Un dessin de bateau dans une tempête
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Les nuages d’une récession se profilent à l’horizon. Face à l’annonce d’une tempête, le capitaine du navire peut avoir deux types de réactions : soit baisser la tête en espérant que la tourmente passera au large, soit se préparer à affronter les éléments en renforçant ses positions.

Dans le contexte d’inflation et de taux d’intérêt élevés, certaines stratégies peuvent conduire les passagers sains et saufs à travers la tempête. Et trois d’entre elles devraient être priorisées : l’accumulation d’un fonds de réserve, la réduction des actions dans les portefeuilles et l’augmentation des titres à revenu fixe de haute qualité, selon les propos d’experts rapportés dans Investment News.

Dans l’éventualité d’une récession, les clients devraient réfléchir dès maintenant à ce qu’ils feraient s’ils perdaient leur emploi, indique Kyle Simmons, fondateur de Simmons Investment Management. Il leur suggère notamment d’évaluer comment ils pourraient se replacer sur le marché du travail et de s’informer sur les politiques de leur employeur en cas de licenciement.

Les clients devraient également s’assurer de disposer des fonds nécessaires pour rester à flot en cas de coup dur. Les périodes de ralentissement économique, comme celle que traversent les marchés actuellement, sont propices pour constituer un coussin financier, car elles permettent de profiter de taux d’épargne plus élevés, signalent les experts.

Les clients pourraient par ailleurs profiter de la récession pour réviser leur bilan financier et se pencher sur leurs liquidités, leur budget, leurs dettes et leur fonds d’urgence, estime Jay Zigmont, fondateur de Childfree Wealth. Selon le spécialiste, un coussin financier digne de ce nom devrait permettre à son propriétaire de faire face à une période de trois à six mois de dépenses.

Le planificateur financier Ron Strobel conseille quant à lui à ses clients de commencer dès maintenant à réduire leurs dépenses discrétionnaires, comme les voyages ou les restaurants, et d’attendre que la situation économique s’améliore pour augmenter leurs dépenses.

Lâcher du lest sur les actions

Constituer un fonds d’urgence est un bon début, mais cela ne suffit pas à traverser une récession. Pour ne pas sombrer, les investisseurs doivent réduire les risques de leurs portefeuilles d’actions en privilégiant certains secteurs, comme les biens de consommation de base, les services publics et certains soins de santé. Ils doivent éviter les secteurs plus exposés aux risques, tels que les technologies, la consommation discrétionnaire, l’industrie et l’énergie, rapportent les experts.

Afin de minimiser les pertes et de protéger les rendements du portefeuille à long terme, il peut s’avérer judicieux de vendre des actions d’entreprises moins rentables et de réinvestir cet argent dans des compagnies plus stables, même si vendre quand le marché est bas n’est pas un réflexe intuitif chez les investisseurs.

Embarquer des obligations à bord

Les experts recommandent également d’augmenter l’allocation des titres à revenu fixe dans les portefeuilles en achetant des obligations du Trésor à long terme, des obligations municipales et des obligations d’entreprises de bonne qualité, et de laisser tomber les investissements dans les prêts bancaires et les obligations à haut rendement.

Paul Schatz, président d’Heritage Capital, suggère également d’éliminer l’exposition aux matières premières et d’augmenter celle aux fonds à rendement absolu.

Les titres à revenu fixe, tels que les obligations de qualité, les obligations d’entreprise et les titres adossés à des créances hypothécaires, qui pourraient bien performer dans un environnement de hausse des taux, sont également à privilégier, signale Ken Van Leeuwen, chef de la direction de Van Leeuwen & Co. Selon lui, pour bénéficier de ces opportunités, il faut investir dans les obligations six mois avant la dernière hausse de taux.

Voir plus loin que le bout de la lorgnette

Kevin Brady, vice-président de Wealthspire Advisors, rappelle qu’il faut garder à l’esprit que les marchés boursiers sont cycliques et qu’ils réagissent à l’anticipation d’une récession des mois avant qu’elle n’atteigne son point le plus bas, ce qui rend les prévisions de vente et d’achat de titres difficile. Lorsque les marchés chutent, il préconise de conserver une durée d’investissement de quatre à cinq ans dans les portefeuilles à revenu fixe.

Cette stratégie s’avérera payante, à son avis, si une récession se produit, car la Réserve fédérale réagira alors en réduisant les taux d’intérêt, ce qui entraînera une baisse des rendements, mais aussi une appréciation des prix des titres à revenu fixe de haute qualité.