du Trésor montrent des signes de tension. Récemment, une émission de 16 milliards de dollars d’obligations à 20 ans n’a pas atteint les demandes escomptées, entraînant une hausse des rendements.

Le rendement des bons du Trésor à 30 ans a dépassé les 5 %, signe d’inquiétudes liées à l’augmentation des déficits et à la capacité d’emprunt à long terme. Résultat, Moody’s Ratings a baissé la note de la dette souveraine américaine, renforçant la méfiance des investisseurs.

Sans compter l’incertitude de la politique monétaire de la Réserve fédérale et l’instabilité budgétaire croissante. Deux facteurs qui ont également contribué à l’augmentation des primes de risque pour les bons du Trésor américain à long terme.

Si la confiance envers la dette publique américaine continue de s’étioler de la sorte, les coûts d’emprunt pourraient encore grimper aggravant les déséquilibres budgétaires du pays.

Malgré la situation, les gouvernements refusent de réduire leurs dépenses. Les États-Unis sont en tête de liste pour ce qui est des dépenses déficitaires, avec un déficit équivalent à 6,4 % du PIB en 2024, selon le Congressional Budget Office. En comparaison, le ratio déficit/PIB du Canada était de 2 %, selon la déclaration économique d’automne 2024 du gouvernement.

Et plusieurs pays pourraient se servir de l’instabilité commerciale actuelle — à laquelle l’administration Trump n’est pas étrangère — comme alibi pour prolonger leurs politiques déficitaires, accentuant encore la pression sur des marchés obligataires déjà sous tension.

Du côté des investisseurs

Les marchés obligataires semblent presser les gouvernements à prendre des mesures contre leurs déséquilibres déficitaires, mais les politiciens font la sourde oreille. Le Financial Post encourage les investisseurs en titres à revenu fixe à s’adapter au paysage financier avant qu’il continue de se transformer. L’inaction devient particulièrement risquée, souligne le journal.

La remontée des taux à long terme entraîne une baisse des prix obligataires questionnant le portefeuille traditionnel 60/40. Cela ne veut toutefois pas dire qu’il est bon de tout miser sur les actions. Le quotidien souligne que dans un monde où les gouvernements pourraient utiliser l’inflation comme un moyen discret d’éroder la valeur réelle de leur dette, les actifs réels, comme les matières premières, apparaissent comme un rempart potentiel contre la perte de pouvoir d’achat. Pourquoi ne pas envisager non plus les obligations structurées ?

Comme d’habitude, la diversification reste la clé. Il est essentiel de combiner intelligemment titres à revenu fixe, actifs réels, instruments structurés et actions soigneusement sélectionnées peut permettre de naviguer avec résilience dans un environnement volatil.