Dennis Mitchell, qui travaillait à Sentry depuis 10 ans et qui était chef des placements depuis 2012, a laissé une profonde empreinte dans la culture des placements de la société, qui est devenue l’une des plus grandes firmes de gestion d’actifs au Canada. Outre ses fonctions de chef des placements, M. Mitchell s’était fait le principal apôtre, auprès de l’extérieur, du style conservateur axé sur le revenu de Sentry, bichonnant la croissance de la firme à 18 milliards de dollars (G$).
Les circonstances entourant le renvoi de M. Mitchell ne sont pas tout à fait claires. Le président et chef de la direction de Sentry Phil Yuzpe a refusé de fournir des détails, invoquant des raisons de confidentialité, mais, a-t-il insisté, ce départ n’a rien à voir avec ses responsabilités de gestionnaire ou des questions de conformité.
Les fonds Sentry ont fourni des rendements solides sous le mandat de M. Mitchell, notamment son produit phare coté Bronze par Morningstar, le Fonds canadien de revenu Sentry. Il a également recruté de jeunes analystes pour soutenir la croissance de la base d’actifs et de la gamme de fonds de la firme. Malgré l’expansion du catalogue de la société et l’ajout de nouveaux mandats, il a continué de prôner une philosophie d’investissement unique.
L’influence de M. Mitchell a semblé par contre moins positive à d’autres égards. Plutôt que de contrôler la croissance de ses fonds dans la limite de leurs capacités, il prônait une approche consistant à modifier leur approche du placement pour accommoder la croissance de leur base d’actifs. Ce fut le cas récemment du Fonds de revenu à petite/moyenne capitalisation Sentry, de 1,5 G$, qui a élargi sa participation aux avoirs américains et aux titres de moyenne capitalisation en réponse au resserrement de sa capacité.
Lors d’une rencontre avec les analystes de Morningstar, M. Mitchell a signalé que le fonds pourrait gonfler sa participation aux titres de moyenne capitalisation pour gérer plus de capitaux, ce qui signifierait que les anciens investisseurs ne disposeraient plus du portefeuille axé sur les petites capitalisations dans lequel ils avaient initialement investi.
M. Mitchell était loin d’être seul à façonner la culture de placement de Sentry. Le nouveau chef des investissements, Sandy McIntyre, a tout autant contribué à modeler la culture de Sentry. Il était le prédécesseur de M. Mitchell au poste de chef des placements de 2008 à 2012, et a exercé les fonctions de chef adjoint de la direction jusqu’en janvier 2015.
À la fin des années 2000, M. McIntyre a joué un rôle essentiel dans le changement de stratégie de Sentry, qui consistait précédemment à lancer des fonds à capital fixe à la mode, mais dont la valeur à long terme était douteuse. Bien qu’ayant rendu la firme plus conviviale pour les investisseurs, Sentry a continué à avoir du mal à aligner ses intérêt sur ceux des porteurs de parts. Pour inciter les conseillers à investir dans le Fonds de revenu canadien Sentry, par exemple, celui-ci fait payer une commission de suivi importante de 1,25 % (en échange des conseils et des services prodigués par les conseillers, comparativement à une moyenne de 1 % pour l’industrie). Le Fonds de revenu canadien Sentry gère aussi la croissance de ses actifs en ajoutant à son portefeuille des avoirs à plus grande capitalisation et des titres américains.
M. McIntyre prend également la relève de certaines responsabilités de gestion de portefeuille de M. Mitchell. Il succède à M. Mitchell dans le rôle de gestionnaire principal des portefeuilles mondiaux de la firme, notamment les Fonds de croissance et de revenu mondial Sentry, Fonds de revenu équilibré mondial Sentry, le relativement récent Fonds de revenu mondial à moyenne capitalisation Sentry, et du volet d’actions mondiales des quatre Portefeuilles de pension personnels Sentry. M. McIntyre, ancien cogestionnaire du Fonds de revenu canadien Sentry, est un expert de la gestion de portefeuille, mais pas des actions mondiales.
M. McIntyre a réduit ses responsabilités quotidiennes au sein de la firme. Lorsqu’il a démissionné de son poste de chef adjoint de la direction en janvier, il est devenu vice-président, et continue d’exercer cette fonction. M. Yuzpe a déclaré qu’à son avis, M. McIntyre demeurerait chef des placements et gestionnaire de portefeuille pendant longtemps.
M. Mitchell était aussi cogestionnaire du Fonds de placement immobilier Sentry. Michael Missaghie a désormais le plein contrôle de ce fonds. Auparavant, M. Missaghie supervisait davantage la gestion quotidienne de ce produit, dont il est cogestionnaire depuis 2010, et les investisseurs ne devraient pas s’attendre à d’importants changements.
Les investisseurs n’ont pas à craindre que ces nouvelles affectent les fonds que M. Mitchell ne gérait pas, comme le Fonds canadien de revenu Sentry. Puisque la gestion de ce fonds n’a pas changé, nous lui conservons notre cote Bronze.