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De nombreuses études tendent à prouver que le cours des actions d’une société a tendance à augmenter peu de temps après l’intervention d’un fonds spéculatif activiste, mais que se passe-t-il sur le long terme?

Harvard Business Review France s’est penché sur la question et a analysé les résultats financiers et non financiers, de 2000 à 2016, des 1 324 entreprises impactées par des fonds spéculatifs activistes, soit des groupes d’investisseurs qui acquièrent des actions dans une société dans le but d’exercer une certaine pression, aux États-Unis et les a comparés aux données d’un panel de sociétés similaires n’ayant subi aucune intervention.

Si les résultats à court terme des entreprises ayant subi une intervention d’un fonds spéculatif sont excellents, à long terme, ils tendent à être bien moins bons que ceux des entreprises n’ayant subi aucune intervention.

Selon leurs recherches, Harvard Business Review a constaté que l’année suivant l’intervention des fonds spéculatifs, la valeur de la société augmentait en moyenne de 7,7 % par rapport aux panels de sociétés similaires n’ayant subi aucune intervention. Toutefois la croissance tend à s’inverser trois à cinq ans après l’intervention.

Les chercheurs ont ciblé plusieurs raisons expliquant cette baisse à long terme.

Une baisse des efforts de responsabilité sociale et environnementale

L’intervention des fonds spéculatifs activistes semble avoir un impact négatif sur les performances sociales et environnementales de la société. Celles-ci sont inférieures de 18 % en moyenne aux résultats du groupe de contrôle après deux ans, et de 25 % après cinq ans.

Cela semble indiquer que l’entrée d’un fonds spéculatif tend à geler ces démarches. Cette constatation est appuyée par les dires de responsables de fonds spéculatifs activistes qui affirment que les efforts de responsabilité sociale et environnementale ne sont pas utiles et les empêchent d’atteindre leurs objectifs financiers.

Selon eux, ce n’est pas ce que recherchent leurs investisseurs. Ceux-ci veulent des bénéfices à court terme, donc investir dans des plans de durabilité à long terme serait contradictoire avec leur objectif.

Une réduction des dépenses opérationnelles

Toujours dans cette quête de profits immédiats, les interventions des fonds activistes entraînent une réduction des dépenses opérationnelles. Leur entrée dans une entreprise est souvent synonyme de suppressions d’emplois. Selon les chercheurs du Harvard Business Review, cette réduction serait en moyenne de 4,5 % à 7 % la cinquième année.

Les frais de fonctionnement sont également réduits. Deux ans après l’arrivée des activistes, cette baisse se chiffrerait à 4,7 %, et 6,6 % après cinq ans. Les dépenses en développement diminuent également d’environ 6 % la première année, jusqu’à 9 % cinq ans plus tard.

Pas une vision à long terme

Si ces baisses d’investissement ont un impact négatif sur les sociétés à long terme, cela n’inquiète pas les fonds spéculatifs activistes, car ceux-ci revendent leurs actions peu de temps après l’achat initial, environ un à trois ans. Le but est de s’en défaire dès qu’un bénéfice suffisant a été dégagé pour les actionnaires.

Les responsables de fonds spéculatifs activistes sont évalués mensuellement pour leurs performances à court terme, ce qui les pousse à vouloir générer des profits le plus rapidement possible.

Selon Harvard Business Review, c’est cette quête de performance qui explique pourquoi les responsables des fonds spéculatifs activistes coupent au maximum les dépenses non compatibles avec une optimisation rapide des profits nuisant ainsi au futur des entreprises dans lesquelles ils s’engagent.