daniloforcellini / 123rf

Les départs à la retraite anticipés creusent le déficit de l’Arabie Saoudite qui s’élève déjà à 800 milliards de riyals, soit 264 milliards de dollars canadiens. Pour cette raison le pays songe à reformer son système de retraite.

Les responsables de la General Organization for Social Insurance (GOSI), qui gèrent les pensions des secteurs privé et public, tirent la sonnette d’alarme : le système de retraite saoudien n’est plus viable. L’État cherche des solutions pour rétablir la situation et parmi celles envisagées le gouvernement envisage de demander aux citoyens de travailler plus longtemps pour cotiser davantage au régime, rapporte Bloomberg.

Évidemment, l’Arabie Saoudite n’est pas la première à être confronté à ce dilemme. Nombre de programmes de retraite nationaux ont dû faire face à ce problème alors que l’espérance de vie des gens s’allonge. La Chine prévoit relever l’âge de la retraite au cours des prochaines années et la Russie l’a déjà fait en 2018.

L’âge de la retraite en Arabie Saoudite est actuellement fixé à 60 ans, mais près du tiers des employés la prenne 15 à 10 ans plus tôt! Dans nombre d’organisations, il est commun de mettre à la retraite les employés après 20 ans de service.

« Les personnes qui prennent une retraite anticipée vont épuiser tout l’argent du fonds. Ils vivent plus longtemps, et l’argent n’est pas suffisant, même si nous obtenions des rendements d’investissement astronomiques », a critiqué le gouverneur adjoint de la GOSI, Nader Al Wahibi, lors d’une apparition récente à la télévision.

Parmi les autres solutions envisagées, on retrouve une hausse de la cotisation au système de retraite. Pour le moment, aucune décision finale n’a été prise. Mais une réforme des pensions ne sera pas évidente à mettre en place d’un point de vue politique, car elle porterait atteinte au niveau de vie des citoyens saoudiens. Cela pourrait saper le soutien de la population au prince héritier Mohammed bin Salman, qui tente de remodeler une économie fortement dépendante du pétrole.

L’Arabie saoudite repose ainsi depuis des décennies sur l’exploitation pétrolière. Cela permettait à l’État d’offrir nombre d’avantages à ses citoyens, notamment l’essence et de l’électricité bon marché, des emplois publics abondants et des bourses universitaires. Et alors que le monde tente de se détourner de l’énergie fossile, les attentes de la population sont encore élevées envers l’État.

Pour mettre fin à la dépendance de l’économie vis-à-vis du pétrole et combler le déficit budgétaire laissé par la baisse des prix du brut, le prince Mohammed bin Salman a remodelé le contrat social du premier exportateur mondial de brut en réduisant notamment les subventions et en introduisant des taxes. Toutefois, de nombreux Saoudiens à revenu faible ou moyen ont du mal à s’adapter.

Ce questionnement autour du système de retraite survient quelques semaines après l’annonce de la fusion des deux plus grands fonds de retraite et d’assurance du pays, la General Organization of Social Insurance et la Public Pension Agency. Une fusion dont a découlé une nouvelle entité qui fait partie des 10 plus grandes caisses de retraite du monde.