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De leur rencontre à l’enfance, en passant par leurs études à l’Université McGill, Ken Koby et Ian Shaffer sont les meilleurs amis depuis longtemps.

Un peu d’histoire

À 24 ans, Ian Shaffer a quitté Montréal en direction de Chicago afin d’y travailler en finance d’entreprise pour une banque d’investissement de premier plan, ABN AMRO. « J’ai amélioré mes compétences financières, en apprenant comment modéliser avec Excel et lire des états financiers », se rappelle le président et chef des placements de Galliant.

Il a également commencé à négocier en Bourse pour son propre compte durant de la bulle technologique. « Le moment était bien choisi pour développer mes connaissances sur l’investissement, et j’ai réalisé que la théorie financière serait un complément clé à l’expérience pratique que j’avais acquise. MIT Sloan était la meilleure école alliant la finance et les technologies – deux de mes passions. »

À titre de président du Finance Club de MIT Sloan et de gestionnaire de portefeuille pour le fonds d’investissement de MIT Sloan, Ian Shaffer a pu découvrir les plus grandes firmes de Wall Street. À la fin de ses études, il est revenu à Montréal pour lancer Galliant avec 5 millions de dollars (M$) en actifs sous gestion.

Pour sa part, Ken Koby a participé à des compétitions boursières à un jeune âge et a toujours rêvé d’investir ses propres actifs. « Je me suis toujours imaginé étant médecin ou avocat, puis assis dans mon bureau à la retraite, gérant mon propre argent », indique le vice-président de Galliant.

Il se souvient également que Ian Shaffer et lui avaient ouvert un compte de courtage commun chez Ligne verte TD à l’adolescence, avec en poche seulement 200 $ à investir. Ils avaient placé la totalité de cette somme dans les actions de Ben & Jerry’s, qui venait tout juste d’ouvrir son premier magasin à Montréal. « Le symbole était BJICA, et c’était dans les années 90, alors on appelait pour connaître les cours des actions avec un téléphone à clavier, et les actions étaient négociées en huitièmes de dollars à l’époque », explique Ken Koby.

« Nous avons acheté des actions et éventuellement, Ben & Jerry’s a été acquise par Unilever, alors notre première transaction s’est avérée fructueuse », ajoute-t-il.

Ken Koby ayant prévu voyager après avoir obtenu son diplôme universitaire, il a travaillé avec le courtier de son père durant l’année scolaire afin d’ammassé la somme requise. Puis à son retour à la maison, il s’est vu offrir un poste à temps plein auprès de cette firme. Il  y a travaillé en tant que conseiller en valeurs mobilières pendant plus de 12 ans, suivis de deux ans en gestion de portefeuille dans une société de gestion d’actifs canadienne.

Les débuts de Galliant

Lors du lancement de Galliant, Ian Shaffer concentrait d’abord dans la recherche d’actifs afin de nourrir le fonds d’en roulement. « Nous voulions amasser une somme de 1 M$ afin d’assurer à Galliant une capacité de survie et au moins deux ans de dépenses payées, en cas de catastrophe… comme le Coronavirus », mentionne Ian Shaffer. En août 2007, alors que la firme avait atteint le niveau de capital suffisant, la priorité devint le lancement d’un premier produit d’investissement, le Fonds Galliant Equity Long/Short (GELS), devenu le fonds spéculatif phare de la firme.

Ken Koby s’est joint à Galliant en 2011 avec environ 5 M$ d’actifs en REER et en CELI. « Les actifs initiaux de Ken n’étaient pas admissibles à l’investissement dans le Fonds puisqu’il s’agissait d’actifs enregistrés, alors nous avons élargi notre offre en ajoutant un produit plus ‘‘traditionnel’’ afin de concurrencer les courtiers, car toutes les personnes fortunées avaient des comptes de courtage », se rappelle Ian Shaffer.

« Ken et moi avons rencontré tous les courtiers-négociants et conclu une entente avec Banque Nationale Réseau des Correspondants (devenu Banque Nationale Réseau Indépendant) pour qu’il agisse à titre de gardien de valeurs pour nos comptes gérés », dit-il. Cela est devenu le facteur de croissance clé de Galliant, permettant à la firme d’atteindre 350 M$ d’actifs sous gestion.

De plus, la firme a lancé le Fonds Galliant Marché Neutre (GMN) et, après un exercice de diligence raisonnable soutenu, a obtenu une allocation importante de la part du programme du PGEQ, dont les investisseurs comptent certaines grandes institutions et fonds de pension québécois. « Cela a contribué à institutionnaliser notre firme et à lui donner une crédibilité additionnelle, en plus de nous aider à mettre tout en ordre en matière de conformité, de politiques et de procédures », souligne Ken Koby.

Les ressources supplémentaires ont également permis à la firme d’accélérer sa croissance.

Le secret du succès de Galliant

La passion et le rendement sont des facteurs différenciateurs quand il est question de la réussite d’un gestionnaire de portefeuille émergent au sein de l’industrie. « Je peux parler d’actions toute la journée, note Ian Shaffer. Il faut être passionné par ce qu’on fait pour effectuer le travail d’investigation requis permettant de trouver des idées de placement vraiment intéressantes. Pas celles dont tout le monde a parlé à la télé, parce que lorsqu’elles se trouvent là, il est habituellement trop tard. »

Galliant se distingue avec son processus d’investissement reproductible et des stratégies au succès éprouvé avec le temps. « Que ce soit en 2008 durant la crise financière ou par la protection du capital tout au long de la pandémie actuelle, notre avantage concurrentiel a rapporté avec le temps », ajoute Ian Shaffer.

Dans un monde aussi dynamique, rempli d’informations et d’événements imprévus qui rendent le marché si volatil, Galliant opte pour une approche proactive plutôt que réactive. Développer une liste de titres qui ont été analysés et prêts à être achetés quand les prix baissent de façon considérable, donne à Galliant un avantage concurrentiel.

« Nous passons nos fins de semaine et nos soirées à lire des transcriptions, à examiner des modèles financiers, ainsi que des présentations de notre équipe d’analystes financiers. Il faut lire, lire et apprendre sans cesse, dit Ken Koby. Nous n’avons pas peur d’une chute du marché. En fait nous en profitons, car elle nous permet d’acheter des entreprises fantastiques à un excellent prix. »

La stratégie d’investissement de la firme est axée sur les entreprises et une méthode ascendante. La sélection d’entreprises faite par Galliant repose sur une théorie d’investissement alliant l’analyse fondamentale à une histoire ou à un événement qualitatif (c.-à-d. la raison pour laquelle le prix d’une action devrait augmenter).

La firme n’hésite pas à vendre une action si l’histoire change, mais préfère détenir ses principaux titres à long terme, car Ian Shaffer croit que le nombre d’éléments vraiments intéressants de l’univers des valeurs mobilières est plutôt restreint.

Trouver des opportunités dans le marché difficile actuel

L’équipe de Galliant estime savoir comment agir dans des marchés en forte baisse, saisissant les occasions d’investissement à des moments de volatilité extrême.

« Quand on lit la transcription d’une conférence téléphonique pour découvrir qu’une action comme celle d’Amazon est à la baisse en raison des coûts supplémentaires associés à la COVID-19, tandis que la croissance de ses ventes est à son meilleur niveau de la décennie, on sait qu’il s’agit d’une très belle opportunité avec une entreprise qui fait simplement tout ce qu’elle peut pour soutenir ses employés », souligne Ian Shaffer.

La gestion des attentes des clients représente un autre défi. « Nous avons un dicton chez Galliant : les marchés ne sont pas efficaces à court terme, mais ils le sont à long terme », dit Ken Koby.

Il estime que les investisseurs sont facilement influencés par les nouvelles négatives, telles que celles qui concernent les pandémies ou les élections, mais la firme se concentre sur le fait que les marchés sont tournés vers l’avenir. « Tout le monde sait que le but est d’acheter à bas prix et de vendre à prix plus élevé, mais la nature humaine peut rendre la mise en pratique de ce principe difficile pour les investisseurs individuels. Voilà pourquoi Galliant tente d’aider ses clients à rester calmes durant les périodes instables, leur montrant à éviter la panique devant un recul du marché, et à garder le cap, ou même à ajouter du capital et à acheter lors d’un déclin ».

La plupart des décisions d’investissement de la firme se sont avérées justes au fil du temps, affirme-t-il.

Ce qui est prévu pour l’avenir

Ce sont en grande partie les recommandations de ses clients qui ont favorisé la croissance de Galliant, en raison de ses résultats impressionnants, mais Ian Shaffer croit que le bon moment est venu de se tourner vers les fonds de fonds, les family office et autres institutionnels afin de communiquer son histoire, sa performance et son approche d’investissement distinctive.

« Il est temps d’informer le public pour qu’il sache qui nous sommes et en quoi nous sommes différents », dit Ian Shaffer.

La firme a par ailleurs rédigé une chronique pendant une longue période dans le journal  Montreal Gazette, intitulée ‘The Stock Picks’. Ian Shaffer a aussi participé sur une base régulière aux diffusions de BNN Bloomberg en tant que commentateur, partageant des idées comme sa prédiction que le prix de l’action d’Amazon allait bondir de 150 $, au moment de sa première participation au réseau, à 600 $ et plus. Les actions d’Amazon ont récemment fait l’objet d’une transaction d’approximativement 3 200 $.

L’équipe de Galliant compte maintenant 13 personnes et la firme a récemment dépassé le seuil des 350 M$ d’actifs sous gestion, avec en vue la barre des 500 M$ et l’atteinte du seuil de 1 G$ à moyen terme.

« Chez Galliant, nous investissons avec nos clients, et Ken, moi-même, ainsi que nos familles, avons investi beaucoup de notre propre capital dans nos produits, alors nos intérêts sont toujours en accord avec ceux de nos clients », dit Ian Shaffer.

Les textes de la série Gestionnaires en Émergence sont rédigés par le CGE et visent à mieux faire connaître des gestionnaires émergents canadiens, leurs stratégies d’investissement, et leurs réalisations.