« La rente de longévité est une solution audacieuse, soutient d’emblée le planificateur financier Gaétan Veillette. On mutualise le financement des besoins de subsistance à la retraite plutôt que de privilégier l’accumulation par des fonds privés. Cette solution concurrence toutefois les fonds privés existants comme les REER. Nul doute qu’elle aura un impact négatif sur les travailleurs du secteur financier. »

Tout dépend du type de clients qui forment la clientèle d’un conseiller, note pour sa part Dominic Lamy, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective chez Groupe DeVimy à Sherbrooke.

« Ça vise des gens qui n’épargnaient pas beaucoup d’avance. De ceux qui le faisaient déjà, peut-être mettront-ils un peu moins d’argent de côté. Mes clients étant en majorité des entrepreneurs ou des professionnels incorporés, qui se versent des dividendes, ils ne seront pas très touchés par cette mesure », souligne-t-il.

Gaétan Veillette prédit d’ailleurs que plus de clientspourraient décider d’opter pour la solution de l’incorporation : « Ils vont peut-être choisir de s’incorporer et de se verser des revenus en dividendes, et non un salaire, pour éviter d’avoir à cotiser à la rente de longévité. »

Selon Martin Dupras, président de ConFor financiers etprésident sortant du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière (IQPF), fait une analyse très prudente du risque potentiel de chute de l’épargne privée après la mise en place de la rente de longévité.

« Toute chose étant égale par ailleurs, la capacité d’épargne des particuliers reste la même. Si de l’argent sort du système, potentiellement, les gens n’auront pas les moyens de le mettre dans leur épargne privée. C’est toutefois peut-être, pour beaucoup de gens, de l’épargne qui ne se serait pas faite autrement », indique-t-il en pesant ses mots.

Martin Dupras salue d’ailleurs le respect de l’équité générationnelle du comité D’Amours. En effet, puisque la rente de longévité serait, contrairement à la RRQ, un régime entièrement capitalisé, les travailleurs plus jeunes n’auront pas à payer pour les plus âgés. Il craint toutefois que les gens à plus faible revenu voient diminuer leur supplément de revenu garanti versé par le gouvernement fédéral au moment de la retraite.