Trois jeunes autochtones souriantes sur un fonds hivernal.
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Une enquête de l’Initiative pour la réconciliation et l’investissement responsable (Reconciliation and Responsible Investment Initiative ou RRII) a révélé que de nombreux gestionnaires intègrent la réconciliation et la reconnaissance des droits des autochtones dans leurs activités. Toutefois, le degré d’engagement et d’intégration est mitigé.

« Alors que certaines entreprises sont en tête pour ce qui est de créer une dynamique interne et d’intégrer la réconciliation économique dans les relations avec les clients, les investissements et la direction, d’autres doivent encore prendre des mesures concrètes pour répondre à l’Appel à l’action 92 de la Commission de vérité et réconciliation et passer de la sensibilisation à l’action en matière de réconciliation », a déclaré Katherine Wheatley, directrice de la RRII, qui est issu d’un partenariat entre la Shareholder Association for Research and Education et la National Aboriginal Trust Officers Association.

« Dans certains cas, [les entreprises] n’ont encore rien fait », a-t-elle ajouté.

Quarante des 47 sociétés de gestion d’investissements interrogées (85 %) ont indiqué qu’elles avaient pris en compte la réconciliation et la reconnaissance des droits des autochtones dans leur analyse. Pour 33 de ces 40 sociétés (70 %), la prise en compte de la réconciliation a entraîné un changement dans l’évaluation des entreprises de leur portefeuille.

Cependant, seules 22 d’entre elles (47 %) ont adopté des directives de vote par procuration qui intègrent des considérations liées aux peuples autochtones.

On a également demandé aux gestionnaires d’investissement s’ils avaient connaissance d’opportunités d’investissement dirigées par des autochtones ou axées sur les autochtones.

Alors que 18 entreprises (39 %) ont déclaré ne pas être au courant de telles opportunités, près de la moitié d’entre elles ont dit connaître le Raven Indigenous Impact Fund. Les obligations de la First Nations Finance Authority, le National Aboriginal Capital Corporations Association Indigenous Growth Fund et le Deshkan Ziibi Conservation Impact Bond sont les autres opportunités citées par les entreprises.

Peut-être en raison de cette sensibilisation limitée, seules dix sociétés (21 %) ont déclaré avoir évoqué des opportunités axées sur les autochtones avec leurs clients autochtones, et seulement huit sociétés (17 %) ont dit l’avoir fait avec des clients non autochtones.

L’enquête s’est également intéressée aux politiques internes des gestionnaires d’investissement en matière de promotion de la réconciliation.

Vingt-trois entreprises (49 %) ont adopté des politiques visant à attirer, retenir et/ou promouvoir les employés autochtones, tandis que 21 entreprises (45 %) ont déclaré avoir mis en place des programmes éducatifs sur l’histoire des peuples autochtones à l’intention de la direction et du personnel. La politique la moins répandue concerne l’approvisionnement auprès de fournisseurs autochtones, que seules huit entreprises (17 %) ont adopté.

Selon Katherine Wheatley, les gestionnaires d’investissement ont de nombreuses possibilités d’améliorer leur jeu.

« Certaines entreprises australiennes du secteur de l’investissement ont élaboré des plans d’action de réconciliation afin d’articuler une vision ferme de la réconciliation et de fixer des objectifs et des responsabilités pour guider leurs actions. Nous aimerions que les entreprises canadiennes s’inspirent de ces modèles », a-t-elle souligné.

« Les sociétés de gestion de placements ont de vastes sphères d’influence au sein de l’industrie ; leur interface directe avec les clients et les sociétés émettrices et leur interaction avec les institutions de réglementation et les pairs de l’industrie les placent en position d’être des moteurs de changement positif », a-t-elle complété.

Le rapport détaillant les résultats de l’enquête comprend cinq grandes recommandations à l’intention des gestionnaires d’investissement :

  1. élaborer une vision claire de la réconciliation ;
  2. approfondir l’engagement avec les peuples autochtones ;
  3. identifier les possibilités de soutenir la réconciliation ;
  4. promouvoir la réconciliation dans l’ensemble de la chaîne d’investissement ;
  5. et établir des partenariats et/ou investir dans des communautés et des entreprises autochtones.

L’Appel à l’action 92 de Vérité et Réconciliation a défini la réconciliation pour les entreprises canadiennes en leur demandant d’adopter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cela impliquerait des actions telles que garantir un accès équitable aux emplois pour les peuples autochtones et éduquer le personnel sur les droits des autochtones.

L’enquête RRII a été menée entre février et mars 2021. Parmi les entreprises qui ont indiqué leur emplacement, 27 avaient leur siège social au Canada, une aux États-Unis et une au Royaume-Uni.