Jeu d'échec où une personne renverse le roi blanc avec sa dame beige.
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Les banques centrales n’auront guère le choix en 2023 : pour tenter de stabiliser les prix, elles devront resserrer les conditions financières, ce qui pourrait mener à une récession mondiale, estime Josh Hirt, économiste principal de Vanguard aux États-Unis.

Selon la firme, la moitié des pressions à la hausse sur l’inflation à l’échelle de la planète sont attribuables à l’offre, en raison des effets persistants des répercussions de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement et de la guerre en Ukraine. L’autre moitié est causée par la demande des consommateurs.

« Pour résoudre le problème de l’inflation, la Réserve fédérale américaine (Fed) doit vraiment ralentir l’activité économique, affirme Josh Hirt. Nous croyons que la marge de manœuvre dont dispose la Fed pour relever les taux au point de ralentir l’inflation, mais pas au point de provoquer une récession est très étroite. »

Toutes les conditions qui ont mené à une récession par le passé sont présentes actuellement, selon Vanguard, soit :

  • les préoccupations face à l’offre et la demande d’énergie,
  • la diminution des flux de capitaux,
  • la baisse des volumes des échanges commerciaux
  • et la baisse de la production par personne.

Cela dit, les ménages, les entreprises et les institutions financières sont en bien meilleure posture pour faire face à cet éventuel repli que lors des récessions précédentes. Les experts ne s’attendent donc pas à une récession historique, même si elle risque de nuire à plusieurs.

La croissance du PIB devrait rester inchangée ou être légèrement négative à la fin de 2023 dans la plupart des grandes économies, à l’exception de la Chine (4,5 %).

Économie canadienne

Au Canada, Vanguard anticipe une faible croissance de 0,7 % l’an prochain. Les risques de faibles exportations canadiennes, la volatilité des prix de l’énergie ou les problèmes de chaîne d’approvisionnement pourraient retarder la normalisation de l’inflation.

La récession pourrait donc être plus sévère que prévu en raison des conditions financières qui resteront serrées et de la politique monétaire. Ajouter à cela, il y a l’endettement record des ménages canadiens et la baisse des prix des logements et du patrimoine des ménages qui font croire aux experts qu’un atterrissage en douceur est peu probable.

Perspectives plus optimistes pour les investisseurs

Si les titres à revenu fixe ont été malmenés ces derniers mois face à la hausse des taux d’intérêt, des jours meilleurs sont à venir. Selon Vanguard, les perspectives à long terme pour les marchés développés sont nettement meilleures comparativement à l’an dernier en raison de la hausse des taux d’intérêt initiaux.

Parce que leurs évaluations sont actuellement plus faibles, les actions mondiales devraient procurer des rendements supérieurs aux investisseurs.

« Au cours des dix prochaines années, nous prévoyons un rendement annualisé de 4 % à 5 % pour les obligations mondiales hors États-Unis et de 4,1 % à 5,1 % pour les obligations américaines, affirme Kevin DiCiurcio, chef de l’équipe de recherche pour le Vanguard Capital Markets Model. Il s’agit d’une augmentation de 2,7 points de pourcentage par rapport aux prévisions de l’an dernier pour chaque catégorie d’obligations. Cela signifie que pour les investisseurs ayant un horizon de placement suffisamment long, nous nous attendons à ce que leur patrimoine soit plus élevé d’ici la fin de la décennie que ce que nous prévoyions il y a un an. »

Pour ce qui est des obligations canadiennes, elles devraient enregistrer un rendement de 3,3 % à 4,3 % par année sur un horizon de dix ans, supérieur aux rendements annuels de 1,4 % à 2,4 % que prévoyait les experts il y un an.

Du côté des obligations internationales hors Canada (couvertes), les rendements annuels devraient s’établir entre 3,1 % et 4,1 % (plutôt que de 1,2 % à 2,2 %).

Vanguard est aussi plus optimiste face aux actions mondiales en raison du marché baissier qui laisse entrevoir de meilleures occasions à l’extérieur des États-Unis.

Du côté des actions américaines, une certaine prudence à court terme pourrait encore être justifiée en raison des valorisations excessives observées ces dernières années qui n’étaient pas viables dans le contexte de l’inflation intérieure et de hausse des taux d’intérêt.

« Les évaluations des actions américaines demeurent supérieures à nos estimations de la juste valeur, et les prévisions de rendement à long terme sont légèrement inférieures aux moyennes historiques aux États-Unis », indique Kevin  DiCiurcio.

Vanguard s’attend à ce que les actions américaines enregistrent un rendement de 4,7 % à 6,7 % au cours des dix prochaines années, soit une hausse de 2,4 points par rapport aux prévisions de l’an dernier.

Les actions canadiennes quant à elles devraient afficher un rendement annuel de 4,7 % à 6,7 % au cours des dix prochaines années, mieux que ce qui était prévu il y a un an (3,1 % à 5,1 %). Pour les actions internationales, les prévisions de rendement annuel s’établissent entre 4,9 % à 6,9 %.