Cependant, il ne faut pas négliger plusieurs autres risques indirects, notamment l’alourdissement des coûts pour renforcer la sécurité d’installations lointaines, la majoration des primes d’assurance, le financement plus difficile à trouver et les coûts de la main-d’oeuvre gonflés par la prime à la peur.

Un autre risque est celui des retards par rapport aux plans d’exploitation ou d’investissement pour cause d’insécurité.

«Un exemple suffira : par précaution, IAMGOLD a suspendu le 23 janvier ses activités aux mines Sadiola et Yatela, au Mali, quand l’armée française est intervenue dans ce pays ; l’action a chuté de 14,5 % après l’annonce de cette suspension et des prévisions révisées de production et de coûts qui en découlent», soulignent les deux experts.

Par ailleurs, la hausse des dépenses de sécurité détourne des fonds qui pourraient autrement aller à la construction d’infrastructures (pour faire baisser les coûts), à la rationalisation des procédures bureaucratiques (pour réduire les délais), à la lutte contre la corruption (pour diminuer les risques politiques) et à l’amélioration de la qualité de vie des populations locales (pour atténuer les risques sociaux).

Propagation et problèmes de fond

De plus, une instabilité prolongée dans un pays peut nuire aux économies voisines, créant des obstacles au développement de toute la région.

«Citons le cas du Burkina Faso qui importe 26 % de ses biens de la Côte d’Ivoire voisine : des violences d’origine religieuse dans ce dernier pays ont entraîné des pénuries d’aliments et des hausses de prix qui ont fini par causer des troubles sociaux et des mutineries à petite échelle dans plusieurs villes du Burkina Faso, ce qui a même obligé le président Blaise Compaoré à prendre la fuite par crainte d’un coup d’État», rappellent-ils.

Selon Pierre Fournier et Michael Fini, les marchés présument en général que l’essor des groupes violents non étatiques est dû au manque de ressources militaires ou policières et que le jihadisme sera vaincu tôt ou tard.

De plus, ils ont tendance à traiter le problème au cas par cas, sans se pencher vraiment sur les phénomènes régionaux qui les sous-tendent, comme la montée de l’organisation islamiste armée d’origine algérienne Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

«Mais ni l’amélioration de la sécurité ni les interventions militaires étrangères n’apporteront de solution durable aux nombreuses failles par lesquelles le militantisme religieux s’est infiltré un peu partout en Afrique. Sur le plan géopolitique, il faut tenir compte d’autres problèmes de fond, qui sont bien enracinés», avancent les analystes.

Parmi ces problèmes, ils mentionnent la faiblesse des gouvernements et le sous-développement des institutions militaires, la fragilité des consensus politiques au sein des États africains et entre eux, l’étroite et très lucrative association entre terrorisme, militantisme et trafic de drogue, et l’abondant et intarissable approvisionnement en armes.