PQAP : Lacorpo se dissocie de sa mise en oeuvre
Irena Misevic / Shutterstock

Selon Michel Ferland, le secrétaire de Lacorpo, la mise en œuvre du PQAP entraînera « une perte immense de notre expertise ».

Lacorpo, qui regroupe environ 2500 membres, déplore particulièrement la mise au rancart du principe de scolarité minimale requise pour être admissible aux examens dans les disciplines et les catégories concernées.

Les démarches ayant mené « à la création de la discipline d’assurance collective et à l’adoption d’une formation minimale spécifique ont été longues et ont coûté plusieurs millions de dollars au cours des années 1980 et 1990. Avec le projet du PQAP, la scolarité minimale requise passe du Cégep à rien du tout, fulmine Michel Ferland. Un professionnel sans scolarité ça n’a aucun sens et nous ne croyons pas que ça ait de la crédibilité ».

Lire aussi – Nouvelle étape franchie en vue de l’harmonisation du PQAP au Québec

Selon les résultats d’un sondage mené par Lacorpo auprès de ses membres en 2014, 88 % des répondants estimaient qu’on « ne devrait pas abandonner nos acquis québécois en matière de certification en assurance de personnes ».

Dans une proportion de 89 %, les répondants souhaitaient aussi voir Lacorpo intervenir afin de tenter de protéger les acquis québécois en matière de certification en assurance collective de personnes.

« Nous avons alors présenté les résultats de ce sondage à l’AMF qui nous a dit : venez nous rencontrer » raconte Michel Ferland.

Lacorpo, qui a alors eu l’occasion de défendre sa position auprès de l’AMF, souligne aujourd’hui, au vu des résultats, qu’elle se dissocie complètement du projet de PQAP.

« Nous ne participerons pas au démantèlement de la formation minimale spécifique en assurance collective, mentionne Michel Ferland. Nous avons effectivement été consultés dans le cadre de ce projet, mais l’AMF semble seulement rechercher à légitimer ses actions en respectant un processus rigoureux, car elle n’a retenu aucune de nos recommandations. »

Selon Michel Ferland, Lacorpo recommandait notamment que les participants au stage probatoire soient évalués par un audit de compétence, plutôt que par l’entremise d’une étude de cas. Elle recommandait aussi que le maître de stage possède une expérience minimale et soit spécifiquement formé avant d’être appelé à former un candidat dans le cadre d’un stage. De même, il apparaissait important pour Lacorpo que ce ne soit pas le maître de stage qui définisse le contenu du stage.

« Actuellement, le stage, c’est un peu n’importe quoi. Il y a même des maîtres de stage qui, bien qu’ils possèdent leurs permis, n’ont aucun volume d’assurance en vigueur en assurance collective », déplore Michel Ferland.

Une pétition lancée sur Internet par Lacorpo visant à « protégez la profession de conseiller en assurance et rentes collectives au Québec » n’a pour l’instant récolté que 106 signatures.

La pétition réclame notamment « que le ministre tienne une commission parlementaire pour entendre toutes les parties intéressées, et que le ministre permette la création de l’Ordre des conseillers en assurance et rentes collectives du Québec pour veiller précisément à la protection du public et de la profession par des standards de formation et de pratique élevés. »

Michel Ferland se dit déçu du fait que la pétition, en cours jusqu’au 1er décembre, n’ait pas jusqu’ici récolté les appuis attendus. Il estime que « dans le contexte actuel, les gens semblent être un peu indifférents face à cet enjeu ».

C’est le cas selon lui de la Chambre de la sécurité financière (CSF), « qui défend pourtant à l’heure actuelle son utilité quant à la protection des intérêts du public », ainsi que du Conseil des professionnels en service financier (CDPSF), « qui ne s’est pas encore fait entendre sur cette question ».

Au cours des prochaines semaines, Lacorpo compte d’ailleurs rappeler à l’AMF qu’elle se dissocie de la mise en œuvre du PQAP.