Finance et Investissement (FI) : Que répondez-vous à ceux qui croient qu’il est très difficile de prévoir l’évolution de la courbe de rendement et, donc, qu’un conseiller devrait privilégier la gestion indicielle du portefeuille obligataire?

Marie-Chantal Lauzon : Dans la gestion active des fonds négociés en Bourse (FNB), spécifiquement au niveau obligataire, il y a plusieurs avantages à utiliser des FNB passifs ou actifs. Cela dépend de la façon dont le gestionnaire de portefeuille désire positionner sa répartition d’actifs et la façon dont il veut gérer son risque et son portefeuille.

Avant tout, dans le cadre d’une gestion active concernant les obligations, oui, on tient compte des prévisions des courbes, des écarts. Il y a plusieurs facteurs qui déterminent si on doit privilégier une gestion active ou non, et quelles sont les perspectives de performance dans le marché obligataire.

Nous avons plusieurs FNB obligataires gérés activement. C’est un marché qui est plus difficile, un marché qui est peut-être moins liquide, parce que c’est un marché de gré à gré, donc qui ne se transige pas sur les marchés publics.

La force d’un gestionnaire de portefeuille institutionnel reconnu au Canada peut faire une différence pour se voir octroyer de nouvelles émissions d’obligations. Une autre chose importante c’est la gestion et l’analyse de crédit qui va avoir un effet direct sur la performance du FNB ou du portefeuille. Car si je compare cela à l’indice passif, ce dernier n’a pas de pilote en arrière à part les critères énoncés. Donc, quelques fois, c’est très avantageux si on pense que le marché va bien faire à long terme. Mais, si on pense qu’il va y avoir plus de volatilité, et effectivement on a des visions sur la courbe de rendement, je pense que la gestion active peut apporter quelque chose de différent parce que l’obligation dans le FNB passif peut se voir détrôner, et voir sa cote de crédit être abaissée.

Dans la gestion active, le gestionnaire de portefeuille va retirer cette compagnie de son portefeuille alors que dans le FNB passif, la compagnie va demeurer jusqu’à qu’elle soit décotée. Donc, il y a un risque supplémentaire liée à la gestion passive. Moi je dis souvent : parce qu’il n’y a pas de pilote en arrière, ça peut représenter un carcan.

Par contre, à long terme, la gestion passive peut nous donner une exposition au bêta et ça peut être quelque chose que le gestionnaire veut avoir.

Les indices passifs peuvent regrouper 700 obligations, je pense qu’il est hypothétique de vouloir répliquer complètement un tel indice.