Raymond Chabot Grant Thornton

«Il est très rare qu’on nous aborde en disant qu’on veut acheter des produits alternatifs. Une minorité seulement nous les demande», signale Claude Roy, directeur principal en gestion privée chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), qui gère l’actif d’une centaine de familles fortunées.

Cependant, ajoute ce CFA (Chartered Financial Analyst), les produits alternatifs ont leur place à l’intérieur de ces portefeuilles bien garnis. «N’étant pas corrélés aux indices boursiers, ces produits devraient représenter entre 8 et 10 % d’un portefeuille type. Mais jamais au-delà de 15 %», dit-il.

Claude Roy précise qu’il faut cependant en faire constamment la promotion. «Je présente à mes clients des produits intuitifs et relativement simples à comprendre. Pas de boîte noire ! Les stratégies doivent s’expliquer en cinq minutes».

C’est pourquoi il ne recommande pas les fonds de fonds de couverture, plus opaques que les fonds individuels. Il préconise des stratégies simples comme la répartition globale tactique (ou global macro, ce qui comprend tous les marchés et toutes les catégories d’actif), les options de vente et les obligations convertibles.

Le directeur principal de la gestion privée chez RCGT ajoute qu’il n’est pas un partisan du placement privé (private equity).

En outre, lorsque ses clients ne sont pas déjà propriétaires de maisons ou propriétés, il leur suggère alors de s’intéresser aux fiducies de placement immobilier.

«Notre approche consiste à éduquer progressivement nos clients aux produits alternatifs. Mais une seule stratégie à la fois !» déclare Claude Roy.

Banque Nationale Gestion privée 1859

Premier vice-président de la Financière Banque Nationale et conseiller privé chez Gestion privée 1859, Guy Côté gère un actif de 325 M$ pour le compte d’environ 265 familles.

Sa clientèle est surtout composée d’entrepreneurs et de professionnels à leur compte. Un certain nombre d’entre eux, dit-il, sont «riches en actif, mais pauvres en argent comptant».

Par conséquent, la préservation du capital constitue la grande priorité. «Dans leur vie professionnelle, mes clients sont habitués à contrôler le risque. Ils veulent continuer à le faire en tant qu’investisseurs.»

Les investissements doivent être liquides, de façon à être vendus en cas de besoin. Cela explique pourquoi le placement privé n’est pas populaire, car cet argent est immobilisé pendant au moins cinq ans. Sans compter que d’éventuelles hausses de taux pourraient s’avérer «catastrophiques, puisque le placement privé repose sur l’endettement».

Par ailleurs, ses clients s’intéressent peu aux fonds de couverture en raison du «risque et de l’importance des frais de gestion».

Guy Côté ne s’attarde pas à l’immobilier, car ses clients y sont généralement très exposés. «Ils ont souvent deux, trois ou même quatre résidences».

Les billets structurés font cependant partie de son arsenal. «C’est une des grandes forces de la Banque», souligne-t-il, en rappelant que l’institution a remporté le prix de la meilleure performance au Canada lors de la dernière édition des Structured Products Americas Awards.

Guy Côté a notamment bâti, pour sa clientèle, un Billet BNC à retour de capital fixe fondé sur le rendement du iShares S&P/TSX 60 (XIU). S’il est vendu avant échéance, ses bénéfices sont imposés comme gains en capital et non en tant que dividendes.

Les billets structurés peuvent représenter jusqu’à 5 % de l’actif de sa clientèle.

BMO Harris

Vice-président et directeur régional, Gestion de placements chez BMO Harris Gestion de placements, Jeffery Lusher supervise dix gestionnaires de portefeuille et gère un actif de 3,4 G$.

Les clients de cette banque privée disposent d’au moins 0,5 M$ d’actif pouvant être investi.

«Notre objectif consiste à préserver le capital et à générer des revenus. C’est pourquoi nous recherchons des produits de qualité et très liquides», dit le CFA et planificateur financier.

L’exigence de liquidité exclut les placements privés et la plupart des fonds de couverture. «Plusieurs des fonds de couverture doivent être détenus pendant une certaine période prédéterminée (lock-up period)», affirme Jeffery Lusher. Il ajoute que certains fonds ont recours à l’effet de levier, «ce qui peut être catastrophique».

Il se méfie également des rendements moyens affichés par l’industrie des fonds de couverture, puisque certaines bases de données excluent de leurs résultats les fonds qui ont fermé leurs portes, souvent en raison de performances décevantes. «À cause de ce « biais du survivant »», les rendements réels sont inférieurs à ce qui est généralement présenté.» Une seule stratégie de fonds de couverture trouve grâce à ses yeux, la stratégie long/short.

Par ailleurs, si le client est très fortuné et qu’il peut immobiliser une portion de son capital pendant au moins cinq ans, BMO Harris pourra alors lui suggérer des fonds d’infrastructure et de placement privé.

Les produits alternatifs représentent en moyenne moins de 2 % de l’actif de cette clientèle.

Medici

La société de gestion de placements Medici gestion de portefeuille stratégique cible les entrepreneurs et les professionnels en mi-carrière.

Le président fondateur Carl Simard précise que le seuil d’actif minimum se situe à 500 000 $ pour ses clients en phase d’accumulation, et à 1 M$ en phase de retraite.

«Depuis deux ou trois ans, la volatilité des marchés boursiers inquiète beaucoup notre clientèle. Nous pensons qu’il faut accroître l’importance d’autres types d’actif qui apportent une véritable diversification par rapport aux actions et aux obligations», croit-il.

Le CFA estime que sa clientèle est suffisamment mûre pour s’intéresser à un fonds de couverture sur la gestion des devises du G7 qu’il est en train de mettre sur pied.

«Non corrélé au marché des actions et des obligations, ce fonds sera très liquide et sans pénalités à l’entrée et à la sortie», précise Carl Simard, qui dit vouloir y investir au moins 100 000 $.

Ce fonds pourrait être vendu par des courtiers en produits exemptés.

«Les devises sont très intéressantes, car les positions reposent sur du comptant. Les transactions ne durent que quelques heures et le portefeuille est constamment ramené à sa devise de base à la fin de la journée», conclut-il.