Une tirelire posée sur un gros tas de billet.
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Avec le confinement, nombre de Canadiens ont perdu leur emploi ou ont subi une baisse significative de leur salaire. Plusieurs ont dû piocher dans leur fonds d’urgence pour faire face à la situation.

Alors que la menace d’une seconde vague pèse sur le monde entier, aidez vos clients à refaire leurs réserves pour faire face aux imprévus. Christine Benz, directrice des finances personnelles à Morningstar, propose quelques astuces pour reconstituer ces fonds d’urgence.

Une priorité

Pour Christine Benz, le fonds d’urgence devrait primer sur tous les autres objectifs financiers, y compris sur l’épargne-retraite ou de l’argent pour un acompte sur l’achat d’une maison, bien qu’elle concède qu’il est « difficile de s’enthousiasmer à l’idée de constituer un fonds d’urgence : c’est en quelque sorte le nec plus ultra dans l’art de retarder le plaisir ».

Comme pour n’importe quel objectif financier, un excellent moyen de constituer un fonds d’urgence c’est de proposer aux clients d’automatiser leurs cotisations. Déterminez avec eux une somme qui pourrait être déduite automatiquement de son compte bancaire à chaque paye, par exemple, pour constituer ce fonds.

Personnaliser le fonds d’urgence

Tous vos clients sont différents et ont des besoins différents, souligne Christine Benz. Elle suggère donc de personnaliser le fonds d’urgence de chaque client selon ce qui leur convient le mieux.

Quant à la somme à accumuler, la plupart des experts conseillent d’avoir de trois à six mois de frais de subsistance pour établir un tel fonds, mais selon elle, il s’agit seulement d’un « point de départ ».

Vous connaissez votre client et ses dépenses, personnalisez donc le fonds en fonction de sa situation personnelle. Une question importante à poser pour déterminer ce montant serait le temps dont il veut disposer pour trouver un autre emploi s’il perd le sien.

Le fonds d’urgence devrait également être plus gros que six mois de subsistance si :

–          Le salaire du client est élevé ou qu’il travaille dans un secteur très spécialisé, rendant ainsi sa recherche d’emploi plus longue et complexe

–          S’il travaille à son propre compte avec un revenu variable

–          S’il a des personnes à charge

–          S’il a des frais fixes élevés : hypothèques, emprunts automobiles ou droits de scolarité

Au contraire, le fonds d’urgence pourrait être plus modeste :

–          Si les choix de carrière de votre client sont plus souples ou que son salaire est peu élevé

–          S’il a d’autres sources de revenus qui permettent de défrayer une grande partie de ses dépenses, comme un ou une conjointe qui a un emploi rémunéré

–          S’il est souple dans son train de vie (n’est pas opposé à déménager ou à partager son logement)

Reconstituer, mieux que constituer

Si vous devez aider votre client à refaire son fonds d’urgence, c’est qu’il l’a déjà utilisé et en connait donc l’utilité. Il sait également combien il lui faut environ. Toutes ces informations sont précieuses. Et bien qu’il peut être stressant de repartir à zéro ou de se renflouer, rappelez-lui qu’il possède maintenant des connaissances qu’il n’avait pas avant. Il sait par exemple ce qui est essentiel et ce qui marche ou ne marche pas pour lui.

« Une fois [qu’il éliminera] les dépenses discrétionnaires sans lesquelles [il pourrait] parfaitement vivre, le montant de [son] fonds d’urgence aura l’air beaucoup plus gérable. Pour l’aider à bien cibler son fonds d’urgence, réexaminez ses dépenses des mois passés : hypothèque ou loyer, impôts, charges, assurance, remboursement d’un prêt automobile et factures alimentaires », souligne Christine Benz.

Si le montant du fonds d’urgence est important, Christine Benz propose de scinder ce dernier en deux.

« Par exemple, il se peut que vous placiez trois mois de frais de subsistance dans un véhicule traditionnel des fonds d’urgence (ou dans plusieurs) : compte de chèques et d’épargne, CD, compte ou fonds commun du marché monétaire. Pour contribuer à résoudre le problème selon lequel ces investissements vraiment sûrs ne rapportent pratiquement rien, vous pourriez alors placer 9 mois de dépenses (ou plus) dans un véhicule qui produirait une valeur légèrement plus élevée en échange de fluctuations modestes dans la valeur du capital », propose-t-elle.

Elle conseille de rester à l’écart des actions pour le fonds d’urgence. Celui-ci doit être en sécurité et surtout disponible quand le client en a besoin.

« On ne devrait donc pas le mettre dans des investissements à long terme, parce qu’il ne faut pas risquer que vos fonds soient au plus bas quand vous en avez besoin. Les actions sont à éliminer, de même que la plupart des obligations. Les liquidités et quasi-espèces sont ce qu’il vous faut. Cela, malheureusement, demande de se résigner à un taux actuel très bas, mais il y a au moins quelques petites différences entre les paliers de chaque instrument liquide. Alors, cherchez bien pour trouver ceux qui rapportent le plus », conclut-elle.