Cette valeur ajoutée, nommée Indice de productivité du travail (IPT), est un indice créé par James O’Connor, responsable des institutions financières à l’ISQ.

À partir des données sur le PIB et l’emploi de l’industrie Finance et Assurance recueillies dans les quatre provinces canadiennes dotées d’une métropole financière d’envergure, l’ISQ propose une mesure simple de la productivité, qui est exprimée selon la valeur ajoutée produite par les emplois d’un secteur.

Ainsi, en 2011, l’industrie financière québécoise générait 17,8 % du PIB de l’industrie canadienne, et comptait pour 22,1 % des emplois. Le ratio de ces deux variables lui confère un IPT de 80,7 (17,8 %/22,1 %).

Le Canada, comptant 100 % des emplois au pays et générant 100 % du PIB, sert d’étalon par rapport auquel chaque province est mesurée.

Légère croissance pour le Québec

Notre première infographie illustre l’écart de chaque province par rapport à la moyenne nationale pour la période 2005-2011, dernière année pour laquelle l’IPT a été calculé.

On constate ainsi que le Québec affiche la plus faible performance quant à la valeur ajoutée, tandis que l’Ontario semble céder lentement, mais sûrement, sa place à l’Alberta. Depuis 2005 où il était de 111,7, l’indice albertain a gravi dix échelons et s’est établi à 121,6 en 2011.

Le Québec augmente cependant sa productivité du travail, alors que la valeur ajoutée de l’industrie financière se rapproche peu à peu de la moyenne nationale. Ainsi, en 2007, Québec affiche un indice de 78,4, qui s’établit à 80,7 en 2011.

De son côté, la Colombie-Britannique reperd ce qu’elle gagne. On assiste à la lente érosion de l’Ontario comme champion de la valeur ajoutée dans l’industrie financière canadienne.

Avantage à l’Ouest

La croissance fulgurante de l’Alberta comme créatrice de valeur ajoutée est démontrée par notre deuxième infographie : le boom immobilier, causé par l’important boom pétrolier, se reflète dans l’IPT des services bancaires, qui tirent une part importante de leurs revenus du crédit hypothécaire.

Ce serait aussi une des raisons qui donnent l’avantage à la Colombie-Britannique dans ce secteur : la valeur de l’immobilier à Vancouver étant ce qu’elle est, chaque transaction y est, par définition, à haute valeur ajoutée.

L’Alberta profite également d’une importante poussée de croissance en valeurs mobilières : plus de financement des activités pétrolières se traduit par d’importants appels publics à l’épargne, lesquels reflètent plusieurs transactions à haute valeur ajoutée.

Au Québec, mis à part le courtage d’assurance, les indices des secteurs sont stables ou légèrement changeants. D’une année à l’autre, les secteurs financiers représentés ici affichent de légers mouvements à la hausse ou à la baisse de leur IPT respectif. L’importante concentration de sièges sociaux d’assureurs à Québec confèrerait un léger avantage au Québec en termes de valeur ajoutée.

«Ce que j’ai démontré, c’est qu’on génère moins de valeur par employé au Québec que dans d’autres provinces», expliquait l’an dernier à Finance et Investissement l’auteur de la compilation statistique, James O’Connor.

Si l’industrie financière québécoise est davantage caractérisée par les services au détail, pour lesquels la valeur ajoutée est moindre, les provinces où l’industrie est davantage axée sur les grandes transactions financières obtiendront un score beaucoup plus élevé.

Au Québec, les acteurs importants ne mènent pas autant d’activités à valeur ajoutée que leurs concurrents canadiens, entre autres dans le marché lucratif des valeurs mobilières, où la valeur ajoutée générée par un seul employé est sans commune mesure avec ce qui est créé par un courtier de fonds communs. Un courtier qui vendra d’ailleurs des parts de fonds gérés à Toronto.

Les sièges sociaux sont également une variable importante. L’érosion qu’a subie Montréal à ce chapitre expliquerait en partie le faible résultat du Québec. L’importante concentration de sièges en Ontario fait ainsi en sorte que quoi qu’il arrive au pays, Bay Street en tirera un certain profit.

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