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Les financements de sociétés fictives font partie des quelques opérations qui continuent à être mises sur le marché dans le contexte des récentes turbulences, mais une réglementation plus stricte pourrait réduire leur attrait, suggère DBRS Morningstar dans un nouveau rapport.

L’année dernière, les offres impliquant des sociétés d’acquisition à vocation spécifique (SAVS), qui sont essentiellement des sociétés sans activité opérationnelle qui lèvent des fonds pour financer l’acquisition d’une entreprise en activité, ont connu une forte augmentation.

Cette année, alors que la valeur des opérations de SAVS a fortement baissé par rapport aux niveaux record de 2021, elles représentent une part encore plus importante du marché sous-jacent des PAPE (premier appel public à l’épargne), selon DBRS.

De nombreuses opérations ayant été suspendues en raison de la volatilité accrue du marché, les transactions SAVS ont représenté 74 % du produit total des introductions en bourse jusqu’à présent cette année, contre moins de 50 % l’année dernière.

Toutefois, la valeur de ces opérations a considérablement diminué. Depuis le début de l’année, les opérations SAVS n’ont généré que 9,6 milliards de dollars américains (G$ US) de recettes totales, contre 92,5 G$ US à la même période l’an dernier.

Les grandes banques d’investissement du monde entier restent les principaux bénéficiaires de ce type d’opérations, « ce qui pourrait compenser la perte de revenus découlant de la volatilité du marché créée par le conflit Russie-Ukraine », précise DBRS.

En effet, si les volumes de SAVS sont en baisse cette année, le rapport note que les banques continueront à enregistrer des revenus de ces transactions sur plusieurs années.

« Les banques gagneront généralement une commission de souscription initiale en réalisant l’introduction en bourse de la SAVS, le reste de la commission de suivi étant payé au moment du désenregistrement de la SAVS », indique le rapport. Il peut également y avoir des financements de suivi, qui génèrent des revenus de souscription supplémentaires.

À court terme, les banques mondiales continueront probablement à bénéficier de l’essor des SAVS, suggère le rapport.

« Étant donné que de nombreux émetteurs hésitent à émettre des titres de créance et des actions traditionnels et retardent les activités de fusion et d’acquisition en raison de la volatilité des marchés découlant du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les banques pourraient être en mesure de compenser une partie de cette perte de revenus à court et à moyen terme par des commissions supplémentaires provenant de ce pipeline de SAVS très actif », indique le rapport.

Toutefois, cela ne devrait pas durer.

« La réglementation du marché des SAVS étant sur le point de s’intensifier dans un avenir proche, il est probable que nous commencerons à voir cette filière se tarir progressivement », indique le rapport.

Les autorités de réglementation souhaitent renforcer les règles en raison des inquiétudes que suscitent les structures SAVS en matière de protection des investisseurs, notamment les conflits d’intérêts potentiels entre les promoteurs de l’opération et les investisseurs.

Le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), Gary Gensler, a demandé de nouvelles règles pour atténuer les disparités entre la réglementation des PAPE traditionnels et celle des SAVS, a déclaré DBRS, et des règles plus strictes pourraient atténuer leur attrait.

« Si les exigences réglementaires entre les introductions en bourse traditionnelles et celles des SAVS sont égalisées, il est probable que la bulle des SAVS observée au cours des deux dernières années se calmera », ajoute le rapport.