« Aujourd’hui, les conditions sont différentes : il n’y a pas d’éclatement d’une bulle de l’immobilier et de crise de prêts adossés à des hypothèques, ni de risque de leur propagation au secteur bancaire. Les consommateurs sont aussi beaucoup moins endettés, les entreprises sont en assez bonne santé et le système bancaire est en meilleure posture pour résister aux pressions, en grande partie grâce aux réformes de la réglementation », analyse-t-il dans sa communication Prévisions pour les marchés financiers – Hiver 2016.
Concernant la forte diminution des valorisations boursières, elles se situent à plus de 20 % sous l’estimation effectuée par RBC GMA de la juste valeur au marché, selon leurs modèles.
« Elles ne sont pas aussi basses qu’en 2008-2009, période durant laquelle leur niveau était de 40 % sous leur juste valeur, mais elles sont aussi abordables qu’au lendemain de l’éclatement de la bulle technologique de 2000-2002 », constate Dan Chornous.
D’après RBC GMA, le marché a raisonnablement estimé les difficultés auxquelles l’économie sera confrontée, peut-être plus qu’il n’aurait dû, mais les périodes de baisses des valorisations produisent souvent de nouvelles occasions de placement.
« À long terme, les investisseurs peuvent gérer les risques en diversifiant leurs placements à l’échelle mondiale et en les répartissant dans plusieurs catégories d’actif, par exemple les quasi-espèces, les obligations et les actions », estime Dan Chornous.
Quatre sujets d’inquiétudes
Malgré le récent repli des marchés, RBC GMA maintient ses prévisions de croissance de 2 à 2,5 % aux États-Unis, d’accélération de la croissance en Europe et de l’expansion persistante de l’économie mondiale en 2016.
Dan Chornous rappelle que la plupart des marchés boursiers ont été frappés par des chutes supérieures à 20 % au début de l’année 2016, en raison notamment d’un contexte ayant nourri les craintes vives des investisseurs.
Il cite quatre principaux problèmes inquiétant les investisseurs : la situation de la Chine, l’effondrement des cours de l’énergie, l’envolée du dollar américain et la hausse des taux de la Fed.
« La croissance économique en Chine décélère et devrait s’établir près de 6,5 % en 2016, alors que l’on s’était habitué à la voir tourner autour de 7 % à 8 % », mentionne Dan Chornous. Il explique ce ralentissement par la transition de la Chine d’une économie fondée sur les échanges commerciaux à une économie basée sur les dépenses à la consommation et les problèmes inhérents à ce type de transition. RBC GMA, conforté par les récentes données économiques publiées, estime néanmoins que la Chine opérera un atterrissage en douceur de son économie.
L’effondrement des cours de l’énergie est préoccupant pour les Canadiens et se reflète d’ailleurs dans le PIB, analyse Dan Chornous. Selon lui, le plongeon des cours du pétrole, de 100 $ à moins de 30 $ le baril en un laps de temps très court, n’est pas attribuable à une baisse des achats de la Chine et ne signale pas non plus un atterrissage brutal de l’économie de ce pays.
« Le secteur pétrolier a manqué de rigueur dans sa gestion de l’offre qui est à présent surabondante. Le recul rapide et durable des cours de l’énergie est la meilleure chose qui puisse arriver pour que ce secteur reprenne les choses en main », avance-t-il plutôt.
Dan Chornous évalue à 400 milliards de dollars (G$) les investissements futurs éliminés du marché par ce déclin. « La réduction des investissements signifie que la croissance de l’offre est moins rapide. Autrement dit, les éléments qui assureront la stabilité du secteur énergétique sont déjà en place », dit-il.
En ce qui a trait au dollar américain, Dan Chornous estime que son envolée a entraîné une stagnation des bénéfices des sociétés qui s’est répercutée sur le marché haussier des actions. « La vigueur du billet vert explique également la majeure partie du ralentissement de l’économie américaine, puisque ses exportations sont moins concurrentielles. »
Il juge malgré tout satisfaisante la croissance de l’économie intérieure. « L’indice ISM du secteur des services est à 55, un niveau synonyme de croissance normale de l’économie des États-Unis », dit-il.
Dan Chornous identifie le changement d’orientation de la politique monétaire américaine comme étant le quatrième sujet d’inquiétude des investisseurs, alors que la Fed a relevé en décembre 2015 les taux d’intérêt pour la première fois en plus de dix ans.
« Après la Deuxième Guerre mondiale, les resserrements ont engendré des problèmes dans la moitié des cas environ. Ils ont provoqué une récession lorsque la Fed a été obligée d’augmenter les taux régulièrement et qu’elle a surpris le marché pour réduire à néant les pressions inflationnistes », mentionne Dan Chornous.
Il souligne toutefois que les circonstances actuelles sont différentes. « La Fed hausse les taux afin qu’elle puisse de nouveau utiliser ce levier pour lutter contre la prochaine récession lorsqu’elle se produira. La Fed peut donc faire preuve de transparence et de patience », commente-t-il.