La grappe financière du Québec complétera ainsi les travaux de ses chantiers consacrés aux produits dérivés et à l’entrepreneuriat financier, en plus d’évaluer la pertinence d’en ouvrir de nouveaux, qui viseront les secteurs de l’assurance, de l’investissement responsable et de la finance verte.

«Nous croyons que notre chantier sur les produits dérivés est mûr pour une structure plus permanente qui pourrait prendre la forme d’un Centre d’excellence en produits dérivés», explique Éric Lemieux.

Il cite en exemple la création, il y a un an, du Centre d’excellence en finance du Québec (CEFQ) issu du Chantier ressources humaines.

Selon lui, cette structure amènerait tous les grands acteurs, notamment l’Institut de la finance structurée et des instruments dérivés de Montréal (IFSID), la Bourse de Montréal et le milieu universitaire, à travailler de pair au développement des produits dérivés.

«Structurer l’écosystème des dérivés de Montréal autour d’un Centre d’excellence et faire valoir ce savoir-faire unique au Canada», ce sont deux des cibles d’Ambition 2020.

Alain Miquelon, président et chef de la direction de la Bourse de Montréal, pilote le Chantier des produits dérivés.

Finance Montréal souhaite également «compléter le Chantier entrepreneuriat» d’ici 12 à 18 mois.

Éric Lemieux estime que «la mise en place d’un fonds pour les firmes émergentes avance bien et qu’une structure permanente devrait avoir été créée à ce moment.»

Finance Montréal compte réunir un actif de 200 M$ en provenance de caisses de retraite québécoises pour juin 2015. Une poignée de gestionnaires de portefeuille recevraient alors des mandats provenant de ce fonds.

Vital Proulx, président et chef de placements chez Hexavest, est le pilote du Chantier entrepreneuriat.

En outre, le Chantier des infrastructures sera intégré au sein d’un nouveau chantier, appelé Chantier capital d’investissement.

«Notre objectif est d’examiner l’ensemble de la chaîne de financement et de cerner les défis et les lacunes de ce secteur», précise Éric Lemieux.

Le Chantier des infrastructures réunissait des intervenants tels que des ingénieurs, des constructeurs, des gestionnaires et des financiers, dans le but de positionner Montréal en tant que leader de la conception, la réalisation, la gestion et le financement des projets d’infrastructures à l’échelle mondiale.

Sans négliger cette volonté, le Chantier capital d’investissement aura pour objectif de «s’assurer de la fluidité de toute la filière de capital d’investissement au Québec, depuis le capital de risque jusqu’à l’appel public à l’épargne.»

Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ, développera ce chantier, mentionne Éric Lemieux.

Les autres chantiers, soit le Chantier retraite, dirigé par Michael Sabia, président et chef de la direction, Caisse de dépôt et placement du Québec, et le Chantier Finance et technologie, mené par Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale du Canada, poursuivront leurs travaux.

L’objectif du Chantier Finance et technologie est de «faire de Montréal et du Québec un lieu privilégié pour l’innovation et le développement d’activités technologiques au service du secteur financier et pour le nearshoring d’opérations».

Place à la finance verte

Éric Lemieux dresse un bilan positif du travail effectué par Finance Montréal depuis sa création en 2010.

«Aujourd’hui, non seulement les intervenants de l’industrie se connaissent, mais ils travaillent ensemble. C’est pourquoi le conseil d’administration et le conseil des gouverneurs ont décidé de travailler en suivant les mêmes axes, et c’est cette volonté que traduit Ambition 2020», souligne le directeur général sortant.

Dans la synthèse de ses réalisations 2011-2014, Finance Montréal souligne la progression enregistrée par le secteur financier du Québec au cours des trois dernières années. Ainsi, la croissance du PIB a été de 1,9 % par an dans le secteur financier, par rapport à celle de 1,4 % pour le Québec.

Cette croissance a fait passer le PIB du secteur financier de 6,06 % à 6,14 % du PIB du Québec. En comparaison, le secteur de l’aéronautique du Québec représente 1,1% du PIB total de la province, selon les données fournies par Finance Montréal.

L’investissement responsable, la finance verte et le secteur de l’assurance figurent au nombre des secteurs qui feront l’objet de travaux ou qui bénéficieront de la création d’un chantier.

«Le Québec est très actif dans le secteur de l’investissement responsable, et nous croyons qu’une expertise est en train de s’y développer, mentionne Éric Lemieux. En septembre dernier, Montréal a été l’hôte du colloque PRI in Person 2014, la rencontre annuelle mondiale la plus importante en matière d’investissement responsable. Nous croyons qu’il s’agit peut-être d’un domaine d’excellence en croissance pour les prochaines années».

Dans le cas du secteur de l’assurance, Finance Montréal collaborera avec l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP).

Deux aspects intéressent particulièrement Finance Montréal dans ce secteur. Il y a d’abord tout ce qui touche aux investissements dans les infrastructures, ainsi que l’intérêt que suscitent les obligations à long terme auprès des compagnies d’assurance, mentionne Éric Lemieux.

L’ACCAP et Finance Montréal discuteront du marché des placements à long terme, confirme Yves Millette, vice-président principal pour le Québec de l’ACCAP.

Diverses recommandations qui visent à rehausser l’offre sur le marché des placements à long terme, de manière à permettre aux assureurs de maintenir leur offre des produits qui ont des garanties à long terme, figurent dans l’énoncé de position émis par l’ACCAP en juin 2014.

Cette dernière souhaite notamment que les gouvernements se donnent comme objectif de chercher à allonger la durée des projets en PPP, qui s’établirait à 40 ans.

Elle recommande aussi que le gouvernement du Canada s’engage de manière durable à émettre un volume suffisant d’obligations de 50 ans pour atteindre un niveau de référence au cours des cinq prochaines années.