Banque Nationale Assurances, avec l’assurance vie PointPhare, et BMO Assurance, avec une vie temporaire, viennent de faire leur entrée dans ce secteur qu’on désigne parfois sous l’expression de produits à émission garantie.
Étant donné qu’elles ne nécessitent pas d’examen médical ni de tests sanguins, ces polices sont disponibles presque sans délai, en ligne, avec ou sans intervention d’un conseiller.
De plus, compte tenu du fait que les montants d’assurance sont beaucoup moins élevés que ceux des protections traditionnelles, elles s’adressent aux consommateurs qui veulent des protections simples, qui s’obtiennent rapidement.
«Ce secteur est en forte croissance», remarque Yan Charbonneau, président de l’agence générale AFL Groupe financier.
«Les gens sont de plus en plus mal en point. Par conséquent, la demande augmente au point où environ un cas sur dix relève maintenant de ce type de produit», explique Yan Charbonneau.
Certaines personnes, ajoute-t-il, ne sont pas admissibles à des produits traditionnels parce qu’elles ont trop de points d’inaptitude ou qu’elles ont eu un problème de drogue. D’autres, qui sont maintenant dans la cinquantaine, ont des problèmes de santé.
Les X, les Y et les autres
Y aurait-il d’autres raisons pour expliquer l’appétit grandissant des assureurs à l’égard des produits à émission simplifiée ?
«Ces produits sont la porte d’entrée sur la génération X et les suivantes», avance Robert Landry, conseiller et ancien vice-président exécutif d’AXA Canada.
Ces consommateurs ont des réflexes d’internautes, souligne-t-il. «Ils achètent sur Amazon et reçoivent leur commande deux ou trois jours plus tard. C’est ce qu’ils recherchent dans les protections à émission simplifiée, qui sont faciles à comprendre et à acheter.»
La Financière Manuvie a résisté à la vague jusqu’à présent. Cela ne signifie pas qu’elle se contentera d’un rôle de spectateur.
«Nous ne sommes pas insensibles aux produits à émission simplifiée et nous ne les rejettons pas. Cependant, nous n’en sommes pas là», précise Guy Couture, vice-président régional, Ventes, Marché des particuliers.
Ce dirigeant constate, lui aussi, l’attrait d’Internet auprès des plus jeunes. «Mais sont-ils réellement prêts à souscrire une police d’assurance vie en ligne ? Cela reste à voir», dit-il.
Vente directe sur Internet
En revanche, le vent a tourné chez BMO Assurance.
«Nos sondages auprès des conseillers indépendants montrent une chose très importante : beaucoup de clients recherchent des produits simples avec une tarification rapide», explique Daniel Walsh, vice-président, Développement des affaires, Québec et Atlantique.
«Dans le cas des produits traditionnels, la réponse du tarificateur peut prendre quelques semaines, sinon quelques mois. Pour une police à émission rapide, elle est presque instantanée», souligne-t-il.
Cet automne, BMO Assurance met en marché son premier produit à émission simplifiée, une vie temporaire 65 ans avec avenants en maladies graves et invalidité.
Distribuée dans le réseau des conseillers indépendants de l’assureur, cette protection sera également disponible à la vente directe, sur Internet.
«Ces différentes plateformes répondent à différents besoins de clientèles diversifiées», soutient Daniel Walsh.
Les conseillers aussi
Assomption Vie est sans conteste un pionnier des produits à émission rapide.
En 2012, l’assureur francophone de Moncton, au Nouveau-Brunswick, avait éliminé les produits qui ne cadraient plus avec sa plateforme électronique consacrée aux produits à émission simplifiée. La vie universelle Odyssée et une vie entière traditionnelle ont alors disparu.
«Oui, les jeunes consommateurs vont sur Internet. Mais les jeunes conseillers aussi. Ils ne veulent pas s’embarrasser des formulaires papier», dit Jacques Pinet, vice-président, développement des affaires.
«En plus, lors du renouvellement des contrats, ils n’ont pas à rencontrer leurs clients en personne», explique-t-il.
Assomption Vie veut implanter la signature électronique des documents d’ici la fin de 2015, ce qui lui permettra de boucler la boucle dans la transmission intégrale des données par voie électronique.
Cela dit, comment l’Assomption Vie réagit-elle à l’arrivée massive des assureurs sur son terrain de prédilection ?
«Ce changement était inévitable. Nous nous adapterons en nous différenciant des autres par une qualité élevée du service à la clientèle», affirme Jacques Pinet.
Il cite l’exemple des systèmes de messagerie vocale des grandes entreprises. «Chez nous, pour joindre la bonne personne, il ne sera jamais question d’appuyer sur la touche un, sur la touche deux et ainsi de suite. Le service rapide et personnalisé, c’est ce qu’un assureur de niche peut offrir à sa clientèle», précise-t-il.