Le torse d'un homme d'affaire, sa main en évidence. Il joue avec un petit sablier.
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L’annonce, le 4 mai, d’une hausse du taux directeur de la Banque centrale américaine à 0,75%, ainsi que de la réduction de son bilan de 9000 milliards de dollars afin de lutter contre l’inflation, a été bien accueillie par l’industrie.

« On craignait une hausse de taux plus agressive, mais le fait qu’elle soit restée à ce niveau a apporté une bouffée d’air frais dans le marché », estime Yann Furic, gestionnaire principal, répartition d’actifs et stratégies alternatives chez Financière des professionnels (FDP). Cet apport d’oxygène s’est traduit par une hausse immédiate sur les principales places boursières, qui se sont toutefois remises à descendre dès le lendemain.

L’augmentation des taux d’intérêt n’a rien d’étonnant. Elle fait partie du processus de normalisation après la pandémie de COVID-19, estime le gestionnaire. « Durant la pandémie, il y a eu une demande excédentaire de biens un peu partout dans le monde, ce qui a fait monter les prix. On est en train de redonner un peu de cette augmentation. »

Le retour des obligations

Dans ce contexte, les titres à revenus fixes redeviennent plus intéressants, souligne le gestionnaire. « Les obligations recommencent à jouer leur rôle habituel de coussin de sécurité pour protéger les portefeuilles en cas de baisse des marchés », dit-il.

Le marché obligataire, qui a reculé d’environ 10 % depuis le début de l’année, se redresse progressivement. « Le taux pour les obligations de 10 ans au Canada était récemment au-dessus de 3 %, une situation qui n’était pas arrivée depuis 2011 », note le spécialiste. Les titres à revenus fixes bénéficient également du fait que la Banque du Canada a augmenté son taux directeur à 1 % après une augmentation de 25 points de base en mars et une autre de 50 points en avril.

Le marché des actions plus turbulent

L’économie mondiale continuera à ralentir au cours des prochains mois, en raison du conflit en Ukraine et du blocage en Chine dû à la COVID, ce qui pourrait rendre le marché des actions plus turbulent.

Pour limiter les risques, Yann Furic conseille d’adopter une méthode qui a fait ses preuves lors de crises précédentes : rester investi à long terme et éviter de vendre des titres sous le coup de l’émotion.

« On privilégie les titres de qualité qui permettent de réaliser des profits dès maintenant », conseille le gestionnaire. Il recommande notamment d’éviter certains titres de technologie qui ne donnent pas de rendement immédiat, pour se tourner vers des titres de consommation de base, qui performent mieux traditionnellement.

Valeurs refuges 

Sortir du marché sans y réinvestir immédiatement est une autre erreur à éviter, note le gestionnaire. Il se réfère à la crise de 2009, lors de laquelle un grand nombre d’investisseurs s’étaient retirés du marché des actions pour ne jamais y retourner. « La stratégie à suivre n’est pas de sortir du marché, mais plutôt de changer son exposition », dit-il.

Pour protéger les portefeuilles d’investissement de pertes éventuelles, il n’y a pas beaucoup de valeurs refuges. La stratégie habituelle qui consiste à investir dans les matières premières reste valable. Toutefois, les perspectives de rendement sont limitées pour les investisseurs qui songeraient à acheter des titres dans ce secteur, car les prix ont déjà beaucoup monté.

« Historiquement, l’or est utilisé pour se protéger de l’inflation, mais ce n’est pas une solution parfaite. Les investisseurs préfèrent souvent se tourner vers le dollar américain en période de crise. L’or offre donc une protection moins efficace dans ce cas », ajoute le gestionnaire.

La menace de la pénurie de main-d’œuvre

Plusieurs menaces contribueront à brouiller les cartes au cours des prochains mois. Certains observateurs envisagent une possible stagflation, un scénario où l’inflation augmente et la croissance ralentit durant plusieurs trimestres. « C’est un risque si l’inflation reste élevée pendant longtemps. On pourrait aussi aller vers une récession si le niveau d’inflation actuel se maintient jusqu’à la fin de l’année. »

Selon Yann Furic, un autre élément important à surveiller est l’état du marché du travail aux États-Unis. Un taux d’emploi inférieur aux prévisions pourrait se traduire par une baisse de taux dans les banques centrales, estime-t-il. Parallèlement, la pénurie de main-d’œuvre est un facteur qui contribuera à alimenter l’inflation sur le plan mondial.

3 conseils pour protéger les portefeuilles :

  • Rester investi à long terme et continuer à suivre la répartition d’actifs correspondant au profil du client.
  • Ajuster la composition des portefeuilles en recherchant des titres de qualité qui offrent une rentabilité à long terme (horizon de 10 ans et plus).
  • Rester investi dans le marché pour profiter du rebond qui arrivera inévitablement.