Photo portrait de Meir Rabkin.
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Lancé par deux professionnels de la finance, Blue Vision Capital veut investir dans un pipeline de jeunes pousses québécoises innovantes dans les secteurs de l’électrification des transports, de l’énergie renouvelable, de la valorisation des déchets, de l’agriculture durable et du logiciel.

Sélectionné dans le cadre du concours des fonds d’amorçage du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, le fonds a reçu récemment un financement de 32,5 millions de dollars (M$) provenant d’Investissement Québec, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, du Fonds FTQ et de Fondaction.

« Lancer un fonds constitue un énorme défi. Ce financement nous donne du vent dans les voiles », commente Meir Rabkin, associé directeur de Blue Vision Capital.

Le soutien des partenaires institutionnels permettra au fonds de minimiser le risque et de gagner en crédibilité, estime l’ange investisseur, qui se dit confiant d’atteindre l’objectif de 40 M$ fixé pour la première clôture du fonds, en mars.

Le fonds a rassemblé 38,2 M$ à ce jour, incluant l’apport des partenaires institutionnels, d’investisseurs privés et d’une fondation. Une seconde clôture à 60 M$ est prévue dans 6 à 12 mois.

Le seuil minimal d’investissement est fixé à 250 000 $ pour les particuliers et à un million de dollars pour les investisseurs corporatifs et institutionnels. Le rendement espéré est de 3,5 fois l’investissement, annonce Meir Rabkin.

À court terme, Blue Vision Capital prévoit d’embaucher deux analystes pour mettre en place la stratégie d’investissement, ainsi qu’un directeur général.

Combler une carence dans la chaîne de financement

« Le fonds a pour objectif de répondre aux enjeux climatiques en ciblant les thèmes d’investissement qui vont révolutionner la prochaine décennie d’innovations en technologies propres », explique Meir Rabkin.

Ce secteur offre des opportunités intéressantes, estime-t-il. S’il existe au Québec plusieurs fonds pour soutenir la croissance des jeunes pousses dans l’industrie des cleantechs, il y a très peu de financement pour l’amorçage, l’étape préliminaire menant au prototypage.

« Combler cette carence dans la chaîne de financement est un élément stratégique, car il y a peu de compétition dans ce créneau au Québec. Nous pouvons donc choisir les entreprises les plus performantes. »

Valorisation d’un milliard et plus

Le fonds cible des entreprises susceptibles de générer des marges saines à long terme et d’être valorisées à hauteur d’un milliard de dollars ou plus. Pour les évaluer, Blue Vision Capital travaille notamment avec Oxia, une entreprise montréalaise spécialisée dans l’évaluation de l’impact carbone des stratégies d’investissement.

Blue Vision vise réunir une quinzaine d’entreprises dans ce portefeuille. Les firmes qui ont été retenues à ce jour évoluent dans les secteurs de l’agriculture, de l’économie circulaire, de la capture de carbone et des batteries électriques.

Un premier investissement sera effectué à hauteur de 40 %, puis un autre de 60 % suivra quand l’entreprise aura généré des résultats, précise Meir Rabkin, qui siègera avec son associé aux conseils d’administration des sociétés en portefeuille. « Nous voulons apporter du capital relationnel plutôt que du capital passif », dit-il.

Passionnés par les technologies propres

Meir Rabkin a eu l’idée de lancer un fonds d’amorçage dans les technologies propres il y a deux ans. « Je suis à un point de ma carrière où j’ai envie de m’investir dans un but plus grand que moi, dans un domaine qui me passionne et qui me préoccupe », confie celui qui a travaillé pendant quinze ans dans l’industrie financière, notamment chez Investors, Desjardins, Placements Mackenzie et récemment Henley & Partners.

Après un cours en capital de risque à l’Université Harvard en 2020, il s’est mis à la recherche de partenaires pour créer son fonds. Il a rencontré Lylan Masterman, un Québécois spécialisé en capital de risque directeur du bureau de White Star à New York. Partageant une passion commune pour les technologies propres, ils ont décidé de s’associer pour lancer Blue Vision Capital.

Pierre Fitzgibbon et White Star

En juin 2021, Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, avait démissionné de son poste après un rapport de la commissaire à l’éthique indiquant qu’il détenait un placement dans un fonds de White Star alors qu’elle avait des relations avec l’État. Cette même firme pour laquelle a travaillé Lylan Masterman, associé de Blue Vision Capital.

Meir Rabkin dément qu’il ait pu y avoir un conflit d’intérêts, alors que Blue Vision Capital vient de recevoir un financement gouvernemental dans le cadre du concours des fonds d’amorçage. « Nous n’avons pas eu de contact avec le ministre. Le concours est géré par un comité de sélection constitué de quatre grands partenaires, dont 3 n’ont aucun lien avec le ministère. De plus, nous avons remporté le concours au mois de juin, alors que le ministre avait déjà démissionné. » (Pierre Fitzgibbon a repris ses fonctions le 1er septembre 2021-NDLR)

À plus long terme, les associés souhaitent lancer un deuxième fonds, qui sera « plus global et international, et qui interviendra dans des cycles de financement plus poussés ». Une chose est certaine : le fonds restera concentré dans les technologies propres, assure Meir Rabkin, un secteur qui possède un fort potentiel de croissance et qui est porteur pour l’avenir.