Homme communiquant avec le robot. Homme communiquant avec l’intelligence artificielle Illustration vectorielle.
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Alors que les établissements financiers exploitaient déjà des outils d’intelligence artificielle (IA) traditionnelle et prédictive, l’émergence récente de l’IA générative change la donne pour l’avenir du système bancaire.

Ce sujet était au cœur des discussions lors du premier Sommet Asie sur l’IA et les données, organisé par McKinsey à Bangkok début 2025. L’événement a rassemblé plus d’une centaine de dirigeants de divers secteurs pour analyser l’essor des marchés de l’intelligence artificielle dans la région Asie-Pacifique.

Selon Renny Thomas, associé principal de McKinsey au bureau de Dubaï, la véritable révolution s’est opérée ces 12 à 18 derniers mois avec l’avènement des systèmes multiagents. Ces architectures permettent à plusieurs modèles d’IA de collaborer, reproduisant ainsi le travail en équipe des humains et rendant possible l’automatisation de processus complexes, explique-t-il. Cette capacité ouvre la voie à des expériences client beaucoup plus fluides et personnalisées.

Vers une banque intégrée et omnicanal

La banque du futur, estime Renny Thomas, sera multimodale et sans friction. L’enjeu est de regrouper des produits traditionnellement cloisonnés (prêts, investissements, hypothèques) en fonction des besoins du client. L’IA jouera ici un rôle central pour orchestrer cette offre et rendre l’expérience véritablement intégrée.

Pour y parvenir, les institutions devront s’appuyer sur une pile de capacités complète articulée autour de quatre couches indissociables :

  • l’engagement,
  • la prise de décision,
  • la technologie de base
  • et le modèle opérationnel.

Selon Renny Thomas, ces quatre couches ne doivent pas fonctionner en silos, mais former un système cohérent, garantissant que l’innovation transforme l’ensemble de l’institution.

La confiance, pilier numérique

Anke Raufuss, associée au bureau de Sydney, en Australie, rappelle que la confiance reste au cœur du modèle bancaire, mais qu’elle doit désormais se construire dans un univers numérique. Cela suppose de renforcer la sécurité et de gérer les risques technologiques, tout en utilisant l’IA pour protéger les clients contre la fraude et mieux évaluer leur profil de risque. La technologie devient ainsi un outil pour consolider la relation bancaire plutôt que de la fragiliser.

Interrogés sur leurs attentes personnelles, les deux experts insistent sur la fluidité. Renny Thomas souhaite que la banque anticipe ses besoins sans le contraindre à naviguer entre différents canaux ou à se conformer au jargon financier. Il imagine une application simple, où l’on peut effectuer une opération par un geste, une commande vocale ou un court message.

De son côté, Anke Raufuss souligne la nécessité pour l’IA d’apprendre à mieux comprendre les comportements, notamment afin d’éviter les blocages de cartes pour des achats jugés suspects.

En somme, l’IA redéfinit déjà la banque en profondeur. Pour McKinsey, l’avenir appartient aux institutions capables d’intégrer ces technologies de manière cohérente et sécurisée, tout en mettant la confiance et la simplicité au centre de la relation client.