Une hausse de 100 points de base du rendement se traduira par une baisse de 8,75 %, ce qui est beaucoup plus que son coupon de 1,5 %.
Par ailleurs, une hausse de 100 points de base du rendement d’une obligation de 30 ans qui affiche un rendement de 2,36 % se traduira par une baisse de 18,3 % de sa valeur.
«Je ne crois pas que la majorité des gens qui détiennent une obligation à long terme sont conscients de ce risque, sans doute parce que personne n’a perdu d’argent dans les obligations depuis 30 ans, en raison de la baisse presque continue des taux durant cette période.
«Les gens ne sont pas prêts à subir des pertes sur ces titres qu’ils jugent « sans risque » ; la popularité de l’expression risk assets pour désigner les actions, les denrées et l’or perpétue cette erreur. Certes, le risque de non-paiement du capital à l’échéance est faible, mais il y a d’autres risques» soutient Jeff Weniger, stratège principal pour BMO Gestion mondiale d’actifs à Chicago.
«Ceux qui achètent ces titres à long terme à leur cours actuel, souvent bien au-dessus du pair, subiront une perte en capital à l’échéance. Certes, ces obligations ont un coupon d’intérêt qui compense cette perte. Cependant, la plupart des investisseurs ne comprennent pas ce mécanisme et supporteront la perte de capital, ce qu’ils ne peuvent concevoir pour des obligations, des placements dits « sûrs ». Ils auront une surprise très désagréable», confie Robert Swanson, cogestionnaire de la Catégorie de société canadienne de répartition de l’actif de Cambridge Gestion mondiale d’actifs avec Alan Radlo.
Les deux gestionnaires n’ont pas éliminé les obligations dans leur portefeuille, mais ils ont pris des mesures pour atténuer les risques.
«Nous n’avons pas à en détenir. Notre pondération actuelle n’est que de 10 %, soit 2 % en obligations de sociétés, 2 % en obligations à haut rendement et 6 % en obligations convertibles ; ces dernières ont l’avantage de prendre de la valeur lorsque les actions de la société grimpent, neutralisant l’effet d’une hausse des taux d’intérêt. Toutes ces obligations ont de courtes échéances, d’une durée moyenne inférieure à trois ans», précise Robert Swanson.
Jeff Weniger accorde aux obligations la pondération minimale que permet son mandat, soit 30 % : 11 % dans des obligations fédérales à court terme, 7 % en obligations provinciales à court terme, 9 % en obligations de sociétés à court terme et 3 % en obligations américaines à haut rendement.
Une perspective différente
À 26 % du portefeuille, Geoff Stein, cogestionnaire du Fonds Répartition d’actifs canadiens de Fidelity, ne sous-pondère que légèrement les obligations, dont la pondération de référence est de 30 %, mais qui peuvent fluctuer dans une fourchette entre 15 et 45 %.
«Les taux sont en effet très bas, voire négatifs lorsqu’on tient compte de l’inflation, et les rendements espérés sont donc limités», admet-il.
«Mais nous ne parions pas davantage contre les obligations, parce qu’il y a de bonnes raisons pour lesquelles les taux sont si bas depuis si longtemps et ils risquent de le rester un bon moment : la croissance est anémique et insuffisante pour faire bouger rapidement et de façon importante le chômage, et nous sommes toujours dans une lente sortie de la débâcle économique de 2008. Il y a de la capacité excédentaire dans beaucoup d’industries.
«La situation économique de l’Europe est toujours désastreuse, et la croissance des marchés émergents est beaucoup plus lente qu’auparavant. Ce n’est pas un environnement déflationniste où nous devons craindre une dépression, mais c’est certainement un environnement de faible inflation. Si nous envisagions une récession imminente, nous détiendrions beaucoup plus d’obligations», raisonne-t-il.
Geoff Stein ajoute que la réponse des autorités à cette situation a été une politique monétaire extrêmement accommodante. La banque centrale américaine (Fed) maintient sans fléchir depuis des années une politique de soutien exceptionnel à l’économie, notamment en achetant mensuellement pour 85 G$ US d’obligations et de titres adossés à des créances hypothécaires. Elle maintiendra les taux à long terme très bas aussi longtemps qu’elle le jugera nécessaire.
C’est pourquoi le scénario le plus probable à ses yeux est un rendement des obligations du Trésor américain de 10 ans qui oscille dans une fourchette comprise entre 1,4 %, leur creux de juillet 2012, et 2,06 %, leur sommet de mars dernier, et ce, pour un bon moment. Il pourrait atteindre 2,5 % dans le pire des cas.
La durée de son portefeuille d’obligations gouvernementales est légèrement inférieure à celle de l’indice Univers obligataire DEX, qui oscille autour de 6,9 ans.