Une homme d'affaire qui réfléchit penché sur son téléphone sur un fonds transparent de graphiques boursiers,
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Simon Bérubé s’occupe d’une clientèle fort restreinte de 33 clients, dont la plupart sont retraités. «Je fais surtout du décaissement, ce qui implique une façon particulière de gérer les comptes : je vise le rendement raisonnable et la préservation du capital», dit ce conseiller en sécurité financière au Groupe Cloutier, à Québec.

Sa fille, Dominique Bérubé, s’occupe des enfants de cette clientèle que le père qualifie de «facile» et qui est composée surtout d’entrepreneurs. «Certains professionnels qui ont l’habitude de vivre avec un revenu annuel de 300 000 $ à 500 000 $ me demandent de leur fournir un même revenu à la retraite, mais sans avoir fait ce qu’il faut, dit-il. Mes clients entrepreneurs, qui ont touché leur capital seulement au moment de vendre leur entreprise, sont habitués de vivre avec des revenus relativement modestes. Ils ne me demandent pas des revenus de 500 000 $.»

Sa gestion de portefeuille s’inspire des idées du docteur en économie Guy Mineault, conférencier et ex-professeur d’université, pour analyser et sélectionner les fonds, un travail qu’il confie en grande partie à sa fille. Les fonds qu’il retient doivent avoir un historique d’au moins trois ans, de préférence de cinq à 10 ans. «Il faut que mes fonds battent l’indice auquel je me réfère constamment, le S&P/TSX, ou l’égalent avec moins de volatilité.»

Le marché actuel n’inquiète guère ce vétéran de 67 ans. «La guerre de tarifs commerciaux avec la Chine fait peur aux gens, mais la seule chose dont on doit avoir peur aujourd’hui, c’est la peur d’une récession. Les données fondamentales n’ont pas changé. Donald Trump inquiète, mais il faut comprendre qu’il négocie comme un syndicaliste : il commence par demander l’impossible, puis revient à une position raisonnable.»

Son portefeuille de base est composé de six fonds, dont trois sont présentés ici. Ce portefeuille concentré lui a permis d’assurer à ses clients un rendement annualisé de 10,4 % sur 10 ans, comparativement à 7,4 % pour le S&P/TSX.

Fonds Fidelity Revenu mensuel

Manufacturier : Fidelity Investments

Offre initiale du fonds : novembre 2003

Actif sous gestion (ASG) : 9,2 G$ (31 août 2019)

Ratio des frais de gestion (RFG), série B : 2,07 %

Rendement annualisé depuis 10 ans : 7,04 %

Simon Bérubé considère ce fonds comme un refuge. «Lorsqu’un client veut trouver refuge dans les marchés monétaires, je vais plutôt l’orienter vers ce fonds. Il ne donne pas des rendements à tout casser, mais comme refuge, ce n’est pas mal du tout.»

Ce fonds, de type équilibré, est piloté par deux gestionnaires étoiles : d’un côté Daniel Dupont, principal responsable des actions, et Geoff Stein, qui veille sur les obligations. Il est essentiellement canadien, la part canadienne en actions, obligations et trésorerie devant être d’au moins 51 % ; elle s’élevait à 79,4 % selon le dernier aperçu du fonds, en date du 28 février 2019. La trésorerie est sensiblement élevée, à 10,7 %.

«Cette concentration canadienne fait mon affaire dans la mesure où ça représente seulement une partie de mon portefeuille total, où le Canada occupe une part de 9 % en actions, ce qui est peu, dit le conseiller. C’est un fonds de base qui n’a rien de spectaculaire, sauf qu’il dépasse quand même le TSX et vise des gens qui ont une faible tolérance au risque.»

Fidelity lui assigne une cote de risque de faible à moyenne. «Je n’ai jamais retiré ce fonds de mon portefeuille, alors que j’en ai retiré bien d’autres», note Simon Bérubé.

Fonds équilibré mondial de croissance Mackenzie

Manufacturier : Placements Mackenzie

Offre initiale du fonds : janvier 2019

ASG : 102,6 M$ (30 août 2019)

RFG, série F : 1,0 %

Rendement annualisé depuis 10 ans : n.d.

La présence de ce produit semble contredire le principe de base de Simon Bérubé, qui ne considère aucun produit ayant moins de trois ans d’existence. Ce fonds n’y échappe pas, car il regroupe trois gestionnaires qui, chacun dans son fonds existant, présentent une feuille de route de plus de 10 ans. «J’ai trouvé la combinaison intéressante, de telle sorte que je suis monté à bord», dit-il.

Le conseiller aime tout particulièrement la présence de Dina DeGeer, dont le fonds Catégorie Mackenzie croissance mondiale a donné un rendement annuel composé de 10,6 % depuis 10 ans. «La présence mondiale est un critère que je privilégie tout particulièrement», dit Simon Bérubé.

Dans un autre portefeuille de croissance canadien que gère Dina DeGeer, si cette gestionnaire réussit mieux, juge Simon Bérubé, «c’est parce que les entreprises canadiennes qu’elle choisit font essentiellement affaire à l’international».

Le fonds de Dina DeGeer compose le noyau d’actions du fonds et présente, avec son objectif de croissance, un niveau de risque plus élevé, mais il est tempéré par les deux autres fonds obligataires, juge le conseiller. «La cote de risque tombe ainsi de « moyen » à « faible à moyen »», commente-t-il, ce qui rend le fonds accessible à la plupart de ses clients.

Le portefeuille n’est pas «équilibré» entre actions, au nombre de 50, et obligations, au nombre de 465. Cette disparité ne dérange pas Simon Bérubé, qui trouve normal le volume d’obligations et voit un avantage à un portefeuille plus concentré. Un compte d’actions aussi élevé que celui des obligations l’aurait certainement préoccupé. «Quand un gestionnaire a des centaines d’actions, je ne sais pas comment il peut s’y retrouver.»

Catégorie mondiale à faible volatilité TD

Manufacturier : Gestion de Placements TD

Offre initiale du fonds : septembre 2012

ASG : 206 M$ (31 août 2019)

RFG, série I : 2,46 %

Rendement annualisé depuis la création : 10,5 %

En règle générale, Simon Bérubé ne prise pas les fonds offerts par les banques, mais celui-ci fait exception. Son intérêt tient à la présence du gestionnaire Jean Masson, «probablement celui qui a instauré les fonds à faible volatilité et qui gère au total près de 25 G$ en actifs de ce type».

Jean Masson juge fausse l’idée voulant que plus l’investisseur s’expose à des risques, plus il est récompensé. «C’est plutôt la faible volatilité et un rééquilibrage quotidien des titres qui procurent une bonne performance», souligne Simon Bérubé.

Le concept de ce fonds lui plaît à la base et répond à un besoin fondamental de sa pratique de gestion. «L’écart-type sur trois ans est de seulement 8, ce que je trouve très bon pour un fonds mondial d’actions.» Et, encore une fois, la diversification mondiale est un attribut majeur.

Jean Masson affirme que son rééquilibrage quotidien est fait à partir de 30 critères, rapporte le conseiller du Groupe Cloutier. «Je ne sais pas comment il s’y prend, mais, chose certaine, ça réussit.»