Karman Kong, photo gracieuseté

Un peu plus d’un mois après son lancement, le livre Elle investit : bâtir sa richesse grâce à la Bourse, est déjà considéré comme un best-seller au Québec et se classe parmi les meilleurs vendeurs.

« Je savais qu’il y avait un intérêt pour ce sujet, mais j’avoue que ça me surprend que mon livre se trouve dans le top trois chez Renaud Bray et Archambault depuis cinq semaines. Je ne suis pas Ricardo ou Marilou ! Je ne suis pas connue, mais je pense que le message rejoint les gens », lance son auteure, Karman Kong, alias @elleinvestit sur Instagram.

Sous sa couverture rose bonbon décorée d’émoticônes, cet ouvrage vulgarise différents concepts en lien avec les finances, comme l’art de faire un budget, les intérêts composés, la retraite à 40 ans, le fonctionnement de la Bourse et des FNB indiciels, les questions à se poser pour choisir un conseiller, utiliser les services d’un robot conseiller, etc. « J’ai réalisé qu’on parlait beaucoup aux femmes de comment réduire leur budget, mais qu’on abordait peu l’autre partie de l’équation, c’est-à-dire comme faire fructifier ses avoirs. Pourtant, savoir qu’on peut faire 2$ avec 1$, c’est souvent la partie du casse-tête qui manque pour intéresser les gens à cette question », explique l’avocate en litige fiscal.

Pas question ici de culpabiliser les femmes sur leurs dépenses – par exemple sur le fait de se payer des cafés lattés – mais plutôt d’outiller les femmes à prendre des décisions éclairées. Pour cela, l’auteure décortique entre autres les grands principes de l’investissement et brise au passage quelques mythes. Ainsi, plusieurs confondent investissement et spéculation, mentionne Karman Kong. « Par exemple, on ne m’avait jamais expliqué comment mitiger le risque, ce qui est possible en diversifiant ses investissements. Résultat : certaines vont laisser dormir leur argent dans un compte d’épargne ou dans un certificat de placement garanti [CPG], parce qu’elles sont intimidées par la Bourse, plutôt que de faire fructifier leurs avoirs.

Karman Kong ne tente pas de se substituer aux conseillers en services financiers, mais veut plutôt faire profiter les lectrices de ses talents pour vulgariser des concepts parfois compliqués. « J’essaie de proposer de l’information simple, facile à comprendre pour que les femmes puissent être bien informées avant de prendre une décision. » Son style imagé, avec une touche d’humour, et ses illustrations pour expliquer certains concepts plus abstraits ont fait sa signature. Une voix qui semble plaire alors que la page @Elleinvestit, lancée il y a deux ans, frôle les 40 000 abonnés.

Un déficit à combler

C’est après avoir reçu une somme d’argent inattendue, à 28 ans, que Karman Kong décide de se plonger dans l’univers de la finance personnelle. Or, malgré ses études en droit, elle réalise qu’elle ne connaît rien à ce domaine. Celle qui se qualifie elle-même « d’intense » dévore des dizaines d’ouvrages sur le sujet et met en pratique les conseils qu’elle y trouve.

Rapidement, Karman Kong prend conscience qu’elle est loin d’être la seule dans cette position. Plusieurs de ses amies, des professionnelles dans la vingtaine ou la jeune trentaine, se trouvent devant le même gouffre.  « Je voyais qu’il y avait des lacunes à combler, car, en parlant avec les filles autour de moi, on se posait toutes les mêmes questions. On ne comprenait pas comment ça fonctionnait, mais personne n’osait poser de questions. » C’est pour aborder ces sujets sans jugement que Karman Kong a lancé @elleinvestit, puis écrit son livre.

Aux conseillers en services financiers, elle suggère d’ailleurs de ne pas tenir pour acquis que leurs clientes – et leurs clients – maîtrisent les concepts derrière les finances personnelles, des informations qui sont peu enseignées dans les écoles. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux gardent son livre sous la main pour vulgariser certaines informations à leurs clients, affirme Karman Kong.

« Mon objectif, c’est vraiment de réduire l’écart d’investissement entre les hommes et les femmes, l’écart de richesse, résume-t-elle. Je veux aussi que les gens retiennent que les finances personnelles, que le fait d’adopter les bons comportements, ce n’est pas sorcier! Et les principes qui régissent l’investissement ne sont pas si nombreux, ni si complexes. Il suffit de se le faire expliquer de la bonne façon. » Et déjà, plusieurs personnes lui ont raconté avoir osé investir, après avoir lu son livre. Une fierté pour la jeune femme. « Je ne peux pas compter le nombre de messages que je reçois qui vont dans ce sens. »