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 Alors que les gouvernements du monde entier se demandent à quelles conditions il faut aider les entreprises, les gouvernements danois et polonais ont tranché : les entreprises profitant des paradis fiscaux ne seront pas éligibles à leurs programmes, rapporte L’OBS dans un article récent.

Le gouvernement danois, qui a prolongé son programme d’aide aux entreprises et a annoncé de nouvelles mesures pour augmenter les dépenses d’environ 100 milliards de couronnes (soit 15 milliards de dollars), est même plus sévère. Le ministre des Finances social-démocrate danois, Nicolai Wammen, a annoncé que les entreprises danoises qui versent des dividendes, rachètent leurs propres actions ou sont enregistrées ne seront pas non plus éligibles aux programmes d’aide.

Afin de prévenir le licenciement, le Premier ministre conservateur polonais, Mateusz Morawiecki, a également déclaré que les entreprises ne devaient pas se départir de leurs salariés pour profiter des mesures.

Depuis le début de la crise, les gouvernements du monde entier ont dépensé 9000 milliards de dollars pour aider les entreprises, selon le Fonds Monétaire International.

Un exemple pour le Canada

Québec solidaire, en la personne de Gabriel Nadeau-Dubois, et le responsable solidaire en matière de justice économique et fiscale, Vincent Marissal, demandent au gouvernement de la CAQ d’imiter les deux gouvernements du nord de l’Europe en excluant des mesures d’aide financière toutes les entreprises qui profitent des paradis fiscaux.

« En ces temps de crise économique et sanitaire, le gouvernement a la responsabilité d’envoyer une bouée de sauvetage à tous les citoyens et aux entreprises dans le besoin. Mais on ne peut pas dépenser des fonds publics pour sauver des joueurs qui ne respectent pas les règles du jeu et qui cachent leurs avoirs dans des paradis fiscaux. Ces entreprises-là ne devraient pas recevoir un sou de l’argent des contribuables », martèle Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon le rapport 2017 de l’organisme « Canadians for Tax Fairness », plusieurs grandes entreprises québécoises ont recours aux paradis fiscaux. Parmi celles-ci on compte ainsi Saputo, BMO, Power Corporation, Dollarama et Couche-Tard.

Vincent Marissal estime qu’il est impensable d’aider ces entreprises alors que celles-ci tentent de fuir leurs obligations fiscales.

« Chaque année, le Québec est privé de 800 millions de dollars, qui s’en vont directement dans les paradis fiscaux. C’est 800 millions qu’on a en moins pour investir dans nos hôpitaux, dans nos écoles ou dans nos CHSLD. Lorsqu’on profite de stratagèmes douteux pour contribuer le moins possible à la collectivité, il ne faut pas s’attendre à être sauvé par la collectivité en retour », déclare-t-il.

Les députés de Québec solidaire demandent donc au gouvernement Legault de resserrer les critères d’admissibilité à l’aide publique.