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La chaîne de blocs, les actifs numériques, l’émergence du métavers, les cryptomonnaies, le web 3.0… Voilà autant de domaines qui révolutionnent l’écosystème des services financiers depuis quelques années.

Pour bien naviguer à travers ce développement qui s’accélère, les entreprises devront adopter une approche structurée et équilibrée pour bénéficier de la convergence entre les systèmes centralisés et décentralisés.

C’est ce qui ressort d’une étude de Capgemini qui fait état des derniers développements de ces différentes technologies et leurs implications pour les institutions financières.

ADOPTION EN ACCÉLÉRÉ

Au cours des derniers mois, l’industrie des services financiers s’est plus largement tournée vers les technologies décentralisées, que ce soit dans les secteurs bancaire, du marché des capitaux, du domaine des paiements et des assurances.

La décentralisation a ses avantages. Elle permet des envois de fonds et des paiements plus rapides, en particulier dans les transactions transfrontalières, et des transactions avec plus de transparence et d’immuabilité. L’industrie de l’assurance peut également bénéficier de l’automatisation de plusieurs parties de sa chaîne de valeur, notamment le traitement des réclamations en assurance.

Selon Capgemini, aujourd’hui, neuf banques centrales sur dix expérimentent des versions numériques de monnaies fiduciaires dans les secteurs du commerce de détail et de gros. C’est en Chine que les monnaies numériques se déploieraient le plus rapidement. Plus de 250 millions de portefeuilles électroniques ont été

ouverts dans ce pays et, à la fin de 2021, la valeur des transactions s’élevait à plus de 85 milliards de yuans.

Une majorité de gestionnaires d’actifs (72 %) élaborent des solutions de création de jetons d’actifs numériques. Des actions, des obligations, des immeubles, des œuvres d’art… Différents types d’actifs peuvent faire l’objet d’une « tokénisation », qui consiste à transformer en tout ou en partie la valeur d’un actif en jetons (token, en anglais) échangeables sur un marché décentralisé. La tokénisation peut apporter des gains d’efficacité opérationnelle tout au long du cycle de vie des actifs numériques – depuis l’émission, la distribution, l’échange jusqu’au règlement.

Face à cette transformation, des régulateurs et des fournisseurs de différents pays mettent sur pied des projets pilotes pour mieux contrôler l’échange et le règlement des titres tokénisés. C’est le cas notamment à Singapour et en Grande-Bretagne de même que sur le territoire de l’Union européenne.

CRYPTO ET NFT EN FORTE CROISSANCE

Au cours des deux dernières années, les cryptomonnaies ont enregistré une croissance rapide, que même le krach boursier de juin 2022 n’a pas vraiment freinée. C’est la région Asie-Pacifique qui est en tête dans ce domaine, tandis que plusieurs pays émergents s’y mettent aussi. De grandes institutions comme Goldman Sacks et Commonwealth Bank d’Australie se lancent dans l’échange de cryptomonnaies. Quant à Visa et Mastercard, elles se sont associées à des partenaires pour offrir des récompenses en monnaie virtuelle à leurs clients.

Il y a aussi la finance décentralisée (ou DeFi) qui gagne du terrain. Elle permet aux utilisateurs de faire des transactions entre pairs par le biais d’une chaîne de blocs sans avoir à recourir à un intermédiaire comme une institution financière. Ce type de transaction est toutefois davantage exposé aux cyberrisques.

Du côté du marché des NFT, il a explosé au cours des deux dernières années. Les échanges de ces actifs numériques ont atteint 17,6 milliards de dollars américains en 2021, soit une augmentation de 21 000 % comparativement à 2020, avec 2,3 millions d’acheteurs, rapporte Capgemini.

L’avènement du métavers pourrait bien le propulser encore plus loin. Gartner prédit que d’ici 2026, le quart de la population passera au moins une heure par jour dans ce monde virtuel pour le travail, le magasinage, l’éducation, les activités sociales ou de divertissement.

Des entreprises s’y intéressent de plus en plus. Nike a lancé l’an dernier une paire de baskets en NFT en collaboration avec le studio de mode RTFKT. Le géant américain a aussi créé son propre monde virtuel sur Roblox, une plateforme de jeux vidéo en ligne, où les joueurs peuvent utiliser des articles de la marque dans leur version numérique.

Le métavers serait considéré comme la prochaine frontière pour l’engagement client dans le secteur bancaire. JP Morgan est d’ailleurs devenue la première banque à y entrer avec le lancement de sa boutique en ligne Onyx Lounge. HSBC s’y intéresse aussi. Elle a lancé un fonds pour la recherche d’opportunités d’investissement dans le métavers pour ses riches clients asiatiques.

Face à ces progrès importants, Capgemini est d’avis que l’écosystème des services financiers convergera entre les systèmes centralisés et décentralisés. Avant d’emprunter cette voie, les entreprises devront procéder à des analyses de rentabilisation et prendre en compte les défis technologiques qui se présenteront.