Un homme avec les mains menottées dans le dos.
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Les arnaques par usurpation d’identité, déjà parmi les plus coûteuses aux États-Unis, sont désormais organisées depuis l’intérieur même des prisons, signale un article de Forbes.

Récemment, un détenu d’une prison fédérale de l’État de Géorgie, Russell Tafron Weatherspoon, a été condamné par la justice américaine pour avoir monté une fraude entre mars 2022 et avril 2024, alors qu’il était en détention. Avec ses complices, il appelait des victimes à travers le pays en se faisant passer pour des policiers locaux. Pour donner de la crédibilité à leurs menaces, les escrocs utilisaient une application de « spoofing », qui faisait apparaître le numéro de téléphone de véritables agences de police sur l’afficheur des victimes.

Un autre détenu qui était incarcéré dans le même État a été inculpé dans un cas de fraude similaire. Se faisant passer pour un fonctionnaire, il a appelé une infirmière de 30 ans pour lui reprocher de ne pas s’être présentée à un jury. Menacée d’arrestation, la victime a été sommée de verser près de 17 000 $ via un prétendu « Bonding Transition Center », qui s’est avéré être un distributeur de Bitcoin redirigeant les fonds vers le compte du détenu. Selon les procureurs, le fraudeur utilisait un téléphone portable introduit clandestinement en prison par drone pour mener son stratagème.

Comment reconnaître une fraude ?

Ces escroqueries exploitent la peur d’une arrestation imminente pour forcer une réaction immédiate. Dans le cas de fraudes commises sur le territoire américain, plusieurs indices permettent de les repérer et peuvent servir de signaux d’alarme également au Canada :

  • les convocations au jury sont toujours envoyées par courrier ;
  • aucun tribunal ne contacte par téléphone ou texto pour menacer d’arrestation ;
  • aucun paiement n’est jamais exigé au téléphone, que ce soit en cryptomonnaie ou via des cartes-cadeaux ;
  • les forces de l’ordre n’appelleront jamais pour exiger une rançon en échange de l’annulation d’un mandat ;
  • et les avis officiels passent uniquement par des documents écrits.

En cas de doute, il ne faut jamais céder à la panique. Il est plutôt indiqué de vérifier auprès des instances officielles avant d’effectuer toute transaction.

Une criminalité en pleine évolution

Les fraudeurs exploitent les nouvelles technologies pour perfectionner leurs arnaques. Entre numéros falsifiés, cryptomonnaies et téléphones introduits clandestinement en prison, ils utilisent des outils perfectionnés pour tromper leurs victimes. Leur connaissance du vocabulaire juridique ou financier renforce l’illusion.

Dans un rapport récent, la Federal Trade Commission (FTC) signale que les escroqueries par usurpation d’identité ont coûté plus de 4 milliards de dollars (G$) aux Américains en 2024, se classant au deuxième rang des fraudes les plus coûteuses derrière les arnaques d’investissement, qui ont couté quelque 8 G$.

Au total, les consommateurs américains ont perdu plus de 17 G$ dans des fraudes en 2024, une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente. La proportion de personnes ayant signalé une fraude et perdu de l’argent est passée de 27 % en 2023 à 38 % en 2024. Les pertes liées aux paiements par virements bancaires et cryptomonnaies ont surpassé celles liées à tous les autres modes de paiement combinés.

Depuis 2020, les signalements d’adultes de 60 ans et plus déclarant avoir perdu 10 000 $ ou plus aux mains d’imposteurs se faisant passer pour des agences gouvernementales ou des entreprises de confiance ont été multipliés par quatre. Les pertes signalées par les personnes âgées ayant perdu plus de 140 000 $ ont quant à elles été multipliées par huit, passant de 77,5 millions en 2020 à 620 millions de dollars en 2024. Si les consommateurs plus jeunes ont également rapporté des escroqueries, les personnes âgées étaient beaucoup plus susceptibles de signaler des pertes élevées.