La rente longévité devrait ainsi être partiellement capitalisée à l’instar du Régime des rentes du Québec (RRQ), suggère celui qui est à l’origine programme québécois d’assurance-maladie. Actuellement, le RRQ est capitalisé à 15 %, si bien que 85 % des prestations sont payées à même les cotisations des travailleurs et des employeurs actuels, d’après le rapport D’Amours.

Pour éviter cette situation qui « peut être source d’iniquité, lorsqu’il y a des variations dans la composition générationnelle de la population », le rapport d’Amours proposait plutôt que la rente longévité soit un régime à prestation déterminée entièrement capitalisé, c’est-à-dire que la valeur de son actif serait égale aux sommes promises aux prestataires.

Dans son rapport, Claude Castonguay montre « la rente longévité pleinement capitalisée serait nettement insuffisante pour l’ensemble des travailleurs de 40 ans et plus lors de la création du régime » qui n’a aucun régime complémentaire de retraite. « Or, c’est avant tout pour ces travailleurs que le problème de la retraite se pose. C’est un problème de taille puisque, simplement au cours des dix prochaines années, plus d’un demi-million de travailleurs atteindra 65 ans », lit-on dans le document.

Dans sa forme proposée, la rente longévité assurerait seulement aux travailleurs âgés de 25 ans à la création du régime, et qui auraient cotisé sans interruption pendant 40 ans, à une rente leur permettant de remplacer par les différents régimes publics, comme le RRQ et la Pension de sécurité de la vieillesse, environ 60 % de leur salaire à 75 ans, d’après le rapport.

Selon Claude Castonguay, un taux de remplacement d’au moins 60 à 70 % du salaire précédant la retraite est nécessaire pour maintenir unniveau de vie acceptable pour les retraités. « La rente longévité pleinement capitalisée ne résiste pas au test de la réalité », estime le chercheur.

Une transition de 10 ans

La rente longévité revisitée fournirait aux travailleurs une pleine rente longévité de 20 % de leur salaire dès la dixième année après la création du régime, propose Claude Castonguay.

« Pour les travailleurs gagnant un salaire de 50 000 $, leur revenu de retraite provenant s’élèverait, à compter de 75 ans, à environ 30 000 $ par année. L’objectif d’un taux de remplacement de 60 % serait en conséquence atteint à toute fin pratique », lit-on dans le document deClaude Castonguay.

Ce mode de financement de la rente longévité serait donc fait par l’intermédiaire d’un transfert intergénérationnel et « les plus jeunes travailleurs sont susceptibles de s’objecter à un tel transfert », observe-t-il.

Cependant, « les transferts intergénérationnels font, depuis des décennies, partie du fonctionnement de nos sociétés », soutient Claude Castonguay : « On doit aussi être conscient du fait qu’en l’absence d’une forme d’épargne obligatoire, les travailleurs sans régimes complémentaires n’auront d’autre choix que de faire appel au Supplément du revenu garanti ou à l’assistance sociale. C’est la population active qui devra alors supporter la totalité de cette charge. »