En raison de cette annonce faite mardi par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), la Nationale et ses cinq grandes rivales, la Royale, la TD, la Banque de Montréal, la Scotia et la CIBC, devront détenir au moins huit pour cent de leur capital sous forme d’actions ordinaires ou de bénéfices non répartis, et ce, d’ici 2016.

Pour les institutions de plus petite taille comme la Banque Laurentienne, le ratio actuel de sept pour cent continuer de s’appliquer.

Des six grandes banques canadiennes, la Nationale est la seule qui ne respecte pas à l’heure actuelle le futur seuil de huit pour cent, son ratio de capital de première catégorie s’élevant à 7,9 pour cent. Pour dépasser les huit pour cent, l’institution devra mettre plus d’argent de côté, ce qui pourrait ralentir la croissance de son dividende pendant un certain temps.

Mercredi, à l’occasion d’une conférence sur les services financiers organisée par la Banque Nationale, M. Vachon a voulu mettre l’accent sur le bon côté du verdict d’Ottawa, lequel était largement escompté par les marchés.

Le dirigeant a noté que les investisseurs, les agences de notation de crédit et les organismes de réglementation imposaient depuis longtemps à la Nationale les mêmes attentes en matière de capitalisation qu’aux cinq plus grandes banques. Dans de telles circonstances, « je préfère franchement faire partie du club que de ne pas y être tout en étant soumis aux mêmes normes », a-t-il souligné.

En réponse à la question d’un analyste, Louis Vachon a ensuite dit espérer que les agences de notation « prennent bonne note » de la désignation de la Banque Nationale comme institution d’importance systémique. Cela pourrait avoir une influence positive sur la cote de crédit de la Nationale puisque le gouvernement fédéral est plus susceptible de procéder au sauvetage d’une banque d’importance systémique dans l’éventualité d’une crise financière.

M. Vachon a par ailleurs affirmé mercredi qu’il préférait remettre aux actionnaires le capital excédentaire de la banque plutôt que d’accumuler celui-ci dans l’espoir un jour de réaliser des acquisitions ou des investissements importants.

« Je pense que dans plusieurs pays, particulièrement pendant la période allant de 2004 à 2007, c’est une recette qui a mené au désastre, a-t-il estimé. Au lieu de retourner le capital aux actionnaires, (les banques) l’ont investi dans leur croissance ou dans des transactions d’ordre secondaire. Or, dans l’industrie des services financiers, compte tenu de l’endettement élevé, une mauvaise acquisition peut causer d’importants dommages. (…) Si une acquisition intéressante se profile à l’horizon et que nous avons besoin d’émettre des actions pour la financer, nous le ferons à ce moment-là. »

Interrogé au sujet de la vive concurrence que se livrent actuellement les banques dans le secteur des prêts hypothécaires résidentiels, Louis Vachon a reconnu qu’il s’agissait d’une « guerre des prix », mais il a soutenu que la situation était moins « féroce » que l’an dernier, en raison notamment des conditions restrictives rattachés aux offres promotionnelles.

M. Vachon a finalement révélé que la Banque Nationale s’intéressait de nouveau, de façon graduelle, au marché des cartes de crédit après y avoir « sous-investi » au cours des dernières années, pour des motifs de contrôle des risques principalement. Une campagne de marketing effectuée plus tôt cette année a donné de bons résultats, a-t-il indiqué.