Un homme d'affaire assis sur un sablier.
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Les marchés commencent lentement à se remettre des lourdes pertes subies le mois dernier. Toutefois, les économies ont changé d’aspects, rendant plus complexe la sélection d’actions, selon les dires de James Thai, directeur général, gestionnaire de portefeuille, Actions, Stratégie disciplinée auprès de la firme torontoise BMO Gestion mondiale d’actifs, à Morningstar.

Aucune crise ne peut réellement se comparer à la crise actuelle, car nous n’avions jamais connu d’arrêt complet de l’économie en moins de quatre semaines, note l’expert. De plus, alors qu’avant le maximum de demandes de chômage dans un court laps de temps était de 300 000, depuis le 16 mars, près d’un million de Canadiens ont fait des demandes, ce qui prouve que la crise est plus profonde qu’en 2008. La rapidité et la sévérité de la correction montrent la particularité de cette crise.

Pour cette raison, « il est difficile de prévoir avec certitude si ce sera à long ou à court terme, mais avec l’ampleur du changement intervenu dans l’économie, il faudra à cette dernière un peu plus longtemps pour qu’elle rebondisse, commente-t-il. Je ne m’attends pas à ce qu’on retourne après quelques mois où l’on se trouvait à la fin de l’année dernière. Il faudra plus de temps. »

Les marchés sont les meilleurs indicateurs de l’économie et vu qu’ils ont connu un rebond de 20 % par rapport à leur creux, nombre d’observateurs estiment qu’en 2021 la situation sera rétablie. James Thai pense la même chose, mais s’attend à de la volatilité à court terme, surtout lorsque les entreprises publieront leurs résultats du deuxième trimestre, qui révèlera l’impact réel de la dépression économique. « Ces chiffres ne seront pas bons, c’est certain », commente-t-il.

Même si les gouvernements ont agi rapidement et mis en place de nombreuses mesures pour aider les particuliers et les entreprises à résister au choc, il est difficile de savoir si cela suffira. Mais « elles ont permis d’éliminer l’éventualité d’une dépression économique à long terme », dit toutefois James Thai, qui approuve la rapidité d’action du gouvernement. Contrairement à 2008, « les mécanismes et l’expérience acquise au cours de la crise économique ont permis aux gouvernements de réagir beaucoup plus vite en débloquant de grandes quantités d’argent », ajoute-t-il.

Le moment d’acheter

Pour ce qui est des actions, les évaluations actuelles sont particulièrement attrayantes à condition de penser à long terme. « Si l’on regarde des mesures comme le ratio cours/bénéfices, il est évident que les cours ont chuté spectaculairement. La grande question est : les bénéfices ont-ils chuté plus ou moins dans les mêmes proportions? Cela ne sera pas clair jusqu’à ce que le deuxième trimestre soit derrière nous. Mais ce que le marché regarde, ce sont les bénéfices de 2021 », affirme James Thai.

Le marché semble s’attendre à un rebond dès que les choses seront revenues à la normale. La question est de savoir quelles sociétés survivront pendant les quelques mois difficiles qui nous attendent encore.

« Tout ce qui a à voir avec le commerce électronique, que ce soit un détaillant à l’échelle nationale, une chaîne d’approvisionnement ou la propriété immobilière requise pour cette entreprise, sera mieux loti, assure James Thai. En revanche, les cinémas et certains types de restaurants trouveront difficile de rebondir aussi vite. »

Les sociétés non cycliques ou défensives, notamment les compagnies de télécommunications, les services publics et les produits de consommation courante, parviennent encore à sortir du lot. Si l’incertitude continue de régner, l’expert s’attend à ce que ces compagnies continuent de bien s’en sortir.

« Les compagnies cycliques, comme celles qui évoluent dans les services financiers, l’énergie et les marchandises, ou qui sont liées aux dépenses discrétionnaires du consommateur, se sont sous-classées. Mais si j’ai totalement tort et que l’économie monte en flèche dès l’été, il est probable que l’on voie les actions cycliques se surclasser. Il y a tant d’inconnues! C’est une des périodes les plus difficiles pour faire des prévisions », prévient-il.