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La profession de conseiller est-elle compatible avec des ambitions politiques ? L’Autorité de régulation de l’industrie financière (FINRA) semble considérer que oui.

Un groupe d’arbitrage composé de trois représentants du régulateur américain vient d’ordonner à Morgan Stanley de verser 147 000 dollars US de dommages et intérêts à une ancienne courtière de Floride, Deborah Adeimy, rapporte Financial Planning.

Deborah Adeimy, qui travaille depuis 29 ans dans le secteur financier et n’est plus enregistrée comme courtière, brigue l’investiture républicaine pour le siège du 22e district du Congrès en Floride.

Elle accuse Morgan Stanley d’avoir violé ses contrats de travail, d’ingérence délictuelle, de licenciement déguisé et de traitement inéquitable, selon la sentence prononcée. Lors de l’arbitrage, elle a fait valoir que la société de courtage aurait dû lui accorder un congé temporaire en vertu de ses politiques, mais que l’entreprise a plutôt réaffecté ses clients et l’a forcée à partir, selon Advisor Hub.

Démissionner pour se présenter

Comme plusieurs entreprises américaines, Morgan Stanley possède des procédures autorisant ses employés à se présenter à des élections. Ils doivent toutefois veiller à ce que leurs activités politiques soient séparées de celles de l’entreprise.

Cependant, toutes les réponses que Deborah Adeimy a obtenues à la suite de ses demandes d’autorisation d’absence indiquaient qu’elle « devrait démissionner pour pouvoir se présenter », selon Kate Meisen, sa directrice des communications.

Les fonctions politiques sont souvent examinées de près dans le secteur financier, car les opinions du candidat peuvent être considérées comme représentant celles de l’entreprise. Or les banques veulent s’assurer qu’il n’y a pas de conflit apparent avec la souscription d’obligations municipales et d’autres activités gouvernementales, mentionne Advisor Hub.

Sommes importantes en jeu

L’ancienne courtière souhaite maintenant vérifier les calculs relatifs à la somme de 147 000 $ qui lui a été accordée en dommages et intérêts par la FINRA, indique Investment News. Elle réclamait plus de 10 millions de dollars (M$), dont 2,9 M$ de dommages-intérêts compensatoires et 8,1 M$ de dommages-intérêts punitifs, selon la sentence. À moins que les deux parties ne demandent une explication de la sentence, les arbitres n’ont pas à motiver leur décision, précise Advisor Hub.

Advisor Hub signale qu’en 2014, un ancien courtier de Morgan Stanley dans l’Illinois a remporté 525 000 $ US en arbitrage après avoir affirmé que l’entreprise l’avait diffamé lorsqu’elle l’avait licencié pour s’être présenté à un siège de député. L’entreprise a déclaré qu’il n’avait pas demandé l’autorisation, mais l’ex-courtier a prétendu que l’entreprise était revenue sur une autorisation précédente.

Finance et politique

Deborah Adeimy n’est pas la seule conseillère à se lancer en politique. La planificatrice financière Diane Young court sous les couleurs du Parti démocrate dans la banlieue de Détroit. Sans compter les anciens financiers qui siègent actuellement au Congrès, comme le député républicain French Hill, un ex-banquier, et le sénateur Tim Scott, un ancien professionnel de la vente d’assurances.

Deborah Adeimy n’est certes plus inscrite en tant que courtière ou conseillère en investissement, mais elle met tout de même en avant sur le site web de sa campagne sa carrière et ses titres professionnels en finance pour parler d’économie, un sujet qui intéresse particulièrement les électeurs américains en ce moment, indique Investment News.

Avant d’être recrutée par Morgan Stanley, Deborah Adeimy a commencé sa carrière chez le prédécesseur d’UBS, Painewebber, en 1990, et a travaillé chez Merrill Lynch pendant trois ans avant de se joindre à Smith Barney, racheté par Morgan Stanley. Elle a ensuite été embauchée par Merrill, puis par Wells Fargo avant de retourner chez Morgan Stanley en 2018, selon BrokerCheck.

En 2022, elle a perdu la primaire du Parti républicain face à Dan Franzese, qui a lui-même perdu les élections générales face à la députée démocrate Lois Frankel. La femme d’affaires a ensuite travaillé au bureau de J.P. Morgan Securities à Palm Beach, en Floride, de novembre 2022 à novembre 2023 avant de se lancer une deuxième fois dans la course aux élections.