«Les services d’investissement présentent l’un des multiplicateurs économiques les plus élevés de tous les secteurs de services», souligne Pedro Antunes, directeur général, prévisions et analyses du CBdC.

Selon lui, c’est un des constats les plus intéressants de l’étude, car il démontre l’importance du secteur québécois des fonds de placement au sein des secteurs des services.

Or, selon l’étude de l’IdQ, 46 % seulement des revenus générés par le secteur par l’intermédiaire du ratio des frais de gestion demeurent à la maison de courtage, par rapport à 54 % qui transitent par des sièges sociaux situés à l’extérieur de la province.

«Étant donné que la majorité des sièges sociaux se trouvent à l’extérieur du Québec, il est normal d’observer une certaine « fuite » de l’impact économique vers d’autres provinces», lit-on dans l’étude.

La concentration des sièges sociaux de sociétés de fonds en Ontario, où le multiplicateur économique se chiffre à 2,8, explique cette situation, précise Pedro Antunes. Il rappelle qu’inversement, des maisons de fonds québécoises bénéficient des revenus tirés de leurs activités commerciales effectuées à l’extérieur du Québec.

Secteur bénéfique pour l’emploi

Le nombre d’emplois dans le secteur des FCP au Québec a connu une hausse de 59 % entre 2009 et 2013, passant de 5 747 à 9 129. Chaque emploi direct dans le secteur des FCP en soutient un autre au sein de l’économie québécoise, pour un total de 18 211 emplois.

«Considérant le fait que la rémunération dans les secteurs financiers est plus importante que dans la moyenne des autres secteurs, les emplois liés au secteur financier contribuent à relever de 0,13 point de pourcentage les salaires hebdomadaires moyens au Québec», signale Pedro Antunes.

En conséquence, l’activité dans les secteurs financiers fait croître le revenu personnel des ménages québécois de 1,4 G$, les bénéfices des entreprises, de 235 M$, et les recettes fiscales pour le gouvernement du Québec, de 435 M$.

«En plus des emplois directs, nous estimons que c’est au secteur des FCP de la métropole québécoise que l’on doit un nombre pratiquement équivalent d’emplois indirects et induits, principalement dans les services juridiques et comptables, soit un total de plus de 18 000 emplois soutenus par cette industrie», mentionne Pedro Antunes

Pour Claude Paquin, président du conseil des gouverneurs du Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ), l’industrie québécoise est très bien ancrée au Québec, ce qui ne devrait pas entraîner de transfert de maisons de fonds vers l’extérieur de la province.

«Pourrions-nous maintenant attirer d’autres sociétés de fonds à venir s’installer au Québec ? J’imagine qu’il y a peut-être d’autres intervenants, dont les gouvernements, qui pourraient se pencher sur la question», dit-il.

Claude Paquin estime toutefois intéressant de constater que Montréal se classe au 18e rang des plus importants centres financiers du monde (selon le Global Financial Centres Index publié par le Z/Yen Group).

«Je sais que Toronto se place avant (11e rang) Montréal, mais celle-ci se classe devant Abu Dhabi (19e rang) et Shanghaï (20e rang). La métropole est de plus en plus considérée comme une plaque tournante dans le milieu financier mondial, ce qui favorise beaucoup la conservation de nos emplois ici et peut certainement contribuer à en attirer de nouveaux», avance Claude Paquin.

Contribution croissante à l’économie

D’après l’étude, la valeur de l’actif engagé dans les FCP et les fonds négociés en bourse (FNB) est passée de 81,4 G$ en 2004 à 180,5 G$ en 2013, ce qui représente un accroissement annuel moyen de 9,3 %. En comparaison, la valeur de l’actif dans les FCP et les FNB a connu une hausse annuelle moyenne de 7,8 % au Canada, et de 7,4 % en Ontario.

«Le secteur des fonds gère un actif de 180 G$, soit presque autant que l’actif de 200 G$ géré par la Caisse de dépôt et placement du Québec», constate Claude Paquin.

La transition généralisée des fonds de retraite à prestations déterminées vers les fonds de retraite à cotisation déterminée constitue le principal facteur qui explique la croissance du secteur des fonds, aussi bien au Québec qu’au Canada, d’après l’IdQ.

«Le coût associé à la gestion des caisses de retraite, particulièrement dans le cas des régimes à prestations déterminées, fait en sorte que de plus en plus, on constate un transfert du fardeau du financement de la retraite sur les épaules des Québécois et un déplacement vers les régimes à cotisation déterminée», mentionne Claude Paquin.

Le vieillissement de la population, la faiblesse des taux d’intérêt et les changements dans la réglementation expliquent aussi la croissance de l’actif québécois, estime Pedro Antunes.

Pour Claude Paquin, la tendance observée dans les FCP ne risque pas de s’infléchir à court terme, puisque le transfert du fardeau du financement de la retraite sur les épaules des Québécois favorise l’épargne et les types de placement comme les FCP.

«Les gens vont vivre beaucoup plus longtemps, donc la possibilité de survivre à leur investissement est une préoccupation majeure pour eux», dit-il.

«Compte tenu des taux d’intérêt qui sont à un plancher historiquement bas, et nous ne pensons pas que cette tendance se renversera de façon majeure dans les prochaines années, les gens font face à tout un casse-tête. Ils savent que la retraite durera dans certains cas tout aussi longtemps, si ce n’est davantage, que la période professionnelle active. La constitution du portefeuille va donc devenir extraordinairement importante», analyse Claude Paquin.