Bombardier: ou comment parler de biais domestique à vos clients
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Rappelons que Bombardier a vu son titre perdre près de 11 % de sa valeur depuis le 29 octobre dernier après avoir annoncé une perte de près de 5 G$. Ce titre est un bon exemple de biais domestique puisque les investisseurs canadiens, et plus particulièrement leurs homologues québécois, ont l’impression de bien connaître Bombardier et y investissent avec moins d’hésitations.

« Le biais domestique des Canadiens est bien réel, ils devraient être plus diversifiés », note Jacques Maurice, administrateur et conseiller principal en gestion de patrimoine au Groupe Jacques Maurice.

En effet, une étude récente de Vanguard démontrait que 60 % des portefeuilles d’actions canadiennes étaient composés d’actions d’entreprises basées au pays, ce qui limitait largement la diversification possible. La maison de fonds négociés en Bourse calculait que les Canadiens avaient un billet favorable à 56 % envers le marché canadien.

Jacques Maurice privilégie plutôt de choisir des titres de sociétés à grande capitalisation sur les marchés européens et américains. Il privilégie une répartition d’actifs de 10 % en dollars américains, 30 % en dollars canadiens et 70 % sur les marchés européens et américains.

« Ma politique a toujours été de choisir de grosses entreprises multinationales américaines ou européennes, comme Nestlé par exemple. Elles sont toutes auditées par des grosses firmes comptables et toutes mesurables entre elles. Un investisseur devrait laisser à ces entreprises le choix de décider combien d’argent elles investiront en Inde ou en Afrique plutôt que de tenter de choisir lui-même des entreprises investies dans ces régions.»

Il rappelle d’ailleurs que 40 à 45 % des entreprises canadiennes sont directement liées aux titres de nature cyclique comme l’énergie, le gaz naturel, les pâtes et papiers ou l’acier. Selon lui, on retrouve de 20 à 25 entreprises au Canada qui sont intéressantes, c’est-à-dire qui sont de grandes capitalisations et qui ont des cotes de crédit intéressantes.

« De plus, présentement, les gens qui ont des fortunes importantes veulent être investis en dollars américains, ajoute-t-il. Il est important de suivre ce mouvement, d’autant plus que l’économie américaine va bien en ce moment et c’est là que tu veux avoir tes sous. »

Il rappelle toutefois que la décision du gouvernement de venir en aide à Bombardier est très importante puisque « le Québec ne peut pas se passer de ces emplois, pas plus que l’Alberta peut se passer de ceux liés à l’industrie du pétrole ou l’Ontario de ceux de l’industrie automobile ».

Richard Guay, professeur à l’ESG UQAM parle de biais domestique