Une tirelire tentant de fuir le coronavirus.
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Le choc économique généré par l’épidémie de la COVID-19 a probablement causé des dommages permanents à l’économie canadienne. Le secteur des services, durement touché, ne récupérera jamais la production perdue lors de l’imposition d’un verrouillage généralisé des activités, selon les Services économiques TD.

Dans un nouveau rapport, la Banque TD indique que le ralentissement économique a été à la fois brutal et rapide. Ce ralentissement est également inhabituel dans la mesure où le secteur des services a subi le plus gros des dommages, selon le rapport.

Par exemple, pendant la récession qui a suivi la crise financière, les secteurs incluant la production de biens ont enregistré environ 70 % des pertes d’emplois, selon la Banque TD. Cette fois-ci, ces secteurs n’ont subi qu’environ 20 % des pertes, l’essentiel de l’impact se situant dans ceux des services.

« Cela rend le choc actuel plus permanent, car il n’y a pas de retour en arrière pour la prestation non-effectuée d’une coupe de cheveux ou d’un massage supplémentaire », selon le rapport.

« Les revenus et les dépenses des travailleurs du secteur des services ne rattraperont probablement pas le terrain perdu après des mois de mesures de distanciation sociale », indique le rapport. Il ajoute que cela signifie qu’une partie de l’activité économique sera perdue de façon permanente.

Il existe également une grande incertitude quant à la manière dont l’économie se redressera, outre la perte de production permanente.

La Banque TD a fait remarquer qu’un manque d’investissement de la part des entreprises canadiennes, observé depuis longtemps, pourrait compromettre la capacité de l’économie à se redresser rapidement.

« La tendance à la baisse des investissements en capital par rapport à la population pourrait s’accélérer, sapant davantage la croissance économique », a déclaré la Banque TD.

En outre, l’impact de la pandémie sur l’immigration – qui est un moteur essentiel de la croissance économique canadienne – pourrait également freiner la reprise.

« Bien que le gouvernement fédéral ait réitéré ses objectifs d’immigration à moyen terme, si le Canada devenait moins attrayant en tant que destination, la croissance à long terme serait en danger », a déclaré la Banque TD.

« Par exemple, une réduction de moitié du rythme de l’immigration ferait passer le taux de croissance à long terme du Canada d’environ 1,6 %-1,7 % à un taux beaucoup plus modeste de 1,3 %-1,4 % », selon le rapport.

En outre, les pertes d’emploi ont frappé les jeunes travailleurs de manière disproportionnée, ce qui peut également avoir des effets négatifs à long terme. « Le défi n’est pas seulement pour ceux qui ont perdu leur emploi, mais aussi pour les jeunes Canadiens qui obtiennent leur diplôme dans un marché du travail déprimé, a déclaré la Banque TD. Par rapport aux autres cohortes, ces personnes pourraient devoir se contenter de revenus constamment inférieurs, pendant une décennie ou plus ».

À court terme, il reste également beaucoup d’incertitudes, étant donné que la reprise dépend largement de la capacité de l’activité économique à reprendre face à une menace persistante pour la santé publique.

La Banque TD a déclaré que, dans l’ensemble, elle s’attend à ce que la reprise soit en « U », même si le PIB ne devrait pas retrouver son niveau d’avant la pandémie avant le début de 2022, et que la trajectoire de la reprise variera largement d’un secteur à l’autre.

Les taux d’intérêt devraient également rester à leur niveau actuel jusqu’en 2022 « au minimum », a déclaré la Banque TD.