Cellule dramatique puissante de tempête au-dessus de la plage d’océan
Philip Thurston / iStock

Des experts en finance durable ont lancé une nouvelle initiative visant à encourager les institutions financières et les entreprises canadiennes à élaborer et à mettre en œuvre des plans de transition climatique crédibles, mesures qui, selon eux, garantiront la compétitivité et la résilience du Canada dans l’économie mondiale.

Annoncée le 13 mai dernier, cette nouvelle initiative menée par les milieux financiers s’intitule Business Future Pathways.

Elle vise à fournir des orientations claires, pratiques et conformes aux normes internationales sur la manière dont les institutions financières et les entreprises du pays peuvent renforcer leur préparation au changement climatique afin d’attirer les capitaux mondiaux et de renforcer la confiance des investisseurs, résume Barb Zvan, présidente-directrice générale du University Pension Plan Ontario (UPP), qui est à la tête de l’initiative.

Ces orientations s’inspireront d’exemples tels que les normes de divulgation de la durabilité de l’International Sustainability Standards Board, le Transition Plan Task Force du Royaume-Uni et la taxonomie de la finance durable de l’Australie, continue Barb Zvan.

« Cette initiative ne vise pas à créer de nouvelles normes ou de nouveaux cadres, mais à les rendre accessibles et à comprendre à quoi ressemblent ces différents cadres et normes », explique-t-elle.

« C’est d’autant plus important que nous envisageons d’élargir encore davantage nos partenaires commerciaux. Nombre de ces pays s’attaquent activement au problème du climat dans le cadre de leurs plans de transition. Si nous voulons être considérés comme compétitifs par rapport aux autres, nous devons commencer à nous pencher sur cette question », souligne-t-elle.

Le lancement de Business Future Pathways intervient à un moment où la prise en compte des risques climatiques n’est plus une priorité pour nombre d’institutions financières, d’entreprises et d’organismes de réglementation des valeurs mobilières du Canada, qui s’efforcent de faire face à l’incertitude économique engendrée par la guerre commerciale en cours.

Fin avril, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont annoncé qu’elles suspendaient leurs travaux sur de nouvelles règles visant à rendre obligatoire la communication d’informations sur le climat, invoquant la nécessité de « rendre les marchés canadiens plus compétitifs, plus efficaces et plus résilients ».

Nous avons également assisté récemment à un recul des engagements des grandes banques canadiennes en matière de financement durable, notamment la Banque Royale du Canada, qui a renoncé à son engagement de faciliter 500 milliards de dollars de financement durable d’ici 2025. La RBC a invoqué l’impact des nouveaux changements réglementaires, en particulier les modifications apportées à la Loi sur la concurrence du Canada, pour expliquer cette décision.

La nouvelle initiative vise à tirer parti de l’élan donné par d’autres efforts en matière de finance durable, tels que le Conseil d’action en matière de finance durable (CAFD), créé par le gouvernement fédéral pour guider le Canada sur la voie du zéro net, commente Barb Zvan, qui a été membre du Conseil d’action. Plusieurs recommandations du CAFD n’ont pas encore été adoptées par le gouvernement fédéral, notamment l’établissement d’une taxonomie verte et de transition pour le Canada.

L’initiative volontaire

Business Future Pathways est toutefois un effort non partisan et dépend de l’adhésion volontaire des institutions financières et des entreprises.

Jusqu’à présent, des dirigeants de grandes institutions financières, de fonds de pension et de gestionnaires d’actifs canadiens, dont UPP, Addenda Capital, Placements Mackenzie, le Mouvement Desjardins et Vancity Investment Management ont rejoint le comité consultatif financier de Business Future Pathways.

Le comité consultatif technique regroupe également des représentants d’organisations non gouvernementales environnementales, ainsi que des universitaires et des climatologues issus notamment de l’Institute for Sustainable Finance, de Shift, d’Environmental Defence, de l’Université de la Colombie-Britannique et de SHARE.

« Nous essayons de créer une structure de gouvernance plus inclusive et plus solide, qui bénéficie non seulement de l’adhésion des institutions financières, mais aussi de celle de la société civile dans son ensemble », souligne Jonathan Arnold, directeur de la finance durable à l’Institut canadien du climat, qui dirige les recherches pour cette nouvelle initiative.

« En créant un groupe d’intérêt aussi large, nous essayons vraiment de nous assurer que les conseils que nous offrons sont acceptés et durables et qu’ils peuvent vraiment commencer à intégrer certaines de ces idées. »

Business Future Pathways publiera plusieurs rapports dans les mois à venir. Son premier rapport, prévu pour cet automne, expliquera « pourquoi la planification de la transition est importante pour le Canada, en particulier à l’heure actuelle », rapporte Jonathan Arnold.

Il présentera ensuite des orientations sur ce à quoi ressemble un plan de transition crédible, en adoptant, dans la mesure du possible, une approche sectorielle.

« Ce qui est différent dans ce groupe, c’est que nous ne cherchons pas à développer quoi que ce soit de nouveau », affirme Jonathan Arnold.

« Nous reconnaissons qu’il y a une tonne de recherches, d’informations et d’efforts remarquables qui ont déjà été réalisés au niveau international. Il s’agit en fait d’essayer d’entendre les investisseurs sur ce qui compte le plus pour eux dans cette soupe alphabétique de conseils, de normes et de mesures, et de les ramener à ce qui compte le plus pour le Canada — se concentrer sur les secteurs qui comptent le plus pour l’économie canadienne. »