Le client en thérapie écoute le thérapeute discuter de la stratégie d’adaptation.
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Lorsqu’il s’agit de conseiller des clients atteints de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les approches financières classiques se révèlent parfois inefficaces, signale la planificatrice financière Jodie Stauffer dans Advisor.ca.

Le TDAH, qui touche environ 4 % à 6 % des adultes au Canada (soit près de 1,8 million de personnes selon la Canadian ADHD Resource Alliance) entraîne des comportements tels que l’impulsivité, l’hyperfocalisation ou la difficulté à suivre une routine. Ces comportements rendent la gestion de l’argent plus complexe. Les stratégies conventionnelles doivent être adaptées, indique Josée Stauffer, qui a fondé Parallax Planning & Wealth, une firme dédiée aux clients neurodivergents. Voici cinq stratégies inspirées de son approche :

  • Simplifier au maximum les outils financiers

La complexité est l’ennemi numéro un des personnes atteintes de TDAH, affirme Jodie Stauffer, ayant elle-même reçu un diagnostic il y a 18 ans. Un plan trop technique, comportant plusieurs étapes, risque de décourager ces clients. « Si un processus n’est pas simple, il ne sera pas mis en pratique », explique-t-elle.

Plutôt que de multiplier les documents chargés de chiffres et les longues explications, elle recommande d’utiliser des solutions automatisées (paiements, épargne systématique) et des outils visuels clairs. Elle propose à ses clients des étapes codées par couleur pour rendre leurs choix financiers plus tangibles. Ces outils créent un sentiment de clarté et réduisent la charge cognitive associée à la planification financière, indique-t-elle. « Réduire les frictions et éliminer les décisions répétitives augmente les chances de succès. »

  • Privilégier des rencontres courtes et ciblées

Un autre élément clé consiste à limiter la durée des rencontres et à se concentrer sur un seul thème à la fois. « Avec le TDAH, 20 ou 30 minutes sur un sujet unique peuvent être plus productives qu’une rencontre de deux heures », affirme la conseillère. Cette approche permet d’éviter la surcharge d’informations et de s’assurer que le client quitte chaque rencontre avec une action concrète à entreprendre. La conseillère privilégie les conseils rapides et la clarté sur les flux de trésorerie.

Plutôt que de percevoir le trouble uniquement comme une difficulté, Josée Stauffer recommande de tirer parti de certains atouts de ce profil, comme la faculté de pouvoir se concentrer de manière intense sur un élément. « L’hyperfocalisation peut être un superpouvoir lorsqu’elle est bien dirigée », souligne la planificatrice financière. On peut encourager le client à canaliser cette énergie dans des moments clés, pour établir un plan, revoir ses finances une fois par mois ou encore se fixer un objectif financier précis.

  • Fractionner les objectifs financiers en petites étapes

Un horizon à long terme, comme la retraite, paraît souvent abstrait pour ces clients. Pour les amener à passer de l’intention à l’action, Jodie Stauffer recommande de découper les grands objectifs en petits pas réalistes et mesurables. « Un objectif sur 30 ans n’aura aucun impact si le client ne sait pas quoi faire cette semaine », souligne la planificatrice financière. « Il ne s’agit pas seulement de produire un document, mais de provoquer un changement concret : modifier la façon dont la personne perçoit son argent et l’aider à progresser. » Chaque petite victoire peut créer un sentiment de progression qui entretient la motivation, signale-t-elle.

  • Effectuer des rappels et des suivis réguliers

Pour les personnes dont la gestion de l’attention et de la mémoire est plus difficile, la constance prime sur l’intensité. Assurer un suivi régulier est indispensable, précise Josée Stauffer. Elle préconise une relation d’au moins un an, avec des suivis mensuels ou trimestriels plutôt qu’un rendez-vous annuel chargé. « La régularité crée la confiance. C’est ce qui permet d’ancrer de nouvelles habitudes. » Des rendez-vous plus fréquents permettent de maintenir l’élan et d’éviter que les bonnes intentions s’essoufflent entre deux bilans.

  • Favoriser une relation positive avec l’argent

Au-delà des chiffres, Josée Stauffer insiste sur l’importance de transformer la relation émotionnelle avec leurs finances pour les clients neurodivergents, souvent marquée par l’anxiété. Elle met l’accent sur des échanges positifs, des encouragements et une communication claire. « Mon rôle est de les aider à comprendre où va leur argent. Une fois que cette clarté est acquise, on peut bâtir des stratégies de retraite et d’épargne plus solides. » Une relation apaisée avec l’argent permet de réduire l’anxiété financière et renforcer l’engagement, précise-t-elle.

La conseillère constate également que les clients TDAH réagissent positivement lorsqu’on les responsabilise et les implique dans les stratégies. « Ce n’est pas seulement donner un plan et souhaiter bonne chance : il faut cheminer à leurs côtés », insiste-t-elle.

Info : Questions à poser à un client atteint de TDAH

  • Quels outils ou formats vous aident le plus à rester organisé ?
  • Préférez-vous de courtes rencontres fréquentes ou des suivis plus espacés ?
  • Quelles décisions financières vous causent le plus de stress ?
  • Quels petits succès financiers vous ont encouragé récemment ?

Source : CHADD (Children and Adults with Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder)