Des défenseurs des droits de la personne ont critiqué le plus grand fonds de pension du Canada pour avoir renoncé à son engagement de carboneutralité, trois ans seulement après l’avoir annoncé. De son côté, l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) affirme que ce retrait ne remet pas en question son approche en matière de développement durable.
L’OIRPC, qui gère 714,4 milliards de dollars (G$) au nom d’environ 22 millions de Canadiens, a annoncé pour la première fois en 2022 qu’il s’engageait à réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre dans tous les domaines d’ici à 2050.
Elle a maintenant abandonné cet objectif, qui s’appliquait à son portefeuille et à ses opérations, citant les développements juridiques comme l’un des moteurs de sa décision.
« Les développements juridiques ne sont qu’une des variables que nous avons prises en compte », affirme Michel Leduc, directeur général principal des affaires publiques et de la communication de CPP Investments, dans une déclaration envoyée par courriel à Investment Executive. « En réalité, nous n’avons pas modifié notre approche du climat dans la manière dont nous investissons — il s’agit plutôt d’une question de cohérence et d’homogénéité. »
« La pression est de plus en plus forte pour adopter des objectifs intermédiaires, dont beaucoup ne reflètent pas la complexité des portefeuilles d’investissement mondiaux comme le nôtre ou ne font pas la différence entre le contrôle qu’une société d’exploitation exerce sur ses actifs et l’influence limitée que les investisseurs exercent sur la stratégie de leurs sociétés d’investissement. »
Dans une déclaration, le groupe d’actionnaires activistes Shift Action for Pension Wealth and Planet Health a critiqué cette décision.
« En revenant sur sa promesse d’investir conformément à son engagement d’atteindre un taux net de zéro d’ici 2050, la direction de l’OIRPC a manqué à son objectif le plus fondamental : gérer de manière responsable l’épargne collective à long terme des travailleurs et des retraités canadiens », peut-on lire dans la déclaration.
Shift Action for Pension Wealth and Planet Health ajoute que cette décision a un impact négatif sur les travailleurs canadiens âgés de moins de 40 ans, qui ne pourront recevoir leurs prestations du RPC qu’après 2050.
« Dans quel monde les Canadiens sont-ils censés prendre leur retraite ? Comment l’OIRPC pourrait-il maintenir les prestations dans un monde où le climat s’effondre ? »
Michel Leduc a toutefois déclaré que la durabilité resterait intégrée à la stratégie d’investissement du fonds de pension.
« Nous continuons d’attendre des processus de diligence raisonnable en matière d’investissement qu’ils identifient les facteurs matériels de durabilité, y compris ceux liés au changement climatique, et qu’ils intègrent les résultats dans les décisions d’investissement et la gestion continue des actifs », soutient-il.
Les organismes canadiens de réglementation des valeurs mobilières et les institutions financières ont également revu à la baisse leurs engagements en matière de développement durable au cours des dernières semaines, invoquant à la fois la nécessité de rester compétitif et les changements réglementaires, notamment les modifications apportées à la loi canadienne sur la concurrence.