Une image de la carte du monde en rouge, devant laquelle est inscrite coronavirus.
oonal / iStock

Plus de la moitié (60 %) des membres de CFA Montréal pensent que la récession durera moins d’un an au Canada, selon un récent sondage qu’a mené l’association de professionnels.

Quelque 44 % des répondants sont d’avis qu’elle durera entre 6 mois et un an, et 16 % estiment sa durée à moins de 6 mois. Seul un quart d’entre eux croient que la récession s’étalera sur 12 à 18 mois au pays, tandis que 4 % prévoient qu’elle persistera plus de deux ans.

« La COVID-19, c’est un peu comme un cataclysme : une fois qu’on trouvera des traitements ou des solutions, la situation devrait se rétablir rapidement », dit Carl Robert, président de CFA Montréal.

« D’autant plus qu’on rentre en récession en situation relativement de force sur le plan de l’économie : le taux de chômage est bas, il n’y avait pas de problème d’inflation. Et les gouvernements et les banques centrales ont été très actifs, ce qui est positif », ajoute-t-il.

Les répondants au sondage sont toutefois un peu plus pessimistes en ce qui concerne les États-Unis. Ainsi, 57 % prévoient que la récession touchera à son terme en moins d’un an, et 29 % pensent qu’elle durera entre 12 et 18 mois.

D’un à deux ans pour récupérer

Par ailleurs, la majorité des répondants (78 %) jugent qu’il faudra entre un et deux ans pour que le marché récupère ses pertes actuelles. Toutefois, les trois quarts des sondés ne s’attendent pas à ce que le Canada connaisse une déflation comme le Japon.

« Tout dépend de la reprise sur le plan sanitaire et de la capacité des gouvernements à contrôler cette récession. Il y a beaucoup d’incertitudes », note Carl Robert, qui estime cependant peu probable qu’une déflation ait lieu.

« Le dollar canadien est flexible, contrairement au dollar américain, par exemple. Donc, la probabilité d’avoir une déflation au Canada est certainement moins élevée qu’aux États-Unis », précise-t-il.

Parmi les continents qui se remettront le plus rapidement de la crise, l’Asie sort grande favorite avec 65 % des réponses, suivie de l’Amérique du Nord, avec 34 %.

« Les marchés asiatiques et nord-américains sont plus résilients avec une population plus jeune et plus dynamique. L’Asie en particulier a géré rapidement l’épidémie de la COVID-19 et est positionnée pour récupérer plus vite que tous les autres continents », affirme l’un des sondés.

D’autres expliquent leur choix en raison des nombreux investissements faits par les gouvernements et des politiques monétaires accommodantes des banques centrales mises en œuvre dans ces régions pour réagir à la situation.

Carl Robert comprend que les répondants jugent que l’Asie et l’Amérique du Nord s’en tireront plus rapidement que l’Europe. « En Europe, c’est plus dur d’avoir une réaction unifiée, car ce n’est pas un pays, mais une constellation de pays avec plus ou moins de liens. Et il y a beaucoup d’endettement là-bas. »

Occasions à saisir

La majorité des membres de CFA Montréal qui ont participé au sondage (72 %) s’attendent à ce que les meilleures occasions à court terme soient dans les marchés boursiers, suivis des marchés obligataires (27 %), des devises (22 %) et des placements privés (20 %).

« Les marchés publics en général réagissent très vite à toute fluctuation, puisque les négociations se font en temps réel. Ce sont eux qui ont répondu le plus abruptement à la crise, constate Carl Robert. Juste sur une base de dévaluation, les marchés boursiers se retrouvent dans des positions qui pourraient être intéressantes. »

Pour ce qui est des actions, selon les professionnels interrogés, les secteurs de la technologie de l’information seront particulièrement intéressants à court terme (46 %), suivis des soins de santé (41 %), du secteur financier (35 %) et de la consommation de base (31 %).

Carl Robert juge normal que les secteurs de la technologie et de la santé figurent en premier, étant donné que la crise est d’origine sanitaire. Toutefois, il appelle à une certaine prudence à l’égard des perspectives du secteur financier.

« C’est une zone grise, il y a des points positifs et négatifs. Les banques sont considérées comme des services essentiels et les gens ont besoin de leurs planificateurs financiers, mais il y a moins d’actifs à gérer pour les firmes. Il faut donc s’attendre à une baisse de revenus pour celles-ci », explique-t-il.

Les sondés croient que les actifs dans les catégories de l’immobilier (35 %), des marchés obligataires (33 %), des placements privés (30 %) et des fonds de couverture (26 %) sont ceux qui subiront le plus les effets négatifs de cette crise à long terme.

Des pratiques à revoir

Fait intéressant, certains CFA envisagent de revoir certaines pratiques comme la gestion de risque, la répartition d’actif, le rééquilibrage et la gestion de portefeuille.

Comme l’on pourrait s’y attendre en raison de la crise, une majorité de répondants (55 %) comptent revoir leur gestion de risque. « Quand on est en situation de crise, la première préoccupation consiste à protéger le capital : gérer le risque est donc primordial », commente Carl Robert.

Une bonne proportion des sondés prévoient réviser leur répartition d’actif (46 %) et le rééquilibrage (44 %) de leur portefeuille. Cela s’explique par le fait qu’ils veulent jouer de prudence en misant sur une bonne diversification, selon Carl Robert.

Enfin, plus du tiers (38 %) des répondants s’attendent à revoir leur gestion de portefeuille. « C’est essentiel, mais c’est un peu en marge de la répartition d’actif », dit Carl Robert, qui n’est pas étonné que cette mesure se classe après les autres.

CFA Montréal a réalisé ce sondage en ligne auprès de ses 2 900 membres du 2 au 13 avril dernier, et 306 d’entre eux y ont répondu.