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Arrivé de France en 2016, Aviad Teboul a découvert combien les immigrants français sont mal servis par le secteur financier au Canada et au Québec. Il a donc fait de cette population sa clientèle de prédilection.

Restaurateur et traiteur à Toulouse, Aviad Teboul a rencontré, durant son vol à destination du Québec, un Juif qui travaillait en assurance chez Primerica. Sa nouvelle carrière s’est décidée là. Après un bref passage par l’assurance, il est devenu conseiller en services financiers, fondant en 2021 sa société Patrimiz avec son épouse, Noémie Valensi.

S’adressant aux cadres d’entreprise, il vise surtout les expatriés qui arrivent de France, une clientèle « très mal servie », juge-t-il. Pourtant, ces nouveaux arrivants constituent une élite immigrante dont le Québec a vivement besoin. « Ils arrivent souvent avec de bons actifs, dit-il, mais font face à tant de difficultés qu’ils se demandent s’ils devraient retourner en France. »

Ces immigrants doivent composer avec une « exit tax », une double imposition sur les polices d’assurance et une carence profonde de fonds d’investissement canadiens à couverture en euros. « Avec l’aide de fiscalistes et de comptables, souligne le conseiller, on s’occupe de clarifier tous les problèmes que ces gens rencontrent. »

Un contexte difficile, mais pas désespéré

Comme l’ensemble des marchés financiers, Aviad Teboul constate un contexte en proie à l’incertitude et à la merci des tarifs américains.

S’il craint une bulle techno à moyen terme, il demeure attentif à la montée de l’intelligence artificielle, où il privilégie les grands fournisseurs de base comme Microsoft et Nvidia plutôt que les startups. « Au cours de la ruée vers l’or, ce sont les fournisseurs de pioches qui ont fait de l’argent », note-t-il.

Pour le long terme, il prévoit que la croissance sera tirée par les marchés émergents. « Ce sera une diversification essentielle après une décennie de surperformance des actions américaines, affirme-t-il. Déjà, les actions hors États-Unis ont des multiples plus intéressants. »

« Voici le revenu fixe sous un nouvel angle, un revenu décorrélé autant des marchés d’actions que des marchés obligataires », affirme Aviad Teboul.

Ce fonds se présente en tant que stratégie alternative à haut rendement visant à donner des rendements absolus positifs à toutes les étapes du cycle économique. Il se concentre sur des obligations à haut rendement de qualité pour générer un revenu stable. Comparé à l’indice FTSE Canada Universe Bond, sa corrélation est de 0,21, et par rapport au S&P 500, de 0,54.

Le fonds parvient à ses fins en ayant recours aux instruments typiques des fonds alternatifs liquides : vente à découvert, effet de levier jusqu’à trois fois l’actif et produits financiers dérivés. Par exemple, le gestionnaire, Justin Jacobsen, n’hésite pas à vendre à découvert des fonds négociés en Bourse (FNB), qu’il s’agisse d’un FNB d’actions comme le SPDR S&P 500 ETF Trust ou d’un FNB de titres obligataires, notamment le iShares Broad USD High Yield Corporate Bond ETF.

Les résultats s’avèrent convaincants. Au terme des trois dernières années, le fonds a produit un rendement de 7,4 %, ce qui est très élevé comparativement à des fonds obligataires classiques. « Ma pose défensive, je la trouve chez les alternatifs comme celui-ci, commente Aviad Teboul. Et les résultats sont là : 84 mois de performance positive depuis la création, un écart-type de 2,4 % et une cote de risque très faible. »

En proposant ce FNB, Aviad Teboul se présente comme « le conseiller 3.0 ». « Il faut arrêter d’ignorer les changements qui s’opèrent dans notre société et composer avec sans trop se mouiller », soutient-il.

Le fonds de Fidelity dit investir directement dans le bitcoin, où on retrouve 8 469 bitcoins, avec 3 043 parts par bitcoin. Le rendement annualisé de 20,22 % depuis la création n’a pas été de tout repos. Ainsi, en 2024 et 2023, la croissance a été fulgurante, soit 139 % et 145 %, alors que 2022 a essuyé un recul de -62 %. À cette volatilité, Aviad Teboul oppose la vertu anti-inflation du bitcoin puisque son offre ultime est limitée à 21 millions de jetons.

Contre l’opinion fréquente que le bitcoin obéit essentiellement à une logique spéculative, Aviad Teboul répond que « le bitcoin est maintenant entré dans les mœurs », faisant ressortir que la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni sont les plus grands détenteurs avec un total de 50 milliards de dollars. « Je pars du principe que la banque ne perd jamais », commente le conseiller.

Mais attention. Le bitcoin dans un portefeuille, « c’est une épice », souligne Aviad Teboul. Il fait référence à BlackRock et Ray Dalio, qui recommandent d’en détenir pas plus que 2 % dans un portefeuille. « Les clients en veulent, mais en ont peur aussi, même ceux qui ont un profil croissance », relève-t-il. Pour calmer leurs angoisses, il leur demande : « Pensez-vous que le bitcoin sera encore d’actualité dans 15 à 20 ans ? » Pour lui, la réponse ne fait pas de doute.

Ce fonds réside à la base des portefeuilles d’Aviad Teboul. « J’ai tendance à mettre 50 % d’un portefeuille dans ce FNB, dit-il ; c’est ce que recommandent aussi certaines grandes firmes. » Évidemment, au cours des dernières années, on ne pouvait pas se tromper en faisant de la sorte, en considérant des rendements sur un an de 14 % et de 21,3 % sur trois ans.

Difficile de choisir mieux qu’un fonds passif couvrant l’ensemble du marché américain en suivant l’indice S&P 500 puisque le fonds ne compte qu’un titre : le iShares Core S&P 500 ETF. Le conseiller dit préférer travailler avec des fonds de FNB. Les frais sont un peu plus élevés, mais ça élimine beaucoup de coûts liés aux transactions de FNB individuels.

Pour les fondations d’un portefeuille, Aviad Teboul préfère recourir à des FNB passifs, d’autant plus que « la gestion active a moins bien performé dans les 30 dernières années que l’approche passive ». Cependant, il ne renonce pas aux fonds à gestion active, mais c’est pour leur confier des mandats plus précis où ils performent souvent mieux que leurs cousins passifs.