Focus sur l’industrie des FCP – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com Source de nouvelles du Canada pour les professionnels financiers Thu, 12 Oct 2023 19:36:03 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.9.3 https://www.finance-investissement.com/wp-content/uploads/sites/2/2018/02/cropped-fav-icon-fi-1-32x32.png Focus sur l’industrie des FCP – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com 32 32 L’offre de fonds alternatifs s’élargit https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/loffre-de-fonds-alternatifs-selargit/ Mon, 16 Oct 2023 04:25:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=96677 Les besoins de vérifications diligentes aussi.

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Le paysage des placements alternatifs pour les conseillers s’adressant aux particuliers a considérablement changé au ­Canada récemment.

Une tendance lourde se fait sentir. Pendant près d’une décennie, seules quelques firmes canadiennes spécialisées employant des stratégies nichées occupaient une place dominante dans ce segment de marché relativement petit, surtout dans les placements privés.

Or, on observe désormais de plus en plus d’offres de placements de la part de grandes firmes canadiennes et mondiales, qui cherchent à prendre une place de plus en plus importante dans ce marché en croissance.

Quels sont les avantages, les inconvénients et les conséquences de cette tendance ?

Ces dernières années, plusieurs événements au sein de fonds investissant dans des actifs privés ont eu des conséquences délicates pour les conseillers et les investisseurs.

D’abord, d’importantes demandes de rachats auprès de sociétés telles que ­Romspen ou Ninepoint ont forcé ces manufacturiers à suspendre les rachats pour de longues périodes, à scinder des fonds entre les investisseurs souhaitant quitter le navire et ceux désirant maintenir leurs positions ainsi qu’à modifier les termes des placements afin que la liquidité offerte soit plus alignée avec la capacité réelle des fonds de l’honorer.

On ne peut pas également ignorer le scandale Bridging Finance. Ce fonds torontois, censé effectuer des prêts privés commerciaux de premier rang à court terme de nature relativement sécuritaire, a fait l’objet d’une mise sous séquestre par la ­Cour supérieure de l’Ontario (CSO) à la suite d’une enquête de la ­Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) en avril 2021.

Dans la foulée de cette enquête, diverses allégations de prises de risque indues, de fausses informations communiquées au public et aux investisseurs, de pertes potentielles sur investissement cachées sous le tapis et d’irrégularités ont fait surface. Des poursuites sont désormais intentées contre les vérificateurs, actionnaires, gestionnaires, assureurs, divers emprunteurs et certains anciens employés de ­Bridging pour plus de trois milliards de dollars. Les parts des fonds ­Bridging ne peuvent toujours pas être négociées, aucune distribution aux investisseurs individuels n’a été ordonnée par la cour et le dossier traîne en longueur devant les tribunaux. Cet événement est l’exemple type de ce qui peut mal tourner avec un fonds privé, minant la confiance générale du public investisseur envers ce type de placement.

Un avantage pour la communauté des conseillers en services financiers de l’arrivée de gros acteurs tels que ­Hamilton Lane ou ­UBS, pour ne nommer que ­ceux-ci, est que ces sociétés ont une structure de gouvernance robuste. De nombreux investisseurs institutionnels ont déjà effectué des exercices de diligence raisonnable complets avant de placer auprès d’elles.

Un autre avantage est qu’elles peuvent donner une diversification géographique, sectorielle, de taille de transactions, et d’actifs que des acteurs canadiens spécialisés ne peuvent offrir. On ne saurait s’en plaindre.

La majorité des fonds canadiens d’actifs privés investissent principalement au ­Canada et, au mieux, étendent également leurs activités au marché américain. D’un point de vue sectoriel, une nette surreprésentation de fonds effectuant des prêts privés est active dans le secteur immobilier (Trez Capital, ­Romspen, ­River ­Rock ­Capital, Westbor0 Investment, ­Hazelview ­Investments, CMLS Frontenac, Equiton, ­Avenue ­Living, etc.) Même ­RBC, qui a lancé un fonds d’immobilier avec pour ­sous-conseiller ­QuadReal, le bras immobilier de la ­British Columbia Investment Management Corporation, vise un fonds 100 % investi dans le marché canadien. Bien que notre marché immobilier soit robuste et semble soutenu de manière constante par une immigration importante qui devrait perdurer, les conseillers qui souhaiteraient obtenir une diversification dans d’autres secteurs privés que l’immobilier canadien ont des choix limités.

Prudence nécessaire

Cela dit, malgré l’importance de ces organisations, il faut être prudent avant de plonger tête première dans de grands acteurs du secteur alternatif.

Des sociétés d’envergure mondiale peuvent tenter leur chance sur le marché de détail canadien sans que des garanties claires de leur pérennité ne soient assurées. Si le ballon d’essai ne fonctionne pas, qu’elles n’attirent pas suffisamment d’actifs ou que leurs activités au pays ne sont pas assez rentables, elles pourraient se soustraire en toute impunité à leurs responsabilités à l’égard des investisseurs. Cela s’est produit avec bon nombre de gestionnaires de fonds de couverture mondiaux lors de la crise financière de 2008.

On peut aussi se questionner sur les motivations d’un grand acteur à tenter de percer le marché de détail canadien, qui est relativement petit par rapport à d’autres à travers le monde. La société qui tente de se développer par l’intermédiaire d’une filiale au ­Canada ­fait-elle de bonnes affaires ailleurs ? ­A-t-elle fait l’objet de controverses ou de rachats importants à l’étranger ? ­Il n’y a pas forcément de mauvaise intention, mais il est sain de se poser la question.

On ne peut se fier aveuglément au fait que de savants investisseurs ont examiné la chose avant nous et que les placements conviennent forcément aux clients. Plusieurs vérifications diligentes sont nécessaires.

Par exemple, la structure de frais doit être examinée. En sus des frais de gestion du fonds canadien, il peut être pertinent de valider si des frais ­sous-jacents sont présents, par exemple si des ­sous-conseillers gèrent certains segments de la stratégie (fonds de fonds). On n’a parfois l’heure juste que lorsque l’on creuse la question ­au-delà des aperçus ou fiches d’informations de fonds. Ultimement, comme pour tout placement, les frais doivent être raisonnables, et le rendement net des frais également.

La structure de gouvernance doit être révisée. Qui calcule la juste valeur marchande du fonds ? À quelle fréquence ­est-elle vérifiée par un vérificateur externe ? ­Est-ce qu’une ou plusieurs sociétés tierces examinent les valorisations de manière indépendante, en plus des vérificateurs ? ­Comment le comité d’investissement choisit-il les placements, et quelle est sa composition ? ­Est-ce qu’un comité de surveillance composé en majorité de représentants externes à la société est en place pour superviser le travail du comité de placement et les activités ?

Enfin, la structure du fonds est également importante. Le gardien de valeurs ­est-il sérieux, tout comme le fournisseur de services administratifs ? ­Le fonds ­est-il distribué par un manufacturier canadien crédible ? ­Existe-t-il un fonds maître à l’étranger et si oui, où ­est-il domicilié et auprès de quelle société ? ­Qui supervise les transactions entre le fonds maître et le fonds local dans lequel l’argent des clients se trouve ?

Évidemment, les questions relatives à la stratégie d’investissement, aux gestionnaires, à leur rémunération, à l’historique, aux rendements et aux divers risques, comme pour tout placement, se doivent d’être posées.

Une étude de cas récemment observée dans le marché est l’arrivée de Blackstone dans le marché de détail, un des plus gros, sinon le plus gros gestionnaire d’actifs privés au monde. Forte d’une réputation qui la précède grâce à de bons résultats et à une forte croissance, cette société américaine pique certainement la curiosité.

Blackstone a fait l’objet d’importants rachats l’automne dernier de la part d’investisseurs asiatiques. Elle a dû suspendre temporairement les rachats. C’est normal, si les rachats excèdent la liquidité disponible du fonds. En soi, ce ne doit pas être un événement inquiétant.

Cela dit, il appert que de nombreux rachats ont été effectués parce que les fonds immobiliers Blackstone n’ont pas connu de baisse en 2022, contrairement à d’importantes corrections dans les titres immobiliers de sociétés publiques aux ­États-Unis, et certaines autres, plus légères, dans de nombreux fonds privés d’immobilier. Des investisseurs ont voulu effectuer un arbitrage entre des fonds à profit et d’autres à perte pour une catégorie d’immeubles ­sous-jacents similaire, en vendant les fonds ­Blackstone afin de générer des liquidités pour réinvestir ailleurs.

Aussi, ­Blackstone s’amène sur le marché canadien sans être distribuée par un manufacturier existant, avec une structure reconnue par les canaux de distribution habituels du pays.

Cela nous amène à nous interroger sur certains éléments. Pourquoi, avec sa taille, ­Blackstone veut-il lever des fonds au ­Canada ? ­La valorisation des fonds ­Blackstone ­aurait-elle dû connaître une certaine correction en 2022, à l’instar d’autres fonds immobiliers, publics comme privés ? Blackstone se lance seule sur le marché canadien, sans devenir ­sous-conseillère d’un manufacturier canadien établi. Qui jouera le chien de garde pour les épargnants canadiens ? ­Finalement, certains fonds de ­Blackstone, malgré leurs résultats et leur taille, sont tout jeunes et n’ont même pas cinq ans d’historique. ­La firme a bien un long historique, mais pas nécessairement leurs stratégies actuelles. Et, il faut le dire, les marchés privés ont eu la cote depuis plusieurs années. Dans l’immobilier, Blackstone a privilégié l’industriel et le multi-résidentiel, qui ont particulièrement bien performé. Cela résulte certes de prises de positions avisées, mais aussi d’un vent arrière important. ­Poser ces questions ne signifie pas que l’on croit qu’il y a anguille sous roche. Elles ne relèvent pas de la théorie du complot. Mais ces questions méritent d’être abordées, et ­Blackstone peut être ou ne pas être pertinente pour investir l’épargne de nos clients. Ce n’est pas uniquement la taille de l’émetteur qui le déterminera, mais l’ensemble des critères relatifs à un placement.

Le bonheur des uns fait souvent le malheur des autres. Si cette tendance s’inscrit dans la durée, cela aura certainement un effet sur l’écosystème des fonds privés canadiens. Les initiatives pour aider les gestionnaires de fonds alternatifs canadiens à réunir des actifs n’ont pas toujours été un franc succès — il est difficile d’imaginer que cela pourra aider.

Par exemple, ­AGF a lancé en 2021 sa fiducie de crédit privé avec ­SAF comme ­sous-conseiller. Les actifs nets totaux du fonds sont d’un peu plus de 65 millions de dollars (M$).

Mackenzie a elle aussi lancé un fonds en 2020 avec Northleaf à titre de ­sous-conseiller. Moins de 40 M$ d’actifs ont été récoltés dans cette stratégie.

On peut se demander si ces deux sociétés canadiennes bien établies et disposant de relations solides et durables avec le marché de détail canadien s’attendaient à recueillir aussi peu d’actifs dans une catégorie pourtant en croissance.

L’attrait de ces stratégies pour le marché de détail passe ­peut-être par une combinaison de fournisseurs externes mondiaux réputés et d’un manufacturier canadien tout aussi fiable. Il semble que c’est le pari que fait ­BMO ­Gestion mondiale d’actifs avec ­Partners ­Group, le plus récent lancement à voir le jour. Voyons où cela nous mènera.

Vincent Grenier-Cliche est gestionnaire de portefeuille, CIM.

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Leçons de la chute de Bridging Finance https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/lecons-de-la-chute-de-bridging-finance/ Mon, 10 Oct 2022 04:22:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=89544 L'exercice de diligence raisonnable est un processus continu.

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La déconfiture de Bridging Finance a fait souffler un vent de panique sur l’indus­trie des placements alternatifs illiquides dans le conseil en pla­cement aux particuliers. Des demandes de rachats monstres dans plusieurs fonds ont créé des suspensions de rachats, la mise en place de structures de rachats complexes et échelonnées dans le temps et, plus généralement, une remise en question profonde de ce type de placement dans les portefeuilles. Même si l’issue de ce scandale n’est pas encore connue, voici quelques leçons que l’on peut en tirer dans l’exer­cice d’analyse et de choix des pla­cements alternatifs.

Rappelons d’abord que Bridging Finance est une socié­té de gestion d’actifs de Toronto spécialisée dans les prêts privés aux entreprises. En quelques années, la société a connu une croissance rapide de son actif sous gestion, grâce à ses rende­ments attrayants et réguliers, ainsi que les antécédents profes­sionnels réputés de son équipe de direction. À son apogée, la société gérait environ 2 G$ d’ac­tifs pour le compte de plus de 25 000 investisseurs.

En avril 2021, la communauté financière et le grand public ap­prennent avec stupeur qu’une en­quête menée par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) avait relevé de nombreuses irrégularités dans la gestion de Bridging. Parmi celles-ci figurent de potentielles appropriations de fonds par les dirigeants, la non-divulgation de divers conflits d’intérêts, des prêts importants dont les em­prunteurs semblaient en diffi­culté financière ou encore dont les actifs mis en garantie ne semblaient pas avoir la valeur re­quise pour protéger le capital des investisseurs. La société est sous séquestre sur ordre de la Cour supérieure de l’Ontario (CSO) depuis le 30 avril 2021.

Après plusieurs mois d’attente et d’incertitude, les investisseurs ont appris à l’hiver 2022 qu’ils essuieraient des pertes impor­tantes sur leur investissement. Leur ampleur n’est pas connue et le résultat final dépendra de nombreux facteurs. Des pour­suites semblent se dessiner à l’égard des dirigeants, action­naires et vérificateurs de la société.

Comment Bridging a-t-elle pu passer entre les mailles du filet des firmes de courtage et des régulateurs ?

D’abord, elle a commencé ses affaires dans l’industrie des fonds d’investissement comme sous-conseiller d’une autre firme possédant un long historique et une bonne réputation, soit Ninepoint Partners. Bridging agissait donc de concert avec un distributeur. Ninepoint jouissait d’une expérience et de relations bâties au cours de nombreuses années avec l’industrie des fonds communs de placement, surtout dans les ressources naturelles, mais aussi dans les placements alternatifs. Ainsi, la confiance accordée à Ninepoint a été « transférée » vers Bridging.

Après plusieurs années de collaboration, à l’automne 2018, Bridging a racheté les droits de gestion appartenant à Ninepoint, pour désormais faire cavalier seul. La chose a été présentée, essentiellement, comme une entente à l’amiable.

Ce n’est que dans les der­niers mois que l’on a appris que l’équipe de Ninepoint aurait eu un certain inconfort avec, entre autres, la gestion comp­table de Bridging ainsi que le rythme de croissance des actifs. Les deux parties avaient décidé d’un commun accord de se séparer.

La première leçon à tirer est donc que si un sous-conseiller quitte un distributeur, l’exer­cice de diligence raisonnable devrait être refait auprès du gestionnaire.

Ensuite, Natasha et David Sharpe, fondateurs et hauts di­rigeants de Bridging, avaient d’excellentes réputations et semblaient maîtriser la gestion du livre de prêts de la firme. Na­tasha occupait le rôle de chef de la gestion des risques de la Financière Sun Life tout juste avant de lancer Bridging. David, professeur de droit à l’Univer­sité Queen’s, avait une carrière impressionnante en conformi­té (chef de la conformité d’As­sante, chef des enquêtes de l’Association des courtiers de fonds mutuels du Canada, etc.).

Questionnés sur leur manière de gérer l’argent des investisseurs, les Sharpe reflétaient l’image de bons parents, donnant divers exemples de prêts consentis à des entreprises qui étaient la « colonne vertébrale » de l’éco­nomie : secteurs manufacturier, alimentaire et du transport. Peu ou pas d’immobilier. Pas de sec­teurs spéculatifs.

Or, quiconque aurait réelle­ment creusé à haute fréquence leurs états financiers et signé une entente de confidentialité afin de pouvoir valider la qualité des prêts et du collatéral aurait probablement fini par voir que quelque chose ne tournait pas rond. Le séquestre a d’ailleurs mentionné dans un de ses rap­ports que le vrai problème n’était pas l’attribution des prêts, mais bien leur suivi et ce qui advenait lorsque la situation financière des emprunteurs changeait.

Ce qui amène à une deuxième leçon : surtout pour la gestion d’actifs privés comme la dette privée, on ne peut prendre une photo à un moment précis dans le temps (diligence raisonnable initiale) sans régulièrement de­mander des comptes. Le porte­feuille change constamment. Il faut bien s’assurer que la qua­lité ne se détériore pas et qu’on demeure à l’aise avec le style.

Troisièmement, les vérifica­teurs, en l’occurrence KPMG, sont un des plus gros, sinon les plus gros acteurs dans l’audit de fonds de placements alternatifs au Canada. Toutes les parties prenantes se sont fiées à leur tra­vail. Les états financiers vérifiés des fonds Bridging en date du 31 décembre 2020 ne laissaient en rien présager la catastrophe à venir. La valeur liquidative nette des parts de fonds avait été confirmée sans la moindre perte ou provision.

On connaît aujourd’hui, grâce aux divers rapports du séquestre remis à la CSO, combien de failles existaient dans la gestion des fonds, et combien de prêts étaient en défaut ou en absence de collatéral suffisant pour ga­rantir les prêts en entier, ainsi que l’ampleur des pertes appré­hendées. Il est donc difficile de comprendre comment le vérifi­cateur a pu ne rien voir au cours de ses audits sans avoir failli à ses obligations.

Problèmes de gouvernance

Par ailleurs, soulignons qu’il n’y avait pas suffisamment de mécanismes de surveillance ex­terne en place. La démonstration est faite : on ne peut compter sur le vérificateur pour s’assurer que les investisseurs seront protégés. Le comité d’approbation et de suivi des prêts était exclusive­ment constitué de membres de la haute direction et d’actionnaires ; aucun expert externe n’y siégeait. Aucune firme tierce spécialisée dans l’évaluation externe des prêts n’était embauchée pour poser un regard neutre et indé­pendant sur la valeur des actifs de Bridging.

Ces éléments pourraient certai­nement être des critères dans les choix de placement des conseillers.

Dans la déclaration sous ser­ment de la CVMO présentée par l’enquêteur Daniel Tourangeau à la CSO, des éléments de preuve liés à des versements de fonds non divulgués qui ressembleraient à de l’appropriation de fonds ont été soumis. Si ces éléments sont avérés, cela constituerait de la fraude. Cela dit, il faut disposer de pouvoirs d’enquête pour déceler un stratagème où des pots-de-vin, détournements ou appropriations de fonds ont lieu.

Les conseillers ne disposent pas de tels pouvoirs. Il n’est pas facile – certains diront impossible – de se prémunir contre tous les risques liés à la malhonnêteté des indi­vidus. Les systèmes sont en place pour les éviter, mais ils ne peuvent l’être entièrement.

De plus, à moins de connaître personnellement l’équipe de di­rection et les actionnaires, les al­légations sur les habitudes de vie personnelles et professionnelles discutables de David Sharpe ou de la famille Coco, les actionnaires majoritaires, il peut être difficile pour un conseiller de mesurer ces aspects et de les considérer dans ses choix de placement.

Que faire maintenant ?

Comme le dit le dicton : il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Les actifs illiquides continuent de constituer une part grandissante des portefeuilles institutionnels et de celui des particuliers fortunés. Ce type de placement a sa place dans les portefeuilles des clients grâce à ses rendements décorrélés et à la diversification globale de portefeuille.

Cela dit, pour les conseillers en placement et les gestionnaires de portefeuille, une grande question doit se poser : qui a le temps, les connaissances et les ressources pour bien suivre le contenu des portefeuilles privés ? À qui peut-on se fier ? Bridging était-elle un événement isolé, ou doit-on se méfier de la catégorie d’actif dans son ensemble ?

Les conseillers doivent s’ap­puyer sur un ensemble de pro­cessus pour choisir leurs outils de placement. On devrait vérifier la qualité de ces processus de ma­nière continue au fil du temps. Ainsi, se fier à des acteurs bien établis, de grande taille et ayant une solide réputation et de nom­breux clients institutionnels peut constituer un bon pare-feu pour éviter des erreurs majeures. Par exemple, dans le cas qui nous intéresse, outre la Croix Bleue et Canassurance qui ont investi des sommes importantes à la fin de 2020, on sait maintenant que Bridging avait peu d’investis­seurs institutionnels véritables.

Également, toutes les stra­tégies de placement peuvent connaître des changements au fil du temps. Par exemple, plusieurs fonds de dette privée consentant des prêts à court terme ont commencé à offrir des termes plus longs à leurs emprunteurs. Les taux d’intérêt changent, les ratios de couver­ture (dette/capitaux propres) peuvent changer. Ces aspects doivent être supervisés et on doit décider si on demeure à l’aise avec une stratégie qui évolue, et si cette évolution est négative ou positive sur les rendements et les risques associés à une stratégie.

De nombreuses firmes mon­diales ou canadiennes sérieuses et bien établies offrent désormais des placements privés divers aux conseillers en placement. Ils ap­paraissent comme de bons choix à sélectionner pour investir dans des actifs moins liquides. Les conseillers peuvent aussi regarder diverses autres stratégies décorré­lées avec un sous-jacent liquide, comme les stratégies d’obligations de sociétés alternatives liquides, les fonds de couverture, certains fonds de dette ou d’actions privées ayant une partie d’actifs illiquides et une partie liquide offerts par prospectus, voire les stratégies d’arbitrage de fusions et acquisi­tions qui ont aussi une forte dé­corrélation aux marchés.

Le plus important reste de bo­nifier le rapport risque/rende­ment du portefeuille afin de jus­tifier l’utilisation des placements alternatifs.

NDLR : Au moment d’écrire ces lignes, le dossier Bridging était toujours devant les tribunaux. L’issue définitive pour les inves­tisseurs n’est pas connue et ne le sera pas avant plusieurs mois ou années, compte tenu des délais judiciaires.

Vincent Cliche est conseiller en placement

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Le point sur les FCP immobiliers https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/le-point-sur-les-fcp-immobiliers/ Mon, 20 Sep 2021 04:16:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=82137 Certains fonds offrent une prime de rendement en raison de leur illiquidité.

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En cette période où les yeux sont rivés sur les tendances inflationnistes et leur incidence sur les différentes catégories d’actifs, les prix de l’immobilier poursuivent leur envolée. Certains pourraient être intéressés par un investissement par l’intermédiaire des fonds communs de placement (FCP) afin d’obtenir une certaine exposition dans les portefeuilles des clients. Il n’est cependant pas évident de trouver le bon produit, ni même de savoir si y investir s’avère un placement judicieux dans le contexte actuel. Voici donc un survol des différents paramètres à évaluer et des principaux produits offerts sur le marché canadien du courtage de plein exercice.

Marchés publics c. marchés privés

Les fiducies de placement immobilier (FPI), mieux connues sous l’acronyme REIT (real estate investment trust), peuvent constituer une manière simple, transparente et liquide d’investir en immobilier. Le comportement du secteur a été remarquablement stable au cours de la courte, mais intense période de hausse de taux du début de l’année, si l’on se fie aux indices canadien et américain de ce secteur. On peut y investir à peu de frais avec un fonds négocié en Bourse (FNB) reproduisant le rendement d’un indice sectoriel, ou encore confier la gestion active d’un portefeuille de FPI à un portefeuilliste.

Un des grands avantages de ces options est la liquidité. Cela amène davantage de volatilité, mais permet également de clore une prise de position rapidement. Aussi, ce type de placement donne accès à des sociétés de grande envergure dans une pléiade de sous-secteurs (résidentiel, commercial, bureau, industriel, etc.).

D’un autre côté, l’offre de FCP sur les marchés privés est beaucoup plus variée et nichée, à tel point qu’il est quasiment impossible de prétendre connaître tous les fonds existants au pays. Il vaut d’ailleurs souvent mieux se fier à la liste des manufacturiers approuvés de notre firme pour cerner les gestionnaires disponibles afin de construire le segment immobilier d’un portefeuille.

Les placements sur les marchés privés sont moins liquides et ne se négocient pas sur un marché secondaire organisé. Cela fait que leur valeur ne fluctue pas selon les aléas des marchés boursiers, mais bien selon la valeur évaluée soit par le gestionnaire, soit par un vérificateur externe. L’avantage est que la volatilité est bien moindre, voire quasi nulle, mais cela peut s’avérer moins transparent et fiable qu’un placement dans des sociétés cotées en Bourse où les divulgations sont plus importantes.

Les frais des fonds privés sont généralement plus élevés et il n’est pas rare d’y voir des frais de performance. Cependant, il arrive souvent que le rendement espéré net des frais demeure plus élevé que sur les marchés publics, notamment à cause de la prime d’illiquidité, mais aussi de l’expertise souvent nichée des gestionnaires qui permet de profiter d’inefficiences plus difficiles à saisir sur les marchés publics.

Dette ou capitaux propres

On peut déceler deux grandes catégories de FCP immobiliers privés: les fonds de dette et les fonds de capitaux propres (equity).

Les fonds de dette sont davantage répandus compte tenu de leur rang de priorité sur les autres éléments de passifs dans la structure de capital, de leurs revenus récurrents et de leur (relative) liquidité par rapport au capital propre, qui constitue ni plus ni moins de la détention immobilière. Les fonds de dette sont principalement dans deux secteurs:

  • Prêts hypothécaires résidentiels, généralement sous la forme de société de placement hypothécaire, ou MIC (mortgage investment corporation). On peut penser à des gestionnaires comme RiverRock ou Westboro, par exemple. Dans ces fonds, les gestionnaires prêtent directement à des particuliers pour financer ou refinancer une propriété résidentielle qui est occupée.
  • Prêts hypothécaires commerciaux, sous la forme de MIC, de fiducie ou de société en commandite (LP). Les sociétés Romspen et Trez Capital sont parmi les plus connues dans ce sous-secteur du marché canadien. Les prêts s’appliquent au financement en préconstruction (par exemple, le financement de terrains), à la construction, aux acquisitions ou au refinancement de propriétés existantes pour une transaction.

Les fonds de capitaux propres sont plus rares et généralement moins liquides. Ils permettent de détenir une multitude d’immeubles dans un fonds diversifié, généralement aux côtés d’investisseurs chevronnés. L’immobilier fonctionne souvent à la manière d’un club : plusieurs investisseurs qui se connaissent se réunissent, après quoi leur succès finit par provoquer un engouement auprès d’autres investisseurs. Vient ensuite une structure plus formelle à laquelle peuvent se joindre des particuliers.

À notre connaissance, les fonds de capitaux propres sur les marchés privés sont généralement beaucoup plus nichés que des FPI publiques.

À titre d’exemple, Trez Capital, un gestionnaire de fonds bien connu dans le marché du prêt hypothécaire commercial, lance présentement un nouveau fonds permettant d’investir dans les capitaux propres de projets immobiliers, c’est-à-dire en étant propriétaire plutôt que créancier, comme dans ses fonds offerts au détail depuis plusieurs années. Selon les informations préliminaires communiquées par la société, le fonds investira initialement de manière assez spécifique dans des projets résidentiels et d’entreposage dans le sud des États-Unis.

Un autre exemple est l’offre de fonds du Groupe RMC, une société originaire de Montréal qui se spécialise dans l’acquisition au rabais d’immeubles de bureaux américains, principalement dans le Midwest.

Il existe bien sûr de grands fonds d’immobilier tels que celui offert par UBS, dont la diversification et la qualité sont très élevées. Mais cela est l’exception plutôt que la règle.

Critères à considérer

Attention: tous les fonds ne sont pas égaux sur les plans du risque et du rendement dans l’une ou l’autre des catégories. Différents critères doivent être évalués avant de choisir un ou plusieurs gestionnaires.

Voici quelques-uns des plus importants facteurs à considérer :

  • Liquidité
  • Frais de rachat
  • Frais de gestion
  • Ratio prêt/valeur, ratio d’endettement, taux de capitalisation
  • Durée des prêts
  • Expérience du gestionnaire (historique, antécédents)
  • Actifs sous gestion.

Dans le cas des fonds de dette, il y a également d’autres questions plus fines et subtiles, mais pertinentes, à poser pour bien cerner le gestionnaire, par exemple:

  • Est-ce que des garanties supplémentaires aux actifs en collatéral sont généralement offertes par les emprunteurs (par exemple, des garanties personnelles) ?
  • Est-ce que l’évaluation des actifs est effectuée par une firme indépendante?
  • Est-ce qu’un comité indépendant approuve et supervise l’attribution de prêts des gestionnaires?
  • Quel est le processus judiciaire requis pour réaliser les garanties en cas de défaut de paiement d’un emprunteur?
  • Quels frais sont imposés aux emprunteurs autres que le taux d’intérêt du prêt?
  • Déduisez-vous vos frais et intérêts du montant prêté dès l’approbation ou percevez-vous plutôt ceux-ci pendant le prêt ou au remboursement?

Les gestionnaires n’auront certainement pas tous les mêmes réponses à ce type de questions. Ce genre d’intervention permet d’aller au-delà d’une simple fiche exposant les rendements et les modalités du placement et de comprendre comment le gestionnaire protège ses investisseurs de déraillements potentiels.

Du côté des fonds de capitaux propres, plusieurs questions pertinentes peuvent être posées, comme:

  • Quel est le ratio d’endettement maximal prévu lors des acquisitions, des améliorations ou des refinancements?
  • Quel est le ratio de distribution? Quel pourcentage des flux de trésorerie disponibles représente-t-il?
  • Quel type de qualité de construction recherchez-vous ?
  • Qui s’occupe de la gestion des immeubles?
  • Les améliorations sont-elles capitalisées ou non?
  • Les hausses de loyers sont-elles déjà contractuellement incluses dans les baux?

Ce genre de questions permet notamment de déceler si le gestionnaire est plutôt conservateur ou non dans ses prévisions financières. Cela permet de savoir comment il gère ses immeubles et, conséquemment, quel est le niveau de risque par rapport au rendement qu’il espère.

Survol fiscal

Les fonds de dette génèrent des revenus d’intérêt imposables dans l’année où ils sont reçus. Si l’on a des actifs enregistrés et non enregistrés, il est donc sage, dans une logique d’optimisation, de détenir ce genre de produit dans un compte enregistré.

Les fonds de capitaux propres sont une bestiole beaucoup plus complexe sur le plan fiscal. Tout dépendant de leur structure, plusieurs d’entre eux sont en mesure d’effectuer leurs distributions sous forme de remboursement de capital, en tout ou en partie. Cela diminue d’autant le prix de base rajusté (PBR) du placement, ce qui occasionnera du gain en capital au moment de la disposition.

On doit aussi considérer de potentiels gains ou pertes de change, selon que les gestionnaires couvrent leur fonds contre les risques de devise ou non.

Pas pour toutes les poches

Pour de plus petits investisseurs, il s’avère presque exclusivement possible d’investir dans des FNB ou FCP qui achètent des titres de sociétés cotées en Bourse.

Les fonds privés exigent souvent des investissements minimaux plus importants et ne peuvent être achetés que par des investisseurs accrédités ou dans le cadre de mandats de gestion discrétionnaire. Ainsi, cela s’adresse principalement à des investisseurs plus fortunés.

L’enjeu de liquidité appelle aussi à limiter à un petit pourcentage (5% ou moins) d’un portefeuille l’investissement dans un fonds privé, question d’éviter d’être surexposé à une sous-catégorie d’actifs trop nichée.

Si l’on peut investir dans de tels produits, on y trouvera cependant généralement son compte par rapport à d’autres catégories d’actifs, notamment dans une période de taux d’intérêt en augmentation. Les fonds de dette font souvent des prêts à relativement court terme dont les taux sont fonction de l’environnement de taux. Les fonds de capitaux propres ont des actifs qui prennent de la valeur en période inflationniste. Cela peut s’avérer un puissant outil de diversification, de diminution de volatilité et de protection contre les hausses de taux.

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Premier test concluant https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/premier-test-concluant/ Fri, 21 Aug 2020 04:00:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=69230 Or, on doit être prudent avec les fonds alternatifs liquides.

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Les turbulences du cyclone appelé COVID-19 ont-elles validé les séduisantes promesses des nouveaux fonds d’investissement alternatifs liquides ? Ç’a parfois été le cas, mais pas toujours.

Distribués aux clients de détail depuis janvier 2019, ces fonds ont des stratégies complexes, peuvent utiliser des produits dérivés et avoir recours aux ventes à découvert et aux effets de levier. Ils peuvent également favoriser une concentration élevée de titres détenus en portefeuille. Ils sont généralement moins liquides que les fonds traditionnels.

Les spécialistes de la mise en marché aiment les présenter comme moins corrélés aux stratégies traditionnelles et, de ce fait, plus aptes à affronter d’éventuelles baisses de marché.

Les auteurs des premiers bilans de cette famille de fonds font preuve d’un optimisme prudent.

« Plusieurs » fonds alternatifs grand public se sont bien comportés entre le 20 février et le 29 mai, et plus particulièrement lors de la période de chute des marchés entre le 20 février et le 20 mars, conclut une étude publiée en juin par l’équipe de l’analyste James Gauthier, d’iA Valeurs mobilières (iAVM).

Cela dit, les écarts de rendements sont significatifs. Par exemple, parmi les fonds de marché neutre ou ciblant les actions, le pire a enregistré – 21,8 % pour l’ensemble de la période considérée, comparativement à un gain de 8,1 % pour le meilleur du groupe. « Le choix du bon fonds est crucial tout comme la compréhension de sa stratégie », écrit James Gauthier.

Une autre étude, cette fois de Richardson GMP, accorde aux fonds alternatifs grand public une note de B+. Par rapport à la note de F donnée pour l’année 2018 par cette même firme, le renversement est radical.

L’étude relève aussi les grands écarts de performance entre les fonds : « Une partie de ces écarts provient de la diversité des stratégies employées, mais cela souligne également l’importance de choisir les bons gestionnaires. »

Selon deux praticiens en gestion de patrimoine, les fonds alternatifs liquides ont confirmé les attributs mis de l’avant dans leurs publicités.

« Certains craignaient la catastrophe, notamment à cause de la liquidité plus limitée des fonds alternatifs. Que serait-il arrivé si les épargnants avaient voulu retirer leurs billes ? Cette catastrophe n’a pas eu lieu. Les fonds alternatifs ont réussi leur premier grand test, celui de la réalité de la diversification et de l’atténuation de la volatilité », dit Jean Morissette, consultant et ex-associé fondateur de Talvest.

Il n’est cependant pas prêt à donner au secteur sa totale confiance : « Pourquoi tel fonds a-t-il réussi à tirer son épingle du jeu, alors que d’autres ont fait mauvaise figure ? Difficile d’y répondre, car les stratégies sont opaques. »

L’information concernant ces fonds est insuffisante, selon Jean Morissette : « La description des stratégies est trop générale. Par exemple, on ne sait pas dans quelles circonstances tel fonds diminuera le risque. On ignore dans quelles circonstances – marché haussier ou baissier ? – ces fonds amplifieront les résultats. Autrement dit, on ne sait pas comment ni quand ces fonds pourraient être bénéfiques à leurs clients. »

Membre de plusieurs comités de retraite, le consultant Marc Saint-Pierre ne dit pas autre chose : « Le grand problème de ces fonds, c’est qu’on y trouve de tout. Tout est mélangé. Comment comparer des fonds ciblés d’actions de type alternatif entre eux si l’un est concentré en actions canadiennes, alors qu’un autre mise sur les actions américaines ? Et que recouvrent les mandats des fonds multi-stratégies ? Leur contenu est très obscur. »

Selon lui, « la rigueur des fonds alternatifs destinés aux investisseurs institutionnels n’a pas encore touché le secteur des fonds alternatifs vendus au grand public ».

L’industrie doit y voir, d’après Jean Morissette : « Le danger consiste à se brûler les doigts. Les investisseurs individuels pourraient se détourner de ces produits s’ils n’y comprennent rien et si les résultats ne correspondent pas à leurs attentes. Les gestionnaires de fonds doivent expliquer leurs stratégies. Le temps des road shows n’est pas fini ! »

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FCP : l’ABC du lissage des revenus https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/fcp-labc-du-lissage-des-revenus/ Fri, 21 Aug 2020 04:00:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=69244 Il importe d'évaluer si les distributions sont soutenables.

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De nombreux fonds communs de placement (FCP) et fonds négociés en Bourse adhèrent à une politique de distribution ciblant un montant par part ou un pourcentage de la valeur par part qui n’a pas de lien direct avec le rendement sous-jacent des placements détenus. Il y a des avantages et des inconvénients à cette pratique, tant pour les conseillers que pour les clients ou leurs comptables.

Le plus souvent, les organismes de placement collectif qui choisissent de verser des distributions lissées les versent sur une base mensuelle selon une formule connue d’avance. Il existe deux grandes catégories de fonds lissant les distributions.

Le manufacturier des produits de la première catégorie détermine le montant de distribution au début de chaque année civile en fonction du rendement de distribution attendu des valeurs mobilières constituant le fonds.

Cette approche vise notamment à ne verser que les revenus réellement réalisés, nets des frais du gestionnaire, afin de ne pas entamer le capital. Elle permet de verser un revenu réaliste et permet aussi au gestionnaire de portefeuille de séparer du revenu généré la génération d’alpha sur le capital. Plusieurs fonds de revenu fixe à revenu mensuel ont cette approche.

Dans la deuxième catégorie, on opte pour des versements mensuels d’une plus grande ampleur et qui se rapprochent du rendement total espéré sur le fonds, à savoir les revenus et l’appréciation du capital. On peut penser aux fonds portant une mention de revenu élevé dans leur libellé et qui contiennent à la fois des obligations et des actions. Le rendement de tels produits peut souvent se rapprocher de celui des fonds équilibrés. La nuance est qu’un versement de distributions mensuelles s’effectue.

Fiscalement parlant, les types de distributions de la deuxième catégorie de fonds seront souvent plus diversifiés puisque le revenu versé est plus élevé et déterminé en fonction d’un objectif. Il se peut qu’il y ait du remboursement de capital (RDC), des dividendes canadiens, du gain en capital, voire du revenu d’intérêt ou des dividendes étrangers selon que le fonds est constitué en fiducie ou en société. On ne voit généralement pas de RDC dans un fonds ayant une politique de distribution de la première catégorie puisqu’il est beaucoup plus près du revenu « réel ».

La portion de RDC est d’autant plus grande sur les fonds de série T, qui visent à en générer le plus possible, surtout pour les fonds constitués en société par actions (aussi appelés « catégories de société »).

À peu près partout, l’option par défaut au moment d’acheter un FCP consiste à réinvestir automatiquement les distributions, peu importe leur fréquence. Pour les fonds ayant des distributions fréquentes, cela a un impact néfaste pour les (nombreux) investisseurs qui choisissent un produit selon ses mérites et non selon sa politique de distribution.

Ainsi, dans ce dernier cas, ils réinvestissent des distributions aux caractéristiques fiscales diverses, ce qui complexifie les déclarations de revenu ainsi que le suivi du prix de base rajusté (PBR) des placements pour les préparateurs fiscaux. Règle générale, le suivi comptable est plus facile sur les fonds de série T en catégorie si l’on souhaite recevoir un rendement, puisqu’il arrive souvent que l’on n’ait que des distributions sous forme de remboursement de capital et quelques gains en capital réalisés par le fonds, tout simplement.

Les objectifs d’une politique de distribution mensuelle sont pluriels. D’abord, bon nombre d’investisseurs cherchent à recevoir des revenus sur une base régulière. En appliquant une politique de distribution claire, les conseillers peuvent choisir un produit qui verse un revenu adapté à la réalité du client.

Il y a aussi un important aspect marketing. La notion de revenu peut être interprétée par les investisseurs comme porteuse de gestion du risque, ou d’obtention d’un revenu courant élevé permettant de ne pas toucher au capital tout en générant du rendement – que l’on souhaite toucher ou non aux revenus générés. Le mot revenu lui-même est souvent utilisé par les firmes de courtage comme un type de profil d’investisseur, souvent assez conservateur. La nomenclature doit certes contribuer à faire mousser les ventes de certains fonds, qui, en réalité, sont des fonds équilibrés légèrement biaisés sur leur répartition en actions.

Évidemment, beaucoup de fonds n’ont pas de politique de distribution semblable à celles évoquées ci-avant. Par exemple, de nombreux fonds obligataires versent les revenus d’intérêt nets sur une base trimestrielle et le gain en capital une fois par an, en fin d’année civile.

Les fonds structurés en société par actions, ayant notamment pour but de limiter les revenus distribués (sauf pour les fonds de série T), versent plutôt une fois par année, à la fin de l’année fiscale de la société, les gains en capital nets ainsi que tout dividende canadien déterminé, le cas échéant.

Comment choisir

Il existe divers aspects à considérer dans le choix de tout produit, mais encore davantage dans cette gamme et surtout pour la deuxième catégorie de fonds.

En effet, si l’on recherche un revenu mensuel élevé qui sera versé afin de financer le coût de vie d’un client, il faut savoir évaluer si la distribution élevée est soutenable. On doit comprendre à quel point cette distribution peut empiéter sur le capital et si cela a du sens par rapport au décaissement prévu dans la planification financière du client.

Si l’on recherche un avantage fiscal au cours de la période de distribution, on doit songer aux fonds structurés en société par actions. Ils versent généralement sous forme de remboursement de capital uniquement. Cela a cependant un désavantage : la diminution du PBR qu’entraînent des distributions sous forme de RDC peut créer un gain en capital latent qui sera déclenché à la vente du placement, que ce soit lors du décès ou avant.

Cela s’avère aussi si le taux de distribution choisi est plus élevé que la prise de plus-value du placement. La préférence personnelle du client de repousser l’impôt au moment de vendre dépend de sa vision de la planification successorale : souhaite-t-il payer moins d’impôt aujourd’hui et que la succession en paie davantage plus tard ? Peut-il financer cet impôt futur par l’intermédiaire d’une assurance vie ? Peut-il décider de léguer ce placement à une oeuvre de charité, en tout ou en partie, afin de recevoir un reçu de don et ainsi éliminer l’impôt au décès ? Cela mérite une discussion.

Comme expliqué précédemment, la fiscalité des distributions sur les fonds en fiducie dépendra des types de revenus de placements (nets de frais) générés. Généralement, pour les fonds en fiducie, la portion en RDC servira à « remplir le verre », c’est-à-dire à compléter la partie de distribution qui n’a pas une autre nature fiscale.

Soulignons que la qualité de la gestion et le résultat net au client prévalent toujours sur la fiscalité. De plus, la gestion des décaissements doit s’intégrer dans le rééquilibrage des actifs. Si l’on gère un portefeuille avec des solutions gérées, ce volet est souvent pris en charge par le gestionnaire. Cependant, si l’on gère le portefeuille d’un client avec un éventail de fonds à la pièce, on pourrait souhaiter ne pas recevoir les distributions et vendre des parts de fonds sur une base régulière afin de rééquilibrer le portefeuille et répondre au besoin de décaissement, le cas échant.

À choix égaux, on peut trouver des subtilités qui avantagent un produit plutôt qu’un autre, mais il faut tout évaluer et non s’enticher d’un produit pour une caractéristique qui nous a bien été vendue. FI

* Conseiller en placement

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Ce qu’il faut savoir sur les distributions https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/ce-quil-faut-savoir-sur-les-distributions/ Sun, 01 Sep 2019 04:40:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=60460 Ce ne sont pas toutes les distributions qui sont imposables.

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Les conseillers devraient prêter une attention particulière aux politiques de distribution des produits qu’ils utilisent. Celles-ci peuvent avoir des conséquences importantes sur le portefeuille des clients, que ce soit pour des raisons liées à la gestion, à la fiscalité ou aux meilleurs et pires moments pour acheter des parts d’un fonds commun. Voici pourquoi.

L’ABC des distributions

On entend généralement par distribution un montant payé à l’investisseur par un manufacturier de fonds communs. Il est cependant pertinent d’apporter certaines nuances.

Le taux de distribution, exprimé en pourcentage ou en montant par unité, peut signifier différentes choses. Il peut être variable et plus ou moins calqué sur les revenus des valeurs mobilières sous-jacentes, nets des frais. Il peut être fixé selon une politique de distribution visant à générer un certain pourcentage par année, considérant les besoins en revenus des clients.

On parle aussi souvent de distributions de gain en capital de fin d’année, tout comme, de façon plus générale, de distributions fiscales, voire de distributions sous forme de remboursement de capital non imposables. De plus, distribution ne veut pas forcément dire distribution imposable. Cet aspect est crucial.

Le choix d’une politique de distribution

Qu’est-ce qui motive les manufacturiers à choisir une politique de distribution ? Le plus souvent, trois raisons distinctes :

L’aspect principal que la majorité des manufacturiers privilégient afin de déterminer la fréquence et le montant des distributions est le type de fonds et sa stratégie d’investissement. Cet aspect est lié à l’objectif d’utilisation des produits.

Par exemple, si un produit porte un nom qui inclut «revenu» et, à plus forte raison, «revenu mensuel», il est fort probable que celui-ci distribue des revenus sur une base régulière et qu’il soit davantage utilisé par des investisseurs souhaitant recevoir des revenus réguliers.

Dans cette logique, deux mandats ayant des répartitions de l’actif très similaires pourraient avoir des politiques de distribution différentes. On pourrait, par exemple, penser à un fonds portant la mention «équilibré mondial» et un fonds étiqueté «revenu mensuel» dont les actifs sous-jacents seraient très semblables, ou encore un fonds de «revenu de dividende» par rapport à un fonds «d’actions nord-américaines valeur».

Les mauvaises langues pourraient y voir une intention davantage liée au marketing, mais les manufacturiers y voient d’abord un souci de clarté et d’opérations conséquentes avec l’objectif du client.

Pour les fonds de revenu constitués en fiducie, la pratique commune de l’industrie est de verser les intérêts nets sur une base trimestrielle. Bien qu’elle ne soit pas normée, c’est une convention respectée par un nombre important de manufacturiers. Cette façon de faire simplifie le volet opérationnel et permet aux clients de savoir à quoi s’attendre. L’avantage de cette méthode est que l’investisseur peut avoir une bonne idée du rendement «réel» que lui procure son placement, indépendamment de la hausse ou de la baisse de la juste valeur marchande du placement.

L’aspect fiscal est un autre des points examinés. Par exemple, un fonds qui distribue beaucoup de revenu imposable est davantage équitable envers ses différents détenteurs si la société attribue ses revenus sur une base régulière, par exemple sur une base trimestrielle. Elle peut ainsi ne pas pénaliser les investisseurs qui achètent des parts de fonds en fin d’année civile. Lorsqu’un manufacturier de fonds ne distribue qu’en fin d’année, celui-ci risque d’envoyer à un client des distributions imposables pour toute l’année, même si ce client ne détient des parts d’un fonds que depuis un mois.

Par exemple, la société de fonds communs Turtle Creek attribue ses gains réalisés sur une base de détention mensuelle. Si l’on a détenu un de ses produits pendant les six premiers mois de l’année et que les 2/3 des gains ont été réalisés au cours des six mois en question, un détenteur des six derniers mois de l’année se verra attribuer uniquement le tiers des gains réalisés de l’année, même s’il détient le fonds lors de la distribution de fin d’année.

Pour les fonds d’actions, les politiques de distribution n’ont pas une aussi grande importance que pour les fonds de titres à revenu fixe, puisque la majeure partie du rendement provient de la croissance du capital plutôt que du revenu. Même d’un point de vue fiscal, il n’est pas rare que des fonds d’actions, même en fiducie, ne versent que peu de revenu, voire pas du tout, au cours d’une année, si les revenus ne sont pas plus élevés que les dépenses de gestion.

Pour les fonds constitués en fiducie tout comme pour les fonds constitués en société par actions, aussi désignés par «en catégorie de société», un réflexe important à développer est de se renseigner sur la distribution de gain en capital de fin d’année. Si celle-ci est très importante, on pourrait vouloir réfléchir à deux fois avant d’investir.

Il ne faut cependant pas oublier que l’aspect financier prévaut sur l’aspect fiscal. En effet, attendre avant d’investir peut nous priver d’un rendement plus important que l’économie fiscale réalisée en ne recevant pas la distribution de gain. De plus, la distribution de gain en capital réduit d’autant notre facture fiscale future, ce qui signifie que l’on est perdant maintenant, mais gagnant plus tard. Si les aspects fiscal et financier ont du sens, une décision encore plus pertinente émerge davantage qu’en n’examinant qu’un seul des deux facteurs.

En outre, si l’on souhaite recevoir des revenus réguliers provenant d’un fonds d’actions, le fait qu’il y ait une politique de distribution ou non n’a pas énormément d’importance. On peut toujours décider de vendre des unités afin de générer les liquidités nécessaires aux retraits.

Cette logique peut aussi s’appliquer aux fonds de revenu, par ailleurs. Évaluer le rendement à l’échéance net des frais du portefeuille sous-jacent donne une bonne idée du montant généré à l’interne, ce qui permet de déterminer ce que l’on doit vendre pour atteindre le niveau de distribution souhaité.

Quête d’optimisation fiscale

Si l’on recherche une solution fiscalement avantageuse, il peut être intéressant d’utiliser les fonds de série T. Pour ces fonds, les distributions seront, en tout ou en partie, sous forme de remboursement de capital plutôt qu’en intérêt, dividende, dividende étranger ou gain de capital, ce qui peut rehausser la distribution nette d’impôt d’un fonds. Mais attention :

Le mécanisme de remboursement de capital est un outil de report d’impôt. On doit par conséquent se méfier de la facture fiscale au moment de la disposition ;

Les fonds structurés en société sont généralement plus efficaces que les fonds en fiducie puisqu’ils éliminent entièrement la possibilité de recevoir de l’intérêt ou du dividende étranger.

Quant aux fonds de revenu, on pourrait théoriquement éviter les distributions en vendant et en rachetant un produit avant et après les dates de distributions trimestrielles, de la même manière que certains investisseurs voudront se procurer ou céder une action à dividende avant ou après la date ex-dividende. Le bénéfice réel d’une telle stratégie, qui tiendrait compte des coûts de transaction, pourrait être intéressant à valider.

Les flux nets sont importants

Intuitivement, on pourrait croire que la question des distributions a une influence sur la gestion quotidienne du fonds par les gestionnaires de portefeuille. Or, il n’en est rien.

Les gestionnaires de portefeuille sondés dans le cadre de cette analyse indiquent plutôt que ce sont les flux nets qui influencent le plus la gestion des fonds. Un fonds qui enregistre des entrées nettes (ventes nettes), même s’il effectue des versements de revenus, aura à gérer un déploiement de capital (accumulation d’idées actuelles ; génération de nouvelles idées ; augmentation du niveau de liquidités si le gestionnaire demeure prudent ; etc.). Inversement, un fonds en sorties nettes (rachats nets) aura à liquider des positions pour générer les liquidités nécessaires aux rachats et devra décider s’il vend des titres ayant mieux ou moins bien performé.

Le fait de devoir verser des revenus influence très peu la gestion – si une politique de distribution cible prévaut, le gestionnaire peut la planifier. Si la politique est de distribuer les revenus nets, le gestionnaire saura qu’il ne peut réinvestir systématiquement les revenus et gérera en excluant les distributions de son attribution de capital aux nouveaux achats de titres financiers.

Connaître les modalités des distributions de fonds communs devrait faire partie d’un exercice de diligence complet pour tout produit qu’un conseiller souhaiterait ajouter à son offre. Et aussi de toujours avoir à l’esprit de répondre aux besoins de son client.

*Conseiller en placement à la Financière Banque Nationale (FBN). Le présent article ne constitue pas des conseils juridiques, fiscaux ou comptables et les opinions exprimées peuvent ne pas refléter celles de la FBN.

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L’adoption des honoraires façonne l’industrie https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/ladoption-des-honoraires-faconne-lindustrie/ Sun, 01 Sep 2019 04:39:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=60465 L'offre de fonds en série F a quadruplé depuis 2014.

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La popularité grandissante des comptes à honoraires a eu un effet significatif sur l’industrie, particulièrement sur les manufacturiers de produits financiers. La récente étude de Strategic Insight, intitulée «Canadian Investment Funds Industry : Recent Developments and Outlook», chiffre notamment le résultat de cette tendance.

Entre autres, les changements réglementaires et le désir des courtiers d’avoir des revenus plus stables ont poussé les conseillers à offrir des comptes à honoraires (fee-based). Les comptes à honoraires représentaient environ 20 % des 4 500 G$ d’actifs financiers, excluant les actifs immobiliers, que détenaient les Canadiens à la fin de 2017.

Ces comptes constituent une part croissante de l’actif financier des clients, ce qui a eu une influence importante sur les émetteurs de fonds.

En 2012, les séries F ne constituaient que 4 % de l’actif total en fonds d’investissement. Cinq ans plus tard, en 2017, leur poids passait à 14,3 %. Cette progression fulgurante s’illustre également par le nombre de fonds communs de placement (FCP) qui en offrent la possibilité. En 2014, on trouvait 1 439 fonds de série F. En 2017, ce nombre quadruplait à 6 704.

D’après Strategic Insight, l’actif détenu dans des comptes à honoraires à gestion discrétionnaire et à gestion non discrétionnaire s’élèverait à 2 900 G$ d’ici la fin de 2026, ce qui équivaudrait à environ 42 % de l’ensemble de l’actif financier. Il s’agit d’une hausse de 2 000 G$ ou l’équivalent d’un taux de croissance annuel composé de 13 % durant la prochaine décennie.

Selon Strategic Insight, la rémunération par honoraires dépassera alors les autres formes de rémunération pour les comptes non discrétionnaires.

La nouvelle «normalité» de la rémunération par honoraires est frappante lorsqu’elle est illustrée par des chiffres bruts. Ainsi, les actifs détenus dans des comptes à honoraires non discrétionnaires atteignaient 73 G$ en 2007 et 323 G$ en 2017. Ils devraient représenter 1 200 G$ en 2026, projette Strategic Insight.

Produits à faible coût favorisés

L’adoption des honoraires ne semble toutefois pas neutre sur le plan du choix de produit par les conseillers. Chez les conseillers de plein exercice qui ont adopté précocement la tarification à honoraires non discrétionnaires, «la pondération relativement faible des fonds communs de placement a permis une réduction contrôlée des coûts» pour les clients lorsque ceux-ci négociaient leurs honoraires, apprend-on dans l’étude de Strategic Insight. Le passage aux honoraires semble ainsi favoriser l’adoption d’outils de placement à faible coût, comme les fonds négociés en Bourse (FNB).

Chez les firmes de courtage de plein exercice, qui ont été parmi les premières à adopter les honoraires, près de 65 % de l’actif en FNB se retrouve dans des comptes à honoraires. En revanche, seulement 38 % de l’actif en FCP se situe dans des comptes à honoraires pour ce type de firmes.

Comme le remarque Strategic Insight, le passage aux honoraires ne s’est pas fait au même rythme en FCP qu’en FNB. Une part plus importante de FCP devrait transiter vers des comptes à honoraires à l’avenir. Notons par ailleurs qu’une part plus importante de l’actif en FNB a toujours été détenue dans un compte à honoraires, par rapport aux FCP, étant donné les entrées nettes de FNB dans ces comptes.

Strategic Insight présente une autre statistique significative : la part des FCP et des FNB faisant partie des comptes non discrétionnaires à honoraires dans le secteur du courtage de plein exercice. À la fin de 2012, la proportion était de 27 % (22 % pour les FCP et 5 % pour les FNB). Cinq ans plus tard, à la fin de 2017, le pourcentage atteignait 38 % (31 % en FCP et 7 % en FNB). Pour l’ensemble des firmes de courtage de plein exercice, la part des fonds atteignait 32 % à la fin de 2017 (26 % en FCP et 6 % en FNB).

Ainsi, pour les conseillers, les honoraires semblent rimer avec davantage de gestion d’actif déléguée à des manufacturiers dans leur bloc d’affaires. Les représentants se concentreraient davantage sur la planification financière que sur la négociation de titres financiers.

«Le passage aux pratiques à honoraires a conduit les gestionnaires d’actifs à étendre leur gamme de fonds communs de série F et à incorporer des FNB. Les gestionnaires d’actifs ont également taillé leurs crayons pour s’assurer que les prix de leurs produits étaient attirants pour les modèles d’affaires de ces conseillers», écrit Strategic Insight.

Différent en épargne collective

L’adoption des honoraires ne semble toutefois pas se faire de la même manière chez les firmes de courtage en épargne collective. En effet, leur transition vers les honoraires se fait principalement sur le plan des FCP de série F, d’après Strategic Insight.

De plus, leur adoption est plus lente par rapport à leurs pairs en courtage de plein exercice. En effet, 90 % des conseillers en placement avaient au moins une portion de leur bloc d’affaires dans des comptes à honoraires non discrétionnaires à la fin de 2017, par rapport à 76 % à la fin de 2012, d’après Strategic Insight. Par comparaison, à la fin de 2017, seulement 17 % des conseillers en épargne collective, dont la firme permet les comptes à honoraires, administraient de tels comptes.

Parmi les facteurs qui stimulent l’adoption des honoraires chez les courtiers en épargne collective, Strategic Insight note leur désir d’être transparents face à leurs clients concernant les coûts de distribution et de gestion, et la possibilité pour un client de négocier sa rémunération.

«Cela ne s’est pas encore traduit par une réduction des coûts pour la majorité des investisseurs en fonds communs de placement utilisant ce canal de distribution, en grande partie à cause de l’adoption limitée du modèle basé sur les honoraires et de la similitude avec le modèle existant à commissions intégrées – à l’exception des clients fortunés qui bénéficient de frais inférieurs à la commission de suivi standard lorsque les soldes de leur compte sont très élevés», écrit Strategic Insight.

La proportion de l’actif en fonds d’investissement dans des séries pour clients fortunés est passée de 14 % en 2012 à 24 % en 2017, selon cette firme de recherche.

Les courtiers en épargne collective peuvent avoir de la difficulté à montrer au client l’avantage des honoraires, surtout si ceux-ci ressemblent à une commission de suivi et qu’ils peuvent potentiellement être plus élevés que les commissions de suivi, particulièrement pour les petits comptes. Il sera essentiel de démontrer au client la valeur ajoutée de l’adoption d’une tarification à honoraires, sinon celui-ci risque de la rejeter, souligne Strategic Insight.

Avec Jean-François Barbe

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Fonds alternatifs liquides : bilan d’un secteur émergent https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/fonds-alternatifs-liquides-bilan-dun-secteur-emergent-2/ Sun, 01 Sep 2019 04:38:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=60450 En juillet, l'actif sous gestion du secteur s'élevait à 3,4 G$.

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Le secteur des fonds d’investissement alternatifs est encore jeune. La plupart des 37 produits qui composaient l’offre de tels fonds en juillet sont sur le marché depuis moins d’un an. Dans une note envoyée à des clients en juillet, une équipe d’analystes financiers de Marchés mondiaux CIBC, qui comprend Paul Holden, dresse un bilan de ce secteur.

L’actif sous gestion du secteur équivalait à 3,4 G$ lors de la parution de la note, par rapport aux quelque 1 500 G$ investis en fonds d’investissement. Le manufacturier 1832 Asset Management mène la parade sur le plan de l’actif, avec plus de 800 M$ d’actif, suivi par la Financière CI et Placements Mackenzie. Ces trois sociétés cumulaient 60 % de l’actif de ce secteur.

Les fonds alternatifs axés sur les actions représentent environ la moitié du total des actifs sous gestion avec 1,76 G$. Les fonds multistratégies sont l’autre grande catégorie de produits en importance avec 33 % des actifs sous gestion (1,14 G$).

Environ la moitié des fonds avaient un seuil d’investissement minimum de 500 $, ce qui favorise la croissance de ce secteur. L’autre moitié a un seuil d’investissement supérieur à ce montant.

Les frais de gestion de base moyens sur un fonds de série F sont de 0,91 %, d’après les analystes de Marchés mondiaux CIBC. La majorité des produits ont des frais qui varient de 0,9 % à 1,0 %. «C’est à peu près là où nous verrions la plupart des nouveaux produits de fonds d’actions. Le produit le moins coûteux a des frais de gestion de 0,45 % (CC&L Alternative Income Fund), et le produit le plus cher, de 1,25 % (Dynamic Alpha Performance II Fund)», lit-on dans la note.

La majorité des fonds vont facturer des frais de performance. Les frais de performance typiques varient de 15 à 20 %, même si quelques frais de performance de mandats de gestion de titres à revenu fixe s’établissent à 10 %.

Performance

Bien que leur feuille de route soit de très courte durée, les analystes de fonds ont tout de même analysé la performance des fonds à rendement absolu, des fonds d’actions visant à générer de l’alpha, et des fonds d’obligations qui visent à générer de l’alpha.

«Les fonds à rendement absolu génèrent des types de rendements que nous considérons comme intéressants. Le rendement moyen est sur le point d’atteindre un taux annualisé de l’ordre de 6 % à 8 %, un résultat normal ressemblant à un rendement des actions, et ces fonds réalisent ce rendement avec une volatilité qui ressemble davantage à celle d’un indice obligataire qu’à celle d’un indice boursier. La fourchette des rendements et de la volatilité des fonds suggère qu’il n’y a pas de prise de risque excessive», précise-t-on dans la note. Les rendements par les fonds de cette catégorie en 2019 variaient de 1,8 % à 6,9 %, avec une moyenne de 3,3 %.

«La performance des fonds de la catégorie des fonds d’actions visant à générer de l’alpha est également encourageante. Les fonds sont généralement conçus pour avoir un biais acheteur (bêta positif), mais avec une volatilité inférieure à celle du marché. Ils répondent à cet objectif», écrivent les auteurs de la note. Les rendements des fonds de cette catégorie en 2019 variaient de – 1,3 % à 17,8 %, avec une moyenne de 5,7 %.

Les conclusions pour les fonds de titres à revenu fixe visant à générer de l’alpha sont similaires à celles des fonds d’actions visant à générer de l’alpha. Les rendements par les fonds de cette catégorie en 2019 variaient de 3,3 % à 5,8 %, avec une moyenne de 4,3 %.

Vents favorables

Plusieurs facteurs favorisent une croissance de ce secteur, qui pourrait atteindre de 50 à 100 G$ en actif d’ici cinq ans, estiment les analystes financiers.

D’abord, un large éventail de sociétés de fonds ont attaqué le marché des fonds d’investissement alternatifs. Puis, certains fonds alternatifs sont déjà inclus dans des produits gérés, comme des fonds de fonds, observent les analystes de Marchés mondiaux CIBC : «Nos travaux suggèrent que les stratégies de placement alternatives avec une corrélation faible, voire nulle, avec les stratégies traditionnelles repoussent la limite d’efficacité pour les portefeuilles diversifiés. Nous pensons que cela devrait être très attrayant pour les produits gérés. Une allocation de 5 % en fonds communs alternatifs dans des solutions gérées représenterait 28 G$ d’actifs.»

En outre, l’expérience américaine avec les fonds alternatifs liquides a montré que la demande était la plus forte après une correction significative des marchés, et les auteurs de l’étude s’attendent à ce que ce scénario se produise aussi au Canada.

Vents contraires

Cependant, des vents de face pourraient ralentir la croissance de ce secteur. D’abord, les conseillers en épargne collective qui souhaitent offrir des fonds alternatifs devront suivre une formation supplémentaire, par exemple obtenir la note de passage pour le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada. «Il est possible que les exigences de compétence soient assouplies», d’après les analystes.

Puis, les courtiers sont réticents à ajouter les fonds alternatifs à leur liste de produits autorisés, leur attribuant une cote de risque plus élevée que ne le font les manufacturiers. «Il existe un décalage entre une cote de risque élevée et le mandat de placement de nombreux fonds communs alternatifs. Ce problème pourrait être résolu avec le temps, à mesure que les fonds alternatifs constitueront un historique de performance de trois ans. Peut-être qu’une solution à court terme peut être trouvée», écrivent les auteurs.

Par ailleurs, le processus sera graduel et lent, mais les émetteurs de fonds devront prendre le temps d’expliquer aux conseillers les avantages de l’ajout de fonds alternatifs dans leur offre de produits. Les conseillers devront à leur tour vulgariser auprès des clients les nouveaux concepts découlant des fonds alternatifs.

En outre, déjà des conseillers en placement offraient des fonds alternatifs du marché dispensé à des investisseurs accrédités. La venue des fonds alternatifs n’est donc pas une percée majeure.

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Le casse-tête du réinvestissement des distributions https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/le-casse-tete-du-reinvestissement-des-distributions/ Sun, 01 Sep 2019 04:16:20 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=60582 Plusieurs sociétés de fonds versant des revenus sur une base mensuelle, et dont la majorité des investisseurs choisissent de réinvestir ces distributions, songent à se repositionner à cet égard.

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Il peut être très fâcheux pour les investisseurs (et leurs comptables !) de devoir suivre le prix de base rajusté (PBR) d’un fonds commun alors que des distributions mensuelles sont réinvesties en totalité.

Il devient très ardu de bien retracer le capital initialement investi dans un fonds par rapport à sa juste valeur marchande (JVM) actuelle si des distributions ont lieu tous les mois. Les clients comprennent ainsi difficilement leurs rendements. En effet, le prix de base rajusté – qui sert à déterminer la facture fiscale d’un fonds – n’équivaut pas au capital investi. Le PBR est artificiellement gonflé par des distributions parfois plus élevées que le rendement réel du fonds. Cela peut induire de mauvais comportements de la part du client. Par exemple, celui-ci jugeant à tort le rendement de son portefeuille par la différence entre le PBR et la JVM, il pourrait devenir moins à l’aise avec un produit qui, pourtant, correspond à ses objectifs de placement et sa tolérance au risque. Cet inconfort pourrait se traduire par une remise en question de la pertinence et de la qualité du produit, voire par une exigence de vente, même si la convenance est appropriée.

Théoriquement, un investisseur souhaiterait ne pas recevoir de distributions régulières qu’il est contraint de réinvestir s’il n’en a pas besoin. Il arrive dans de nombreux cas qu’on choisisse une stratégie pour ses mérites et que l’on doive vivre avec sa politique de distribution, même si cela nuit à la comptabilité et à l’expérience client.

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L’industrie des FCP en mutation https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/lindustrie-des-fcp-en-mutation/ Sat, 01 Jun 2019 04:43:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=58820 GUIDE FCP 2019 - Elle s'adapte à la baisse des frais des fonds, à la concurrence accrue et aux coûts élevés de conformité.

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Quand les marchés boursiers connaissent une année de baisse, les ventes de produits de placement suivent habituellement la même direction. Ceci fait partie des tendances naturelles touchant les ventes et des rachats de l’industrie canadienne des fonds communs de placement (FCP), qui a 86 ans et a subi de multiples récessions et marchés baissiers.

Pourtant, en 2018, la tendance à la baisse des marchés entraînant une chute des ventes n’était vraie qu’en partie. Un virage prononcé s’observait dans la direction des ventes : les ventes de fonds négociés en Bourse (FNB) ont dépassé les ventes de FCP pour la première fois en une décennie. Ce virage survient alors que l’actif sous gestion de FNB canadiens (172,3 G$ à la fin de mars) ne représente qu’un dixième de celui de l’actif géré en FCP canadiens (1 533,5 G$ à la fin de mars).

Au quatrième trimestre de 2018, le plongeon des actions a effrayé les investisseurs en FCP, ce qui a causé une vague de rachats nets alors que l’industrie avait pourtant enregistré des ventes nettes durant la première moitié de 2018. Sur toute l’année, les FCP à long terme ont enregistré des rachats nets de 2,5 G$, selon l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC). En même temps, l’Association canadienne des fonds négociés en Bourse (ACFNB) a rapporté des ventes nettes de 20,9 G$ l’an dernier, juste derrière le record de 25,8 G$ enregistré en 2017, les FNB d’actions venant en tête des ventes.

Cependant, il serait faux de décrire les tendances récentes des ventes en termes de gagnants et de perdants parmi les fournisseurs de fonds d’investissement. De plus en plus, les sociétés de fonds communs, sous une forme ou une autre, sont également impliquées dans le secteur des FNB. Il existe une attitude confiante selon laquelle toute structure de fonds voulue par les investisseurs et les conseillers est bonne. Signe de la convergence de l’industrie, l’IFIC a commencé, cette année, à couvrir également les FNB dans ses rapports mensuels sur les actifs et les ventes de l’industrie des fonds.

De leur côté, les sociétés de fonds qui ont décidé de ne pas créer de FNB ont encore d’énormes réseaux de distribution à qui faire appel, tels que les réseaux de succursales d’institutions bancaires, d’autres forces de ventes exclusives et des courtiers indépendants qui ne détiennent pas le permis nécessaire pour négocier directement sur les Bourses. Or, ces manufacturiers de fonds reconnaissent l’existence d’une concurrence intensifiée, d’une pression à la baisse sur les frais de gestion et de coûts élevés en conformité. Ceci a créé un sentiment d’urgence d’agir avec efficacité, d’offrir des rendements concurrentiels et de fournir un excellent service.

Expliquant pourquoi les ventes de FNB ont été plus résilientes, Carlos Cardone, directeur général sénior du bureau de Toronto de Strategic Insight établie à New York, dit que les FNB bénéficient d’un effet de substitution. Dans une grande mesure, les détentions directes de titres dans le réseau du courtage sont remplacées par les FNB. C’est particulièrement vrai pour les obligations. «De nos jours, on trouve des FNB dans le marché des produits à revenu fixe avec des caractéristiques, qui sont très difficiles d’accès pour les courtiers et pour quasiment n’importe qui», dit Carlos Cardone.

Dans de nombreux cas, les FNB remplacent également les FCP dans les réseaux de courtage de plein exercice et de courtage à escompte. Selon Carlos Cardone, parmi les fonds les plus vulnérables aux rachats se trouvent les fonds d’actions diversifiés avec des participations identiques à leur indice de référence qui ont des frais plus élevés que leurs FNB concurrents. «Ces fonds ne trouvent pas que la poursuite de la croissance soit très facile.»

Par ailleurs, le paiement accéléré de la dette des ménages diminue les ventes de tous les types de placement. Strategic Insight calcule qu’en 2018, les Canadiens ont consacré un montant additionnel de 45 G$ aux remboursements de dettes en plus de leurs autres paiements. «Les taux d’intérêt plus élevés constituent un incitatif très important pour que les gens fassent davantage de remboursements», dit Carlos Cardone.

Dans le marché des fonds communs actuel, particulièrement dans les réseaux de conseillers, dit Carlos Cardone, on met davantage l’accent sur le rapport qualité-prix. Ce qui ne signifie pas nécessairement des stratégies passives à faibles frais. «Nous continuons à entendre que certaines sociétés ont des produits qui se vendent très bien et sont gérées de façon active.»

Carol Lynde, présidente et chef de la direction de Bridgehouse Asset Managers, de Toronto, met en garde contre le fait d’accorder trop d’importance aux récentes préférences de produits. Les tendances des ventes suivent des cycles et peuvent changer rapidement, dit-elle. Par exemple, les ventes de FCP ont encore dépassé celles des FNB au premier trimestre de 2019.

«Quand nous examinons ce que nous avons à offrir aux investisseurs canadiens et aux conseillers, il est important que nous nous concentrions sur les aspects fondamentaux de ce que nous faisons, que nous soyons cohérents avec notre style, [et] que nous soyons cohérents avec la façon dont nous servons nos clients, nos conseillers et nos courtiers», dit Carol Lynde, qui est vice-présidente du conseil de l’IFIC et assumera la présidence du conseil du groupe vers la fin de l’année.

Carol Lynde compte collaborer avec les organismes de réglementation des valeurs mobilières pour créer des «règles du jeu équitables» pour les FCP. «Dans certains cas, il y a peut-être un plus grand degré de surveillance et plus de coûts reliés aux fonds communs qu’il n’y en a dans les autres outils de placement, dit-elle. Nous devons [nous demander] : « Sommes-nous allés trop loin sur le plan des détails de la réglementation concernant la détention d’un fonds commun ? » Parce que les Canadiens s’interrogent sur son coût par rapport à son bénéfice, et peuvent se tourner vers des produits moins réglementés qu’un fonds commun.»

Bridgehouse Asset Managers offre plusieurs gammes de fonds communs à gestion active, mais ne saute pas dans le train en marche des FNB. «Ce qui est vraiment important, c’est la valeur qu’on reçoit du gestionnaire, le style, la philosophie de placement de ce gestionnaire particulier, dit Carol Lynde. C’est ce qui est important. Pas tant la structure même du produit.»

Jordy Chilcott, directeur, distribution des placements, chez Placements mondiaux Sun Life, de Toronto, affirme que la plupart des conseillers ne cherchent pas à pouvoir négocier pendant les «23 400 secondes d’une journée» d’ouverture des marchés. Il ajoute que pour les stratégies d’investissement dans des marchés moins liquides, les écarts cours acheteurs-cours vendeurs peuvent faire des FNB un outil d’un prix moins efficient que les fonds communs, qui se négocient toujours à la valeur de l’actif net (VAN) à la fermeture des marchés.

Toutefois, la plupart des plus grands noms de l’industrie des FCP offrent maintenant des FNB. BMO Gestion mondiale d’actifs, établie à Toronto, occupe une solide deuxième place sur le plan des actifs en FNB, et a été en 2018, pour la septième année consécutive, le manufacturier dont les FNB ont enregistré les meilleures ventes. Manufacturier de FCP depuis longtemps, Placements Mackenzie, également de Toronto, s’est classée troisième pour l’année 2018 sur le plan des ventes nettes de FNB, moins de trois ans après le lancement de ses premiers fonds.

Pendant ce temps, le géant des fonds communs, RBC Gestion mondiale d’actifs (RBC GMA), a fait équipe avec le plus important fournisseur de FNB, BlackRock Asset Management Canada, de Toronto. Comprenant principalement des FNB iShares de BlackRock, l’alliance stratégique annoncée en janvier dernier est mise en marché sous le nom d’iShares RBC. À la fin du premier trimestre de 2019, elle détenait un actif de 61,7 G$ et une part de marché de 39,3 %, selon l’ACFNB.

«Nous traitons aussi beaucoup de FNB», affirme Doug Coulter, président de RBC GMA, établie à Toronto, qui affiche plus de 225 G$ en fonds communs sous gestion et une part de marché de ce segment de produit de 15 %. «Ça devient un choix en fonction de la perspective du client.»

Selon les canaux de distribution visés par RBC GMA, des stratégies de placement peuvent être offertes, comme les fonds communs, les FNB ou les deux, dit Doug Coulter. L’entreprise peut lancer de nouvelles offres qui ont des participations identiques, «exactement au même prix, et l’une aura la dénomination de FNB, et l’autre, celle de fonds commun».

Un autre participant dans le monde des FNB est Placements Franklin Templeton, firme de fonds communs de longue date, qui a commencé à offrir des FNB en mai 2017. En février 2019, l’offre inclut maintenant les premiers FNB à gestion passive du Canada qui investissent au Japon et en Europe, sauf au Royaume-Uni.

«En fin de compte, ce n’est pas tant que nous commercialisons un produit, mais nous commercialisons nos compétences en placement, dit Duane Green, président et chef de la direction de Franklin Templeton, à Toronto. Notre objectif est de mettre tout emballage voulu par un client, créant cet emballage d’outil de placement qui répond à ses buts quand il bâtit son portefeuille, et de lui donner les bonnes pièces maîtresses.»

Reconnaissant que ce ne sont pas tous les conseillers qui peuvent accéder à ses FNB, l’entreprise a lancé en février trois Portefeuilles FNB multiactifs Franklin, avec des frais de gestion de 0,40 % pour les parts de Série F destinées aux conseillers à honoraires. Selon Duane Green, les stratégies clés de la firme pour réussir sont, entre autres, d’offrir des placements de qualité institutionnelle à tous les segments de marché ainsi que des prix compétitifs, «et de nous assurer que nous avons des relations fortes avec nos principaux intermédiaires, distributeurs et partenaires».

Pour les entreprises qui vendent par l’intermédiaire de réseaux de conseillers, ces relations évoluent. À la fin de 2018, pour la première fois dans l’histoire du réseau de courtage de plein exercice, plus de 50 % des quelque 1 200 G$ d’actifs étaient à honoraires, selon Strategic Insight. Ceci a eu un impact sur les choix de produit.

«Quand les conseillers passent à une rémunération à honoraires, ce changement n’est pas nécessairement neutre pour le produit, remarque Carlos Cardone. Ce qui arrive dans de nombreux cas, c’est que les conseillers tentent de protéger leur propre rémunération à l’intérieur de comptes à honoraires, et peut-être même, dans certains cas, de l’augmenter.» Par conséquent, ajoute-t-il, ces conseillers peuvent être plus enclins à recommander des types de produits indiciels, ou des produits à prix plus bas en général, mais pas nécessairement exclusivement.

Steve Hawkins, président de Horizons ETFs Management (Canada), s’attend à ce que la part des FNB dans le marché des fonds d’investissement continue d’augmenter, comme elle l’a fait aux États-Unis pendant les cinq dernières années. «Les FNB représentent 35 % du marché aux États-Unis, par rapport à seulement 11 % au Canada, dit-il. Le Canada est toujours en retard par rapport aux États-Unis quand il s’agit de produits de placement.» Même si Steve Hawkins reconnaît qu’il y a eu une tendance à la baisse significative dans les frais des fonds communs, «les FNB sont encore fortement ancrés comme étant un produit à bas coût que les conseillers en placement utilisent pour leurs clients. Et nous constatons une augmentation importante chez les investisseurs autonomes.»

Alors que le nombre de fournisseurs de FNB a augmenté rapidement, il y a eu une tendance à la consolidation parmi les firmes de fonds, les plus petites étant absorbées. «Ce n’est pas tout le monde dans les fonds communs ou dans la gestion d’actif qui est capable de survivre à cette compression des marges que nous connaissons tous, dit Jordy Chilcott, de Sun Life. C’est extrêmement difficile pour les gestionnaires de plus petits actifs qui n’ont pas pris de l’envergure.» Ainsi, Excel Funds Management, de Mississauga, en Ontario, a été acquise par Placements mondiaux Sun Life en janvier 2018.

Les gestionnaires de fonds doivent être flexibles dans leur développement de produits, selon Jordy Chilcott. Comme exemple récent, il cite le lancement en octobre de cinq Portefeuilles FNB tactiques Sun Life, qui détiennent des FNB à faibles frais dans un fonds commun à gestion active.

Pourquoi pas une structure de FNB pour les portefeuilles eux-mêmes ? «Je ne pense pas que les FNB dans toutes les situations soient aussi rentables qu’on les décrit quand il s’agit de certaines catégories d’actifs, dit Jordy Chilcott. Les fonds communs, particulièrement dans la série F sans la rémunération du conseiller, continuent à baisser et deviennent très agressifs en matière de réductions des frais de gestion.» Pour les parts de série F, les frais de gestion des fonds de portefeuilles FNB de Sun Life varient entre 0,45 % et 0,5 %, ce qui est concurrentiel par rapport aux FNB non passifs qui sont encadrés par des règles ou gérés activement.

Chez les firmes de gestion détenues par une banque, qui contrôlent environ la moitié de l’industrie des FCP et qui augmentent leur présence dans les FNB, les fonds communs sont solidement ancrés comme le produit de placement de choix dans leurs immenses réseaux de succursales de détail. Doug Coulter, de RBC GMA, note que les succursales bancaires, par l’intermédiaire desquelles 60 % des actifs en fonds communs de RBC sont détenus, ne sont pas outillées pour traiter les transactions de FNB.

La plupart des acheteurs de fonds qui cherchent à faire des échanges intrajournaliers à leurs succursales bancaires ne sont pas outillés non plus. «S’ils veulent ça, alors nous avons un réseau à escompte et nous avons un réseau de courtage, dit Doug Coulter. Ce qu’il y a sous le capot en matière de placements et comment nous gérons l’argent ne changera pas d’une structure de fonds communs à une structure de FNB.»

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