kuprevich / 123rf

Les mises à pied ne sont pas terminées, si l’on en croit Nigel D’Souza, analyste principal chez Veritas Investment Research en entretien avec Larysa Harapyn du Financial Post. Selon lui, les grandes banques canadiennes sont soumises à nombre de vents contraires et beaucoup sont hors de contrôles. Elles se rattrapent donc sur les éléments qu’elles peuvent influencer soit leurs dépenses et leurs effectifs.

Depuis le milieu de l’année, nous assistons à de nombreuses suppressions d’emplois chez les grandes institutions canadiennes. Vers la fin de mois d’août, la Banque Royale du Canada (RBC) annonçait qu’elle prévoyait de supprimer 1 à 2 % de ses effectifs équivalents temps plein au troisième trimestre, en plus du 1 % qu’elle avait déjà supprimé au cours du deuxième trimestre de 2023.

Le directeur général Dave McKay expliquait cette décision en mentionnant le ralentissement de la croissance et la baisse de l’inflation attendue « en raison de l’impact décalé de la politique monétaire, combiné à un ralentissement en Chine et à des risques climatiques et géopolitiques élevés ». Elle disait ainsi vouloir contrôler davantage ses dépenses.

En octobre c’était au tour de Desjardins d’annoncer de nouvelles mises à pied. La coopérative avait ainsi coupé près de 400 postes, une deuxième contrition en l’espace de quelques mois. Encore une fois, la direction disait vouloir adopter « une gestion prudente » de ses dépense.

« Cette saine gestion nous amène à surveiller nos coûts, que ce soit par exemple: de profiter de l’attrition naturelle, d’évaluer la pertinence de nos postes vacants ou encore d’avoir les espaces de bureau correspondant à la réalité du travail hybride par exemple », expliquait alors le porte-parole Jean-Benoît Turcotti.

Une situation qui continue

Et ces facteurs qui ont poussé ces institutions à agir de la sorte sont toujours présents, souligne Nigel D’Souza. Les banques luttent sur plusieurs fronts, rappelle-t-il. Elles voient notamment leurs coûts de financement augmenter, les demandes de prêts ralentir et leurs dépenses augmenter. Et le seul facteur sur lequel elles peuvent avoir de l’influence c’est bien leurs dépenses.

« Pour défendre leur marge de profit, les banques vont utiliser le seul levier quelles ont c’est-à-dire réduire leur nombre d’employés et réduire leurs dépenses », résume l’expert.

Il souligne toutefois que ce n’est que temporaire. Il s’agit d’un processus cyclique, on peut donc s’attendre à ce que la situation s’inverse, mais pas dans un avenir proche.

« Je continue de penser que nous nous trouvons au milieu de la période de ralentissement, nous ne sommes pas encore près de la fin de cette période », souligne l’expert.

« […] les taux d’intérêt sont élevés et la croissance économique ralentit. Dans ces conditions, il est probable qu’une nouvelle réduction des effectifs s’impose », prévient-il.

« Je pense qu’il y aura encore des réductions, peut-être davantage par attrition que par restructuration pure et simple », tempère-t-il toutefois.

Quant au renversement de cette situation, il estime qu’elle ne surviendra pas avant la seconde moitié de 2024, au moins. Donc il va falloir prendre notre mal en patience.