Pour cela, ils doivent avoir un fil conducteur, et celui sur lequel il faut mettre l’accent est sans aucun doute l’autonomisation (empowerment) du public.

Des ressources pour choisir

Pourquoi ? Les mesures qui autonomisent le public permettent aux investisseurs d’avoir une meilleure compréhension des produits financiers et une réflexion indépendante. Au lieu de mettre en place des mesures qui réduisent au minimum la participation du public à ses décisions financières, on devrait plutôt lui fournir les ressources nécessaires pour choisir ceux qui conviennent le plus à ses besoins parmi une multitude de produits concurrentiels. Cette recette nous conduira à la réussite à long terme.

Pour faire le point, il convient d’analyser certaines mesures qui sont très positives et certaines autres qui ont certainement du mérite, mais qui pourraient encore être améliorées.

Commençons par la première catégorie. Récemment, deux nouvelles mesures sans égales dans le monde ont été mises en oeuvre dans le secteur des services financiers canadiens. L’un est la phase 2 du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2), et l’autre est le projet de l’Information au moment de la souscription.

Les règles du MRCC 2 s’appliquent à de nombreux produits financiers – les fonds communs de placement, les fonds négociés en Bourse, les actions et les titres de créance -, et entreront en vigueur progressivement d’ici 2016.

Lorsque les nouvelles règles seront bien en place, les investisseurs recevront une déclaration qui indique clairement le rendement de leurs investissements depuis qu’ils ont commencé à investir. En outre, les investisseurs recevront un relevé annuel indiquant le montant qu’ils paient pour leurs produits d’investissement.

L’information au moment de la souscription s’applique aux fonds communs de placement et aux fonds distincts, et fournit en langage simple et graphique un résumé du prospectus du fonds, appelé Aperçu du fonds, qui présente l’information essentielle à la prise de décision.

Ces deux mesures ont comme point commun l’autonomisation des investisseurs. Elles permettent au public d’avoir une meilleure compréhension de ses placements de sorte que les investisseurs puissent avoir une discussion plus fructueuse avec leur conseiller et prendre des décisions plus éclairées.

Davantage favoriser le conseil

Dans la seconde catégorie, celle des mesures qui sont intéressantes, mais qui requièrent certaines améliorations, il y a plus près de nous, la mise en place récente au Québec du régime volontaire d’épargne-retraite (RVER), une initiative que l’industrie des fonds communs a accueillie favorablement.

Le régime a beaucoup de mérites, notamment d’essayer de fournir l’accès à un régime d’épargne-retraite en milieu de travail à la plupart des Québécois qui n’en ont pas actuellement. Cependant, le RVER pourrait avoir plus d’impact pour la société si les participants à ce régime étaient encouragés à travailler avec un conseiller (le régime permet actuellement l’accès au conseil, mais ne l’encourage pas).

L’impact serait alors double. Non seulement nous procurons aux Québécois l’occasion d’épargner, mais, avec le conseil, ils pourront prendre des décisions plus adaptées à leurs besoins spécifiques. En bref, le conseil aiderait à autonomiser les participants au régime. Des études récentes ont démontré que ceux qui reçoivent des conseils accumulent, à long terme, plus de deux fois et demie plus de richesse que ceux qui n’en reçoivent pas.

Problèmes d’une tarification imposée

Finalement, nous ne pouvons passer sous silence certaines mesures inefficaces adoptées à l’étranger. Des pays, tels que le Royaume-Uni et l’Australie, ont pris la décision d’imposer une structure de tarification sur honoraires entre le conseiller et le client et, ainsi, d’interdire les commissions de suivi à l’industrie des fonds communs. Cela a eu l’effet négatif de réduire l’accès au conseil aux petits et moyens investisseurs. Loin de l’autonomiser, ces mesures ont au contraire eu des effets très négatifs sur le public.

L’industrie des fonds communs de placement au Québec a récemment dépassé la barre des 200 G$ en actif sous gestion, d’après Investor Economics. Ce chiffre est comparable à l’actif net des déposants de la Caisse de dépôt et placement du Québec. C’est, de la part des investisseurs, une confiance que notre industrie apprécie beaucoup, et nous croyons humblement que cette réussite est due au fait que les investisseurs sont habilités par l’ensemble de leur expérience d’investissement, qui comprend principalement le travail avec un conseiller.

Toutes les parties ont de bonnes intentions, mais, comme c’est souvent le cas, la différence est dans le «comment» plutôt que dans le «quoi». Cela peut sembler une tâche difficile de surmonter tous les défis auxquels les Québécois font face en matière de finances personnelles. Cependant, si nous nous concentrons sur le bon objectif, nous réussirons.

Cet objectif devrait être de s’assurer que toute mesure vise à autonomiser le public et à lui donner une part participative dans la planification, afin qu’avec le soutien professionnel requis, il prenne ses finances personnelles en mains.