Quatre enfants en train de jouer dans une école maternelle.
olesiabilkei / 123rf

Des sources au fait des plans du gouvernement fédéral indiquent que les libéraux veulent annoncer suffisamment d’argent pour prouver leur sérieux dans ce dossier et convaincre les provinces d’accepter ces sommes.

Le montant exact que le gouvernement prévoit dépenser n’est pas clair, mais le comité des finances des Communes avait recommandé, dans un rapport prébudgétaire, 2 milliards de dollars pour commencer. Les dépenses pourraient augmenter à partir de là, avec le temps, comme l’espèrent les partisans de ce programme.

Les sources, qui se sont entretenues avec La Presse Canadienne sous couvert d’anonymat parce que le budget n’est pas encore public, affirment que les libéraux devraient lier le financement à des résultats mesurables, comme la réduction des frais de garde et l’augmentation du nombre de places en garderies. Ces sources s’attendent toutefois à ce qu’Ottawa accorde une certaine souplesse aux provinces dans la façon dont elles offrent leurs services de garde, pour répondre à leurs besoins particuliers sur le terrain.

On parle également d’enchâsser dans une loi ces nouvelles dépenses fédérales, afin d’éviter qu’elles ne soient facilement diluées ou annulées par un nouveau gouvernement. Les libéraux avaient procédé ainsi avec leur Stratégie nationale sur le logement.

Les dépenses fédérales actuelles en matière de services de garde expirent vers la fin de la décennie. Dans son Énoncé économique de l’automne dernier, le gouvernement libéral s’était engagé à maintenir les investissements dans l’éducation préscolaire et les services de garde, à commencer par une enveloppe de 870 millions $ par année à compter de 2028-2029. Il voulait ainsi signaler un financement à venir dans le prochain budget, qui sera déposé lundi.

Les défenseurs des services de garde suggèrent que les provinces pourraient être plus disposées à jouer le jeu que certains pourraient le croire, soulignant les appels du pied dans le budget de l’Ontario et les initiatives plus manifestes de la Colombie-Britannique et du Yukon vers des services de garde universels.

« Il y a un vif intérêt de la part des provinces. Je pense que certaines seront plus disposées à bâtir le système tel que nous le voyons, a déclaré Morna Ballantyne, directrice de l’organisme « Un enfant, une place », d’Ottawa. Il va falloir qu’il y ait suffisamment d’argent sur la table pour intéresser ces provinces à s’engager dans ces négociations. »

La pandémie a été difficile

Les sommes que Morna Ballantyne et d’autres ont demandées stabiliseraient les places existantes dans des garderies confrontées

à des ennuis financiers dus à la baisse des inscriptions à cause de la pandémie. Elles permettraient de commencer à augmenter le nombre de places pour répondre aux préoccupations relatives à l’offre et à subventionner les budgets de fonctionnement pour réduire les frais de garde payés par les parents.

Diverses études économiques suggèrent que les gouvernements récoltent plus de 1,50 $ de recettes fiscales pour chaque dollar dépensé en garderies, y compris dans le système québécois, que les libéraux fédéraux présentent comme un modèle à imiter dans tout le pays.

Les frais de garde au Québec sont les plus bas au Canada, en raison des subventions provinciales. Le rapport annuel sur les frais de garde du Centre canadien de politiques alternatives indiquait que le coût médian d’une place en garderie au Québec était de 181 $ par mois en 2020.

Les libéraux veulent réduire les frais de garde pour les parents, mais les experts soutiennent qu’il doit y avoir certains frais, même selon une échelle mobile basée sur le revenu, afin de contribuer à payer ce qui serait un vaste programme fédéral nouveau et permanent.

« On peut y arriver sans compromettre la stabilité budgétaire, mais quelqu’un doit payer, a estimé Don Drummond, un ancien haut fonctionnaire aux Finances qui est maintenant à l’Institut C.D. Howe. On doit maintenant déterminer qui ce sera. »

Le premier ministre Justin Trudeau déclarait la semaine dernière que le service de garde était un programme social et économique nécessaire, qui vise à aider davantage de femmes à intégrer le marché du travail.

Quelques jours plus tôt, un rapport de Statistique Canada signalait que les parents qui avaient des difficultés à trouver des services de garde l’an dernier ont déclaré avoir dû travailler moins d’heures, modifier leurs horaires ou même reporter leur retour au travail.

Mardi, le PDG de la Banque Scotia, Brian Porter, a appelé les libéraux à ajouter 5000 $ à la valeur de l’Allocation canadienne pour enfants, basée sur le revenu familial, qui plafonne cette année à 6765 $ pour chaque enfant de moins de six ans et à 5708 $ pour ceux de six à 17 ans.

Il a également demandé une augmentation de la déduction fiscale pour frais de garde d’enfants à 20 000 $, ce qui ferait plus que doubler la limite de 8000 $ par enfant de moins de sept ans.