Un homme d'affaire présentant la carte du monde.
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Il y a un grand avantage à investir dans les titres mondiaux, surtout quand il s’agit de titres de petite capitalisation. En effet, le choix de titres est immense et la diversification géographique peut procurer au portefeuille un supplément de stabilité.

L’indice MSCI Monde petite capitalisation couvre 4 361 titres dans 23 pays développés, soit un large éventail. Cependant, un fonds comme le BMO Fonds mondial à petite capitalisation, dans notre palmarès, effectue son choix de titres «à même un éventail plus large de 6 000 titres», indique Catherine Stanley, gestionnaire du fonds chez BMO Gestion mondiale d’actifs, à Londres. Ce fonds comprenait 78 placements en mai dernier.

Et cette diversité est encore plus grande dans un portefeuille comme le fonds Fiducie de placement Fidelity Valeur intrinsèque mondiale, de Fidelity Investments, qui comprend plus de 550 placements. «Notre mandat nous permet d’investir dans n’importe quel niveau de capitalisation. Par exemple, aux États-Unis, nous comptons plus de grandes capitalisations que de petites», précise Salim Hart, cogestionnaire du fonds. Toutefois, celui-ci n’hésite pas, par ailleurs, à retenir un titre comme celui de Joban Kaihatsu, une microcapitalisation japonaise de 50 M$ CA.

Les petites capitalisations mondiales «n’ont pas fait très bonne figure au cours des 12 derniers mois, mais elles avaient très bien réussi durant toute la période précédente», affirme Catherine Stanley. En réalité, «elles ont eu 15 bonnes années depuis 2000», complète Salim Hart.

Reviendrons-nous à une période faste ? Pas certain, juge Salim Hart, mais le contexte actuel pourrait y mener, pense-t-il.

Catherine Stanley est du même avis : «On pourrait croire que les petites capitalisations profiteront du fait que les banques centrales abaissent leurs taux, dit-elle. Par contre, ces baisses témoignent d’une détérioration de l’économie mondiale. Deux forces s’opposent. Nous sommes en terrain incertain, mais je m’attends à ce que les titres de petite capitalisation restent vigoureux pendant encore au moins 18 mois.»

Positions défensives

Les gestionnaires à qui Finance et Investissement a parlé se défendent cependant d’essayer de prédire la direction des marchés. Ils se concentrent uniquement sur la sélection de titres.

Pour l’instant, leur allocation est défensive et prévoit des jours assez pluvieux. Cela dit, leur priorité est de trouver des titres susceptibles de tirer leur épingle du jeu dans toutes les conditions de marché.

«On préfère des modèles d’entreprise plutôt défensifs», indique Christian Deckart, gestionnaire du fonds Mondial de petites capitalisations de Mawer. Il n’empêche que, s’il y a crise, «tout le monde va être touché, reconnaît-il. Mais étant donné que les marchés sont en mode automatique et portés sur les grandes capitalisations, c’est là qu’une crise éventuelle frapperait peut-être davantage.»

Un fonds de petite capitalisation vise d’abord et avant tout la croissance. Et le classement de Fundata (voir le tableau) en témoigne. Les fonds de Mawer et d’Investissements Renaissance, deux vedettes du classement qui ont une longue feuille de route, affichent des rendements sur 10 ans de 17,3 % et de 12,5 % respectivement.

Évidemment, cette croissance est liée à un niveau de risque plus élevé, comme c’est le cas pour le fonds de Mawer, dont la cote de risque est «élevée». Mais il n’en va pas de même pour tous les fonds. Ceux de Fidelity, de BMO et de Renaissance affichent une cote de risque «moyenne».

«La diversification de notre portefeuille est très large, sans grande concentration dans un pays spécifique. Ça aide à le stabiliser», explique Salim Hart, de Fidelity.

Régions préférées

Évidemment, chaque fonds a ses régions de préférence pour assurer sa stabilité. Celui de Mawer, par exemple, privilégie les pays où les gestionnaires «comprennent que l’argent leur appartient», dit Christian Deckart.

À ce chapitre, plusieurs pays européens sont peu représentés. La Suède fait toutefois bande à part. «Là-bas, encore plus qu’aux États-Unis, tout le monde comprend que l’argent appartient aux actionnaires. C’est pourquoi notre pondération y est 50 % plus élevée qu’aux États-Unis, même si c’est un pays de seulement neuf millions d’habitants», explique le gestionnaire de fonds de Mawer.

Le fonds de Fidelity privilégie la région asiatique, tout particulièrement le Japon. «Ce pays connaît un marché baissier depuis 30 ans. Pourtant, les entreprises génèrent beaucoup de liquidités et sont très peu endettées», dit Salim Hart.

Une telle préférence souligne le style «valeur à contre-courant» du portefeuille, une distinction inattendue dans le domaine des petites capitalisations.

Le titre le plus surprenant est probablement celui de Joban Kaihatsu, représentatif du style affiché par Salim Hart. À lui seul, le fonds détient 10 % de cette microcapitalisation de 50 M$, dont le titre se négociait à un creux inouï de 3,66 fois le bénéfice par action à la fin août.

«Le Japon compte le nombre le plus élevé d’évaluations anormales au monde», lance le gestionnaire, qui ne s’attend pas à ce que ce titre explose. Grâce uniquement à sa gestion stable, ses dividendes et des rachats d’actions occasionnels, cette entreprise japonaise procure déjà un bon rendement et pourrait lentement se hisser vers de meilleures évaluations. Joban Kaihatsu exerce ses activités dans l’industrie de la construction et les services environnementaux.

Évaluation raisonnable

Pour leur part, Catherine Stanley, de BMO, et Christian Deckart, de Mawer, pratiquent un style de «croissance à un prix raisonnable».

Malgré des préférences régionales très disparates, les trois gestionnaires s’entendent sur une chose : leur sélection de titres les éloigne des États-Unis (qui pèsent pourtant pour 58 % dans l’indice MSCI) et du Canada, où les évaluations s’élèvent en moyenne à 23 et à 20 fois les bénéfices par action. Dans la vingtaine d’autres pays de l’indice, la moyenne des évaluations est plutôt de 16 fois les bénéfices.

Catherine Stanley et Christian Deckart ont des positions bien étoffées au Royaume-Uni, la première avec Dechra Pharmaceuticals, le second avec la société informatique Softcat. Dechra, active en médecine vétérinaire, profitera de la hausse du marché des animaux de compagnie et du vieillissement de la population, surtout aux États-Unis. Softcat, pour sa part, bénéficie d’une croissance interne annuelle de 22 % et d’un rendement sur les capitaux propres de 50 %.

De tels titres ne sont-ils pas menacés par le Brexit ? Catherine Stanley n’est pas inquiète : «Nous aurons sans doute un fléchissement de la livre sterling, mais c’est une situation dont nos entreprises [qui font affaire surtout à l’extérieur du Royaume-Uni] pourraient bénéficier.» C’est un autre avantage de la diversification que même les petites capitalisations peuvent apporter.