Un homme d'affaire avec des jumelles qui tient un parapluie sous un temps orageux.
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Ayant commencé sa carrière dans le sillage de la crise financière de 2008, Antoine Chaume vit sa première crise de taille en tant que professionnel de l’industrie financière. Les leçons qu’il en tire serviront autant ceux qui, comme lui, font face à un des plus grands défis économiques contemporains, que ceux qui désirent faire de la planification financière une carrière.

Conseiller en placement, en sécurité financière et planificateur financier pour son propre compte en étant rattaché au cabinet Lafond et Associés, Antoine Chaume a débuté sa carrière au sein d’une grande institution financière avant de lancer sa propre pratique.

La crise du coronavirus a semé beaucoup de panique partout dans le monde, et les conseillers en services financiers sont directement concernés par le travail additionnel que ceci implique.

« C’est la première grande crise à laquelle on fait face en tant que gestionnaire de patrimoine pour nos clients, ce qui amène son lot de défis, confie le jeune planificateur. Le mois de mars a été particulièrement difficile pour nos clients ainsi que pour nous. »

Cette crise a créé de l’incertitude dans tous les aspects de la vie des personnes touchées, et la gestion des finances est devenue clé à la suite de l’effondrement de pans entiers de l’économie. Une situation qui a mené à la perte d’emploi de plusieurs. Le rôle d’un conseiller et planificateur financier devient alors essentiel et crucial en ces temps de détresse.

« Dans le contexte actuel, la valeur du conseil est accentuée. Il faut qu’on soit solide et présent pour nos clients, explique Antoine Chaume. Dans ma jeune carrière en finance, la plus grande erreur que j’aurais pu commettre est de ne pas être omniprésent pour mes clients. L’approche que j’ai préconisée est d’être proactif dans la communication avec les clients, ne pas attendre que ce soient eux qui initient le contact, mais prendre les devants afin de m’assurer de leur compréhension de la situation et leur confort dans un contexte difficile. »

Le conseiller juge que c’est dans ces moments difficiles qu’il est important d’être présent pour ses clients, et qu’il ne faut pas se dérober à ses responsabilités.

Certes, personne n’avait anticipé une crise de cette ampleur, mais ceux qui se préparaient à une possible récession à l’issue d’un long cycle haussier ont peut-être été en mesure de mieux tirer leur épingle du jeu. Antoine Chaume en fait partie.

« Les dernières années en ont été de positionnement de façon plus défensive, parce qu’on communiquait à tous nos clients que nous étions dans un des plus longs cycles haussiers et qu’il y aurait éventuellement un retour à la moyenne, confie-t-il. Concrètement, on protégeait les portefeuilles en investissant dans des entreprises solides dotées de bilans de haute qualité, en prévision d’une correction boursière dont le moment restait incertain. »

L’adaptation aux changements s’est révélée être un grand atout durant cette crise, et constituera dorénavant une des qualités essentielles dans tous les domaines et surtout dans le domaine de la planification financière. Antoine Chaume a réalisé l’importance de pouvoir s’adapter, notamment à l’utilisation des nouvelles technologies avec l’obligation du travail à distance. Il juge que cette capacité de pouvoir faire face à de nouvelles méthodes de travail est vitale en temps de crise, et devra être cultivé afin de faire face à de prochains défis.

« Une des choses qui s’est avérée très importante fut d’être entouré de la bonne équipe et des bonnes personnes, analyse-t-il. Dans cette logique, il faut pouvoir compter sur des gens qui ont plus d’expérience que nous et qui peuvent nous apprendre des choses que l’on ignore, ou qui peuvent nous aider à traverser des crises que l’on voit pour la première fois, mais qu’eux ont expérimentées auparavant. Ces personnes peuvent aussi servir de repère à ce qu’on aspire à devenir, et constituer des mentors de valeur. »

À ceux qui se lanceront dans l’industrie pendant ou après le chaos

Parmi les leçons que retient Antoine Chaume de ses débuts, est d’établir un cadre financier soutenable. Il témoigne du fait que les premiers mois, voire les premières années sont particulièrement difficiles, et qu’une bonne gestion des dépenses et des coûts peut aider à surmonter le grand défi de bâtir une clientèle.

Les simples connaissances ne sont pas toujours suffisantes, et il faut déployer tous les efforts nécessaires afin de se démarquer dans un marché de plus en plus compétitif, juge le conseiller.

« Dans l’industrie, il y a trois grands segments : la prospection, la sollicitation et la mise en application. Souvent, lorsqu’on commence, on apprend la mise en application, mais pas nécessairement les deux autres segments. Ceux-ci doivent être appris sur le tas et la relève doit trouver sa voie afin de mener à bien ces étapes cruciales. »

La diversification s’avère aussi essentielle, et la crise vécue pendant ces dernières semaines en a confirmé l’importance.

« Un point essentiel est de s’assurer d’avoir une diversification des sources de revenus. Ceci passe par une approche multidisciplinaire, et la capacité d’offrir un service complet à ses clients, explique Antoine Chaume. Depuis le début de la crise, la rationalisation est de mise, et donc certains produits passent au second plan, dont par exemple l’assurance. La diversification des services offerts permet de se concentrer sur les besoins des clients selon la période qu’ils vivent, et d’assurer une certaine continuité pour sa pratique. »

Les changements qui persisteront après la crise

La crise a imposé un grand changement des méthodes de travail, et certaines ne passeront pas aux oubliettes lorsque la crise prendra fin, mais intégreront peut-être le cours « normal » des choses.

« À mon avis, le grand changement qui sera intégré de façon permanente dans notre façon de faire est les nouvelles méthodes de communications, estime Antoine Chaume. Ce que je remarque, c’est que je n’ai jamais été autant en contact avec mes clients. Il faut constater que d’un point de vue d’affaires, ces méthodes de communications réduisent les coûts, et d’un point de vue professionnel, elles améliorent la performance ».

L’aspect environnemental est aussi à considérer. Selon lui, « les gens se rendront compte que certains déplacements ne sont pas nécessaires, et l’utilisation des moyens de transport en sera réduite. »